Les supermarchés mal préparés à l’extension de la loi sur les bouteilles consignées
Avec 200 machines de collecte des emballages de boissons dans tout le pays, le lancement de la réglementation sur les grandes bouteilles, le 1er décembre, risque d'être difficile
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

L’insertion d’une bouteille vide dans un automate de recyclage, la première fois – avec la vitesse à laquelle elle disparaît et le bruit sourd qui accompagne sa chute – est surprenante. Cette insertion est la première étape du processus de tri et de préparation au recyclage.
En Israël, les autorités ont trouvé une astuce pour encourager les consommateurs à rendre les contenants recyclables en utilisant ce type de machine. Sur la majorité des automates, une inscription mentionne ainsi le versement de quelques centimes de shekels après dépôt – le remboursement d’une partie du prix d’achat, en somme.
Sue Surkes, journaliste du Times of Israël, a voulu tester l’un de ces appareils. Elle s’est rendue dans une succursale du supermarché Yochananoff, dans le sud de Jérusalem. Là-bas, une machine d’une valeur de 100 000 shekels – conçue par la société israélienne Asofta Recycling Corporation et produite à l’étranger, selon le cahier des charges – accepte une bouteille ou une canette à la fois, l’engloutit, la trie et la réduit en miettes, ce qui optimise l’espace et nécessite moins de transport.
L’automate communique en hébreu, en arabe, en russe et en anglais. Il sait identifier un conteneur qui n’a pas de code-barres de consigne, ou qui est en carton épais. S’il ne peut recycler le contenant, il demande au consommateur de le retirer.
La machine présente des informations générales et légères, avec un joli dessin animé de bouteilles et de canettes dansantes.
Saviez-vous, par exemple, qu’un jean pouvait contenir en moyenne huit bouteilles en plastique recyclées ?

Pour l’heure, 50 distributeurs d’Asofta sont installés dans des points de vente, 200 autres ont été commandés et devraient arriver d’ici février.
C’est Tomra, une société norvégienne, qui a fourni ces machines – qui compriment plutôt qu’elles ne déchiquettent – à 150 magasins par l’intermédiaire d’une société israélienne, Afcon Control and Automation Services.
Vingt-cinq autres ont été commandées.
Le ministère de la Protection de l’environnement indique – une légère sous-estimation apparente – que dans tout le pays, il y a au total 180 récupérateurs automatiques dans les magasins, et que 220 autres sont en cours d’installation.
Une goutte d’eau dans la mer alors qu’entera en vigueur, le 1er décembre, une loi élargie consacrée aux bouteilles consignées.
Depuis 2001, date à laquelle le gouvernement a adopté la loi sur la consigne des contenants de boissons, une somme remboursable – qui est actuellement de 30 centimes de shekels – est ajoutée au coût de toutes les canettes de boissons et des bouteilles en verre et en plastique contenant 100 millilitres à 1,5 litre de boisson, afin d’encourager les gens à les rapporter après usage.
En octobre 2020, l’ancienne ministre de la Protection de l’environnement, Gila Gamliel, avait annoncé que la loi serait étendue aux contenants de boissons de 1,5 à 5 litres.

Elle avait donné un an aux sociétés de boissons et aux détaillants pour se préparer à ces changements.
Elle avait également veillé à ce qu’un budget de 100 millions de shekels soit alloué pour subventionner l’acquisition de récupérateurs automatiques, afin de permettre aux consommateurs de rapporter facilement leurs bouteilles et canettes dans les stations-service, dans les centres communautaires et autres lieux accessibles au public.
Mais la ministre qui lui a succédé, Tamar Zandberg, a choisi de ne pas subventionner une mesure qui, selon elle, devrait être payée par les pollueurs – les fabricants et importateurs de récipients à boisson et les détaillants qui les vendent.

Ce changement d’approche a donné lieu à une confrontation entre les deux femmes lors d’une réunion de la commission de la Knesset au début du mois, Gila Gamliel reprochant au ministère son manque de préparation et Tamar Zandberg critiquant les chaînes de magasins qui, selon elle, ne se sont pas préparées à temps.
En Europe, ces machines sont partout, sur les aéroports ou sur les grands parkings, et elles offrent souvent au consommateur des options – telles que le don du remboursement à une œuvre caritative.
« Nous ne sommes pas du tout préparés. Il n’y a pas de machines dans les succursales de Rami Levy pour le moment. Elles ont été commandées par nos soins mais il faudra au moins six mois pour qu’elles arrivent », a déclaré Rami Levy, fondateur de l’empire des supermarchés Rami Levy, au Times of Israel mercredi, se demandant comment son personnel allait pouvoir faire face aux grandes quantités de bouteilles que les clients allaient rapporter aux comptoirs de service pour se faire rembourser.

« L’État passe des lois et n’apporte pas de solutions. Il aurait dû faire en sorte de mettre des machines dans les chaînes, dans les centres communautaires, pour faciliter leur utilisation », a-t-il regretté avant d’ajouter que « si les gens doivent faire la queue et qu’on ne leur donne pas de solution dans les chaînes de magasins, ils jetteront les bouteilles à la poubelle ».
Selon des sources du secteur, compte-tenu du coût élevé des machines, de nombreux propriétaires de magasins ne passent pas commande dans l’espoir que le déploiement de la loi sur la consigne sera si désastreux qu’il sera annulé, ou que le prix des amendes distribuées pour refus d’accepter les bouteilles ou de rembourser les consignes vaudra finalement la peine en comparaison avec le prix investi pour les machines.
Pour tenter d’adoucir une transition qui s’annonce difficile, le ministère de la Protection de l’environnement a demandé aux autorités locales de ne pas retirer, jusqu’en avril, les cages qui, jusqu’à présent, ont été utilisées pour collecter les grandes bouteilles – les récipients de boissons sans vignette de consigne et les récipients autres que les boissons contenant des liquides, tels que les flacons de shampooing ou de détergent pour le linge – sur la base du volontariat.
Puis, selon une annonce du ministère faite en début de semaine, les cages seront remplacées par les bacs orange de la Tamir Corporation, déjà présents dans une grande partie du pays pour la collecte de tous les types d’emballages et de récipients qui ne sont pas en verre ou en papier (il existe des bacs distincts pour ces deux derniers articles).
Jusqu’à présent, Jérusalem ne dispose pas de poubelles oranges. Les habitants jettent leur emballages et contenants dans les poubelles dont le contenu est trié en aval par une usine située au nord de la ville.
Un porte-parole de la municipalité de Jérusalem a déclaré que des discussions étaient en cours entre le ministère, la municipalité et Tamir au sujet de la possibilité d’introduire des poubelles oranges pour remplacer les cages à bouteilles qui vont disparaître.

À Jérusalem, 400 des 1 000 cages ont déjà été enlevées, tout comme 210 des 730 installées à Tel Aviv.
Lors d’une réunion d’information pour le public qui a eu lieu via Facebook mercredi, les responsables du ministère ont exhorté le public à ne pas jeter de grandes bouteilles dans les poubelles qui accueillent les déchets généraux.
Et s’ils le font, ils sortiront deux fois leur portefeuille – une première fois pour les services de mise en décharge, qui font partie des taxes municipales, et une seconde fois pour le remboursement de la consigne perdue.

Le ministère, qui s’entretient actuellement avec toutes les chaînes de magasins pour les inciter à se préparer correctement, promet de grandes campagnes de publicité pour le public ainsi que pour des secteurs spécifiques, tels que les ultra-orthodoxes et les Arabes israéliens.
Selon la loi, les consommateurs pourront rapporter jusqu’à 50 contenants de boisson à la fois dans tout magasin de plus de 28 mètres-carrés et obtenir un remboursement en espèces ou, si le client le souhaite, un bon d’achat.
Les magasins plus petits devront restituer l’argent des bouteilles achetées dans leurs locaux.
Là où il n’y a pas encore de machines, les clients devront rapporter leurs bouteilles et leurs canettes aux comptoirs du service clientèle, ou selon les directives mises au point par la chaîne concernée.

L’argent ne sera versé que pour les bouteilles portant les autocollants appropriés indiquant le montant de la consigne et le code-barres. Le montant minimum de la consigne est de 30 agorot, bien que les fabricants de bouteilles soient libres d’augmenter ce montant pour les grands contenants.
Le ministère de la Protection de l’environnement est en train de mettre en place une ligne d’assistance téléphonique sur la loi sur les consignes, à laquelle le public pourra signaler tout refus de remboursement.
Il a promis d’augmenter les inspections et les amendes pour s’assurer que les magasins respectent la loi.
Les résidents qui ne savent pas où se trouve la cage à bouteilles ou la poubelle orange la plus proche sont invités à contacter les autorités locales.
Deux nouvelles usines de recyclage de bouteilles en plastique sont actuellement mises en place en Israël.