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Les riches heures du roman policier sous le IIIe Reich

Les « krimis », nom du polar en allemand, furent le lieu d'une bataille idéologique entre le chef de la propagande nazie Joseph Goebbels, et des résistants et auteurs juifs subversifs

Conférence sur le polar allemand au Mémorial de la Shoah. A gauche, le spécialiste du genre, Vincent Platini. En fond, un polar publié par Michael Zwick, un auteur juif, durant le IIIe Reich (Crédit : capture d'écran Facebook/Onirik)
Conférence sur le polar allemand au Mémorial de la Shoah. A gauche, le spécialiste du genre, Vincent Platini. En fond, un polar publié par Michael Zwick, un auteur juif, durant le IIIe Reich (Crédit : capture d'écran Facebook/Onirik)

Le 2e Salon du livre, organisé par le Mémorial de la Shoah, s’est penché sur les « krimis », nom donné aux polars allemands, spécifiquement durant la période nazie en Allemagne, mais aussi à la résurgence de polars ayant pour cadre l’Allemagne nazie, en présence de Vincent Platini, auteur d’une anthologie du genre.

Prolifique sous le Troisième Reich, le roman policier allemand est de plus en plus la cible de la censure, explique l’organisateur. Le régime cherchant à imposer le « bon roman policier allemand ».

Le polar devient alors un champ de bataille idéologique investi par des écrivains juifs ou des résistants d’un côté et de l’autre par la propagande orchestrée d’une main de fer par le ministre de l’Information et de la Propagande Joseph Goebbels.

Pourtant une certaine liberté règne sur ce genre, issu de la culture populaire. Notamment, explique Platini dans le Figaro, car Goebbels « a compris que si l’on martelait les thèmes politiques, le public en serait vite blasé ». Il fallait « ménager des pauses », des soupapes à la pression politique et à l’état de guerre. Ce sera le rôle de la culture populaire.

La plupart des Krimis se déroulent en Angleterre ou aux États Unis, qui restent les modèles du genre, et qui, même dans l’Allemagne nazie, continuent d’exercer une certaine fascination.

« Ce déplacement est libérateur, explique Platini. Il permet d’imaginer des crimes d’envergure qui n’existent plus dans le Reich, officiellement. Surtout, il autorise une critique voilée du régime : certains criminels étrangers en évoquent d’autres en Allemagne. Ici, le polar est une littérature d’évasion au sens fort ».

Autre point passionnant : l’absence relative de Juifs et de l’antisémitisme dans le polar allemand. Le public, explique le spécialiste a préféré « refouler cette réalité » synonyme des persécutions se déroulant sous ses yeux.

« D’autre part – et c’est plus glaçant -, l’annihilation d’une population passe par son exclusion imaginaire, continue Vincent Platini. Il aurait été délicat de mettre constamment en scène le Juif, même pour le dénigrer. Le soutirer au regard du public permet à la répression de s’exercer sans frein ».

Mais quelques auteurs, dont certains juifs parviennent à publier dans l’Allemagne nazie. C’est le cas de Mickael Zwick (Une mauvaise conscience tranquille) qui évoque le retour de son héros en Allemagne venu se venger de l’assassin de toute sa famille.

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