Les députés de la coalition solidaires de Deri lors d’une réunion du Shas
Netanyahu s'en est pris encore une fois à la Haute cour pour son jugement contre le leader du Shas et il a défendu la refonte judiciaire, affirmant qu'elle sauvera la démocratie
Dans une initiative rare, les membres de tous les partis de la coalition ont assisté à la réunion de faction hebdomadaire du Shas à la Knesset pour afficher leur solidarité avec Aryeh Deri, qui a été renvoyé de ses postes ministériels dimanche après un jugement de la Haute-cour qui a estimé que ses nominations étaient « déraisonnables à l’extrême » au vu de ses condamnations venues sanctionner, dans le passé, des crimes financiers.
Assis à la droite de Deri pendant la réunion se trouvaient Netanyahu, Amir Ohana, président de la Knesset et Levin, trois ténors du Likud. Les leaders de tous les partis de coalition étaient présents.
S’exprimant lors de la réunion, Netanyahu a réaffirmé qu’il réintégrerait Deri au gouvernement, vingt-quatre heures après avoir été obligé de le limoger de ses fonctions de ministre de l’Intérieur et de ministre de la Santé.
« Le principe de la volonté de la majorité a subi un préjudice et nous devrons régler cela », a dit Netanyahu qui a promis de faire revenir Deri à la table du cabinet, ajoutant que le chef du Shas n’était plus ministre « pour le moment seulement ».
« C’est une mauvaise décision… qui nous force à nous retrouver dans une situation où Aryeh Deri n’est plus aux responsabilités en tant que ministre du gouvernement », a regretté Netanyahu, qui a déclaré que « personne ne prévoit ici d’abandonner » la lutte pour lui permettre de retrouver sa place au cabinet.
Le Premier ministre a fait le lien entre le rejet de Deri par les juges et le combat plus large contre le système judiciaire, affirmant que si son gouvernement faisait actuellement face « à un torrent de propagande mensongère » en raison de ses plans de réforme radicaux, « nous ne les laisserons pas gagner ».
Netanyahu a ensuite dit à l’assistance que la coalition « est venue pour sauver la démocratie. Qu’est-ce que la démocratie ? C’est le règne de la majorité et le respect des droits individuels ». Il a ajouté que le seul moyen de garantir le respect des droits individuels de la part de la majorité était l’équilibre approprié entre les pouvoirs.
« Un équilibre qui a été violé ces dernières années », a-t-il poursuivi.
Pour sa part, le leader du Shas s’en est pris avec férocité aux juges qui, a-t-il affirmé, n’avaient donné aucune indication de leur opposition à ses nominations avant qu’elles ne deviennent officielles, même si elles « étaient dans l’air depuis un mois entier ».
« Personne n’a averti le Premier ministre qu’il travaillait dans un cadre ‘déraisonnable à l’extrême’, » a accusé Deri, faisant référence à la notion juridique qui a été utilisée par la Haute cour pour le disqualifier de ses fonctions.
Il a précisé que ses déboires judiciaires n’étaient pas seulement son propre combat et qu’il restait en politique parce qu’il voulait promouvoir « la gouvernance » et « le respect de l’identité juive définitive d’Israël ».
Il a déclaré « être là, aujourd’hui, parce que mon engagement est réel », ajoutant que « la coalition continue, le gouvernement continue. Nous ne laisserons pas s’effondrer Israël ».
De son côté, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a déclaré à Deri que « ce n’est pas une lutte que vous menez à titre privé » mais « un problème pour le public tout entier ».
« Dans une démocratie, celui qui vote et qui décide du gouvernement, des ministres et des députés – c’est le public, la nation », a indiqué Levin.
« Un pays où c’est le juge qui décide » de qui peut être ministre « peut être appelé de différentes façons, avec différents noms – mais ce n’est pas une démocratie. Le pouvoir judiciaire n’est pas l’État de droit. Et dans de nombreux cas, c’est même l’opposé de l’État de droit ».
Le ministre de l’Éducation du Likud, Yoav Kisch, a lui aussi estimé que la Haute-cour avait pris une décision politique dans son jugement, affirmant que si Deri avait rejoint un gouvernement dirigé par l’opposition, « il serait aujourd’hui un éminent ministre ».
Moshe Gafni, député de Yahadout HaTorah, a déclaré au chef du Shas que « nous sommes avec vous ».
Pour sa part, le chef de HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, a indiqué qu’en faisant renvoyer Deri, la Cour s’en prenait à toute la coalition. « Nous sommes là pour vous, à vos côtés, et nous comprenons parfaitement que ce combat est celui de chacun d’entre nous », a-t-il dit. Itamar Ben-Gvir, dirigeant d’Otzma Yehudit, le parti d’extrême-droite, a renchéri en déclarant que « nous ne céderons à aucune pression, à aucun ordre du jour, à aucune politique de peur. Et c’est la nation d’Israël qui vaincra finalement ».
Deri, de son côté, a rappelé que « je n’ai pas l’intention, je n’ai jamais eu l’intention et je n’ai jamais promis de me retirer de la vie politique… les choses avaient été clairement établies lors de toutes les discussions sur ma négociation de peine ».
Le départ du chef du Shas du gouvernement devrait être effectif mardi, seulement 26 jours après l’investiture du gouvernement de droite, d’extrême-droite et ultra-orthodoxe du Premier ministre. Deri conservera son titre honorifique de vice-Premier ministre, a confirmé son porte-parole. Il est difficile de dire s’il pourra assister aux rencontres du cabinet à ce titre et avec un statut d’observateur.