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Les souvenirs « Made in Egypt » en quête d’un nouveau souffle

Le gouvernement prépare l'après-pandémie avec sa nouvelle usine de reproduction d'antiquités, non pas au profit des petits artisans mais pour son propre compte

Un artisan manipule une réplique moulée d'une figurine de buste de l'ancienne Égypte dans un atelier du quartier de Nazlet el-Semman, près de la nécropole des pyramides de Gizeh, dans la ville jumelle de la capitale égyptienne, Gizeh, le 6 juin 2021. (Crédit : Khaled DESOUKI / AFP)
Un artisan manipule une réplique moulée d'une figurine de buste de l'ancienne Égypte dans un atelier du quartier de Nazlet el-Semman, près de la nécropole des pyramides de Gizeh, dans la ville jumelle de la capitale égyptienne, Gizeh, le 6 juin 2021. (Crédit : Khaled DESOUKI / AFP)

Pyramides, masques de Toutankhamon, bustes de Néfertiti : l’artisanat des souvenirs d’Egypte, malmené par la raréfaction des touristes pendant la pandémie de coronavirus, cherche un nouveau souffle en attendant des jours meilleurs.

Dans le quartier des pyramides à Guizeh (ouest du Caire), le site phare du tourisme égyptien continue d’attirer quelques visiteurs, mais ça ne suffit pas pour Eid Yousri, propriétaire d’un petit atelier de moulage de statuettes pharaoniques en polyester.

« Nous avions une quinzaine d’ouvriers, contre cinq aujourd’hui et pas tous les jours. Nous avons perdu près de 70 % de l’activité », affirme à l’AFP M. Yousri, dont l’atelier occupe une cabane en contre-plaqué sur le toit de sa maison familiale.

Comme lui, ils sont des centaines de petits artisans à avoir perdu des revenus depuis le début de la pandémie. La plupart sont rattachés à l’économie informelle et ne reçoivent pas d’aide de l’Etat.

Le secteur du tourisme en Egypte, qui représentait environ 12 % du PIB en 2019, a été terrassé par la pandémie.

Après une longue période d’instabilité politique, les recettes avaient rebondi avec 13 milliards de dollars recettes en 2019. Mais en 2020, l’Egypte n’a encaissé que quatre milliards contre les 16 milliards escomptés.

Des techniciens peignent des répliques de statues de l’ancienne Égypte en cours de fabrication à l’usine Konouz reproduisant des répliques d’objets de l’ancienne Égypte, dans la ville d’el-Obour, à l’est du Caire, le 17 mai 2021. (Crédit : Khaled DESOUKI / AFP)

Dans les allées étroites et désertées du Khan el-Khalili, le marché touristique du Caire, Caroline Bucher, la trentaine, fait partie des quelques acheteuses potentielles.

Venue de la République dominicaine, elle est « à la recherche de souvenirs (…) faits main, de qualité et évoquant la culture locale. Cela doit être un souvenir du voyage », dit-elle à l’AFP.

Face à des touristes rares et parfois exigeants, Eid Yousri promet de faire un effort sur la qualité, et même sur les prix auprès de ses revendeurs à qui il vend ses productions entre 20 livres (1 euro) et 200 livres (10 euros). Il compte surtout sur l’arrivé de nouveaux groupes de touristes « en septembre et octobre, en particulier des Américains ».

Dans un récent entretien avec l’AFP, le ministre du Tourisme Khaled el-Enani se félicitait d’une légère reprise de la fréquentation dès avril, avec 500 000 visiteurs contre 200 000 par mois en moyenne en 2020.

« Exercice de marketing »

Encouragé par ces chiffres, le gouvernement prépare déjà l’après-pandémie avec sa nouvelle usine de reproduction d’antiquités, non pas au profit des petits artisans mais pour son propre compte.

Depuis mars, en périphérie du Caire, la manufacture Konouz (« trésor » en arabe) produit du mobilier, des statuettes, des peintures, retraçant quatre grandes périodes de l’histoire égyptienne: pharaonique, gréco-romaine, copte, islamique.

Des techniciens peignent des répliques de statues de l’ancienne Égypte en cours de fabrication à l’usine Konouz reproduisant des répliques d’objets de l’ancienne Égypte, dans la ville d’el-Obour, à l’est du Caire, le 17 mai 2021. (Crédit : Khaled DESOUKI / AFP)

Les reproductions, à l’échelle 1:1 ou miniatures, sont accompagnées d’un certificat d’authenticité.

Dans cette coopérative d’Etat de 10 000 m2, Hicham Charaoui, un ancien général, commande une armée d’environ 150 ouvriers, peintres, ébénistes, sculpteurs, dessinateurs.

« Nous avons ouvert une boutique au Musée national de la civilisation égyptienne » (NMEC) en avril, dit à l’AFP l’ancien militaire. D’autres suivront dans d’autres musées, selon lui, mais aussi sur certains sites archéologiques.

Cet investissement de quelque 80 millions de livres égyptiennes (4,2 millions d’euros), mise sur une production de meilleure qualité.

La plupart des objets sont moulés, en polyester, plâtre ou métal. Ils sont parfois terminés avec des machines, avant d’être peints à la main ou recouverts de feuilles d’or.

Si les autorités disent ne pas vouloir concurrencer les petits artisans, certains articles pourraient défavoriser ces derniers : la gamme de produits va de la petite amulette à 50 livres (2,60 euros), jusqu’à la statue de trois mètres de haut à plusieurs milliers de livres.

Elhamy el-Zayat, expert en tourisme, qualifie l’initiative gouvernementale d' »exercice de marketing intelligent ». Mais « il ne faut pas trop produire sinon ça perd de la valeur », avertit-il.

Un graphiste retouche une image du masque funéraire du pharaon Toutankhamon à l’usine Konouz, dans la ville d’el-Obour, à l’est du Caire, le 17 mai 2021. (Crédit : Khaled DESOUKI / AFP)

Pour les artisans du secteur informel comme pour la coopérative d’Etat, les conditions d’une reprise semblent réunies puisque face à la concurrence étrangère, essentiellement chinoise, l’Egypte a pris, depuis quelques années, des mesures de protection.

Depuis 2015, un décret du ministère de l’Industrie interdit « l’importation des marchandises et produits à caractère d’art populaire », dont les « modèles d’Antiquités égyptiennes ».

Les souvenirs importés de Chine ont disparu progressivement des étagères et une dévaluation, opérée en 2016, a favorisé la production « Made in Egypt ».

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