Les résultats analysés par grandes villes et comparés avec les scrutins précédents
L'essor de l'extrême-droite apparaît clairement ; des données incomplètes montrent qu'à Tel Aviv et ailleurs, le parti de Lapid s'est renforcé au détriment d'Avoda et du Meretz
Alors que la plus grande partie du dépouillement des bulletins qui détermineront la composition de la 25e Knesset a été effectuée, une analyse du vote par localités montre qu’il y a eu certain changements par rapport au vote de l’année dernière – avec notamment un phénomène de grignotage par Yesh Atid des suffrages de ses alliés de gauche à Tel Aviv et avec aussi une percée nette de l’alliance HaTzionout HaDatit dans des dizaines de villes.
Si 86 % seulement des votes ont été dépouillés – le travail devrait se terminer jeudi – les résultats initiaux indiquent d’ores et déjà certaines tendances.
Par exemple, dans le pôle libéral de Tel Aviv, le parti centriste Yesh Atid de Yair Lapid est, encore une fois, celui qui a le plus séduit les électeurs. Néanmoins, cette fois-ci, il a encore plus séduit la ville blanche, raflant 33 % des suffrages contre 22,1 % en mars 2021.
Et cette progression s’est faite au détriment d’Avoda (14,8 % en 2021 contre 9,3 % en 2022) et du Meretz (14 % en 2021 contre 11 % en 2022) – le Meretz se trouve actuellement sous le seuil électoral.
Alors que le Likud de Benjamin Netanyahu, très probable vainqueur de ce scrutin, se maintient à Tel Aviv et glane 16,9 % des voix, le parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit passe, de son côté, de 1,7 % à 4,5 %.
Le même phénomène de grignotage de Yesh Atid apparaît dans d’autres localités – toujours au détriment de ses alliés de gauche.
Il n’y a pas de changement significatif à Jérusalem, avec la formation haredi Yahadout HaTorah qui se renforce légèrement en passant de 23,5 % des suffrages lors des dernières élections à 23,7 %, et avec un Likud dont la performance baisse un peu, de 20,6 % à 19,1%. Les autres partis dont les scores s’améliorent modestement dans la capitale sont le Shas, HaTzionout HaDatit et Yesh Atid, tandis que Meretz et HaMahane HaMamlahti, l’alliance de Benny Gantz, montrent un affaiblissement.
Dans de nombreuses localités où la population ultra-orthodoxe est forte – par exemple à Arad, à Netivot ou à Bnei Brak — les factions haredim du Shas et de Yahadout HaTorah se renforcent, ce qui reflète une participation électorale beaucoup plus élevée dans cette communauté que cela n’avait été le cas l’année dernière.
A Haïfa, c’est Yesh Atid qui remporte le plus de soutien, avec 26,6 % des voix – la faction centriste était arrivée deuxième lors du dernier scrutin, à la traîne du Likud. Le Likud, de son côté, termine avec 20,6 % des voix, un score similaire à celui de l’année dernière. A Haïfa, ancien bastion d’Avoda, la formation Travailliste perd un tiers de ses électeurs depuis le dernier vote et obtient moins de 5 %.
La tendance, dans un grand nombre de localités de droite traditionnelles, est que le Likud a su préserver son pouvoir par rapport à l’année dernière – perdant ou gagnant quelques points de pourcentage. Il y a un essor net de HaTzionout HaDatit qui a souvent doublé et triplé son score par rapport au mois de mars 2021, très probablement renforcé par les anciens électeurs de Yamina, l’ancien parti de Naftali Bennett.
Une tendance qui a également pu être observée, entre autres, à Petah Tikva, Rishon Lezion, Beer Sheva, Netanya, Hadera, Nahariya et Kiryat Shmona.
A Givat Shmuel, ville religieuse et libérale – la seule localité dans laquelle Yamina avait remporté la majorité des votes au mois de mars 2021 – un grand nombre d’électeurs ont apporté leur soutien à HaTzionout HaDatit, qui est le grand gagnant dans cette ville avec 24 % des voix (contre 15% l’année dernière). Habayit HaYehudi, avec à sa tête la numéro deux de Yamina, Ayelet Shaked, et le maire de Givat Shmuel, Yossi Brodny, ne rassemble que 9,2 % des suffrages cette fois-ci – et reste bien en-deçà du seuil de représentation électorale dans tout le pays.
Dans les grandes villes arabes, le soutien en faveur du parti islamiste Raam reste le même que l’année dernière tandis que celui apporté à l’ancienne Liste arabe unie se divise entre Hadash-Taal et Balad. Balad a quitté l’alliance et semble devoir payer le prix de cette initiative en échouant à intégrer les bancs du parlement.
A Umm al-Fahm, la Liste arabe unie avait recueilli 80,5 % des voix au cours des dernières élections et Raam avait gagné 13,7 % des suffrages. Cette fois-ci, Hadash-Taal est à 40,6 %, Balad à 37 % et Raam à 17,4 %. A Nazareth, en contraste, Raam perd du soutien (passant de 23,9 % à 21,7 %) et la force combinée de Hadash-Taal et de Balad (71,3 %) est supérieure à celle de la Liste arabe unie, l’année dernière (64,7 %).