Levin accuse Washington de soutenir les opposants à la réforme judiciaire
Le ministre de la Justice précise que les propos des fonctionnaires américains sont sincères ; il affirme que le soutien des médias au système judiciaire lui est défavorable
Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a affirmé que l’administration américaine coopérait avec les manifestants opposés à ses propositions de refonte du système judiciaire, et a imputé à la dissidence au sein de son parti, le Likud, la responsabilité de la pause dans la législation, a révélé la presse israélienne lundi.
Le site d’information Walla a publié des images montrant un repas qui a eu lieu dimanche soir avec des militants haredi, où l’on voit Levin s’insurger contre l’opposition des médias à la réforme, qui, selon lui, place la coalition dans une position « incroyablement désavantageuse », et où il affirme qu’il est « résolu à lutter pour obtenir gain de cause sur cette question ».
« Ils ont la Cour, le procureur général, les dirigeants du secteur financier, le gouvernement américain, lequel coopère avec eux sur la question, comme en témoignent les propos des porte-parole du gouvernement », peut-on l’entendre dire.
Il précise ensuite que les propos tenus par les fonctionnaires américains au sujet de la réforme reflètent fidèlement leur point de vue et ne constituent en aucun cas une sorte de conspiration contre la législation.
Levin est un des principaux architectes des propositions visant à placer la plupart des nominations judiciaires sous le contrôle du gouvernement et à limiter la capacité de la Cour suprême de justice à exercer un contrôle judiciaire sur les décisions de la coalition.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait suspendre ces efforts à la fin du mois de mars afin de permettre au président Isaac Herzog d’initier un processus de négociation visant à parvenir à un large consensus, mais, à en croire la rhétorique enflammée entendue à Knesset qui ouvrait une nouvelle session dimanche, de nombreux membres de l’opposition craignent que la coalition ne reprenne bientôt là où elle s’est arrêtée.
הקלטות לוין
שר המשפטים מאשים: הממשל האמריקני עובד בשיתוף פעולה עם המחאה | @YakiAdamker pic.twitter.com/JoZGLkX58U— וואלה (@WallaNews) May 1, 2023
Le ministre de la Justice a déclaré dimanche aux militants ultra-orthodoxes que même si le gouvernement avait mieux expliqué le projet de loi, cela n’aurait pas changé le cours des événements, compte tenu du financement de l’opposition et de son « contrôle décisif du journalisme » allégué. Il a ensuite entrepris de citer des sites d’information grand public tels que Walla, Ynet et Israel Hayom, un journal qui, jusqu’à il y a plusieurs années, était farouchement fidèle à Netanyahu.
Levin a attribué le gel du processus législatif aux divisions au sein du Likud sur la question, et a déclaré que l’unité entre les rangs du parti était nécessaire.
« La situation ne peut pas rester telle qu’elle est. Je fais de gros efforts pour resserrer les rangs au sein du Likud et de la coalition », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il voulait un accord qui apporte « des changements réels et non des changements cosmétiques sans importance. »
Plusieurs députés du Likud s’étaient exprimés publiquement en faveur de la suspension du processus législatif, et parmi eux le ministre de la Défense Yoav Gallant, avant que ne soit prise la décision de le faire. Son licenciement par Netanyahu, qui a été annulé quelques semaines plus tard, a été le catalyseur de manifestations de masse et d’une grève générale qui a incité Netanyahu à mettre en pause la refonte et à lancer des pourparlers de compromis.
En ce qui concerne les négociations en cours, Levin a affirmé que pas une seule clause n’avait été acceptée par l’opposition, mais a ajouté qu’il valait mieux « essayer d’aller jusqu’au bout de cet effort, c’est bénéfique pour tout le monde ».
Un projet de loi clé qui placerait les nominations judiciaires sous contrôle politique a franchi presque toutes les étapes législatives et est prêt à être adopté dans les jours qui viennent, si la coalition le souhaite. Les analystes et les consultants pensent toutefois que la coalition attendra d’avoir adopté le budget de l’État, ce qu’elle doit faire d’ici le 29 mai, sous peine d’élections automatiques, avant de faire progresser le projet de loi.
Selon les critiques, cette réforme, qui fera passer une grande partie du pouvoir judiciaire entre les mains du gouvernement, ferait d’Israël une démocratie de nom seulement, protégeant les dirigeants de toute responsabilité tout en laissant les droits des minorités sans protection et soumis aux caprices du gouvernement de droite dure de Netanyahu. Les partisans de cette loi affirment que les changements sont nécessaires pour contrôler ce qu’ils considèrent comme une cour trop activiste.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.