L’ex-captive Noa Argamani a goûté le vin qui porte son nom
Le projet Vin de la Vigne a mis en place Les Vins de l'Espoir avec les familles des otages ; Objectif : Sensibiliser à leur situation difficile
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Quelques semaines après avoir été secourue de Gaza lors d’une opération des forces spéciales, l’ancienne otage Noa Argamani et ses amis ont ouvert une bouteille de vin de la vallée de Jezréel – une bouteille issue d’une cuvée qui a été notamment étiquetée à son effigie dans le cadre d’une initiative prise pour sensibiliser à la cause des captifs.
« Son père m’avait dit qu’il la mettrait de côté jusqu’à son retour et à Shavuot, elle se trouvait chez elle en train de boire la bouteille devant moi », explique Adam Bellos, directeur-général du Fonds d’innovation israélien qui avait créé l’initiative Vin de la Vigne, et qui a lancé dans ce cadre son projet les Vins de l’espoir, au mois de mars dernier. « C’était surréaliste d’assister à ça ».
Argamani avait été sauvée le 8 juin en compagnie de trois autres otages, quelques semaines avant le décès de sa mère gravement malade, Liora Argamani. Dans l’intervalle, elle avait eu l’occasion de fêter la fin de son enfer, déclare Bellos.
Argamani a demandé de consacrer un vin à son petit ami, Avinatan Or, qui se trouve encore dans les geôles du Hamas à Gaza, ajoute Bellos.
« Les familles utilisent ce moyen pour sensibiliser à la situation critique des captifs », note-t-il. « Je dis aux familles que nous ne pouvons pas comprendre ce qu’elles sont en train de traverser – que nous pouvons éprouver de l’empathie, mais pas comprendre. Mais si une seule personne apprend l’histoire des otages grâce à cela, alors nous aurons fait notre travail ».
L’initiative Vin de la Vigne a créé 22 bouteilles qui sont proposées à l’achat et qui portent le nom des otages, mais seulement deux des captifs ont été rapatriés depuis – Argamani et Almog Meir Jan, qui avait été sauvé lors du même raid militaire audacieux que le jeune femme, le 8 juin.
Bellos a immédiatement rajouté, sur l’étiquette, la mention « Sauvée ». D’autres bouteilles qui portaient les noms d’otages dont il s’est depuis avéré qu’ils n’avaient pas survécu à la captivité seront de nouveau étiquetées en signe d’hommage.
« Les familles ne s’opposent pas à cela non plus », indique Bellos, « parce que cela permet de maintenir en vie leur mémoire ».
Le Vin de la Vigne est un projet du fonds israélien de l’innovation, une organisation à but non-lucratif qui permet de présenter au monde ce que la culture israélienne a de meilleur.
Bellos avait lancé le projet au mois de mars alors que les négociations portant sur un accord ouvrant la porte à la remise en liberté des otages – un accord qui n’a pas encore été conclu – étaient toujours à la traîne et que les familles avaient besoin d’espoir, explique-t-il.
Le plan était initialement de travailler avec deux domaines viticoles situés dans la vallée de Jezréel dans le nord et à Ramat Hanegev dans le sud, se focalisant sur deux secteurs particulièrement éprouvés dans le cadre de la guerre en cours.
Les familles qui étaient intéressées à l’idée de participer au projet avaient offert une photo de leur proche et livré une brève description de leur être cher, avec notamment le sort qui leur avait été réservé le 7 octobre quand les terroristes du Hamas avaient lancé un pogrom dans le sud d’Israël, massacrant près de 1 200 personnes et kidnappant 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
« Les familles ont été toujours plus nombreuses à venir nous voir », dit Bellos.
Quand Samantha Sharon, du projet Vin de la Vigne, avait initialement suggéré l’initiative prise pour les otages après avoir vu un autre projet où les bouteilles portaient les noms de soldats tombés au champ d’honneur, Bellos déclare qu’il avait dû prendre le temps de la réflexion dans la mesure où il n’avait que peu promu les vins israéliens depuis le début de guerre – et qu’il ne les considérait pas comme une priorité.
Mais le projet est finalement allé de l’avant. Il a été baptisé « Les Vins de l’Espoir » pour rendre hommage à la dévotion des familles dans leur combat visant à faire libérer leurs êtres aimés après de longs mois de captivité.
Les bouteilles sont aussi vendues sur internet. Un tiers des recettes sont versées au Forum des Familles d’otages et de portés-disparus, avec pour objectif de soutenir les efforts visant à rapatrier les captifs qui se trouvent encore à Gaza.
« Les familles nous ont permis de nous adapter et nous les impliquons dans chaque étape du processus », dit Bellos. « C’est autant leur projet que le nôtre et je ne ferais rien si elles n’étaient pas impliquées ».
Bellos prévoit de planter tout un vignoble dans le sud du pays en l’honneur des otages et de produire des vins en leur nom quand les ceps seront arrivés à maturité. Toutes les recettes seront offertes aux familles des captifs.
« Cela prendra du temps », note Bellos qui réfléchit aussi à de nouvelles bouteilles pour Argamani et Meir Jan qui seraient proposées au prix de 250 dollars, ce qui correspond au nombre de jours qu’ils ont passé dans les geôles du Hamas.
« Je trouve que c’est extrêmement gratifiant de mettre en place quelque chose qui viendra en aide à ces gens », dit-il.
Les produits du Vin de la Vigne et des Vins de l’Espoir sont disponibles en pré-commande sur internet aux États-Unis et ils sont offerts à l’achat en Israël.