L’extrémiste Hervé Lalin jugé en appel pour un livre antisémite
Le prévenu, déjà condamné à près de 20 reprises, est incarcéré depuis septembre 2020 ; le verdict dans ce nouveau procès sera rendu le 12 mai prochain
Jeudi dernier, le Palais de justice de Paris jugeait en appel l’activiste d’extrême-droite Hervé Lalin dit Ryssen pour contestation de crime contre l’humanité dans son dernier livre, publié en 2018. Le verdict sera rendu le 12 mai prochain.
« Terreau des actes antisémites d’hier et de demain », selon Me Alice Ouaknine, avocate de la LICRA, l’ouvrage L’antisémitisme sans complexe ni tabou avait fait condamner son auteur en première instance pour « incitation à la haine », « injures publiques » et « contestation de crime contre l’humanité ». Lalin avait fait appel.
Jeudi, lors du procès, le juge a affirmé : « Vous écrivez : ‘Le judaïsme est un vivier de malades mentaux dénués de toute sorte de scrupule (…) Le judaïsme se résume en trois mots : juif, inceste, hystérie (…) La religion juive est la conceptualisation de la névrose hystérique’. Vous qualifiez les Juifs de ‘fous furieux’. Vous êtes conscient que certains de vos propos peuvent blesser la communauté juive ? »
« Non », a répondu Lalin. « Vous citez des conclusions de chapitres donc forcément ça peut paraître aberrant. Mais chez les sabbatéens l’inceste est obligatoire », a-t-il ajouté. Il a affirmé que son livre visait à « comprendre les spécificités du judaïsme », qu’il ne « faisait pas de généralités » et qu’il n’était pas négationniste. « Je ne nie pas le chiffre de 6 millions de morts. Je ne nie rien du tout de cette histoire. »
L’avocat de la défense, Me Pierre-Marie Bonneau (qui serait proche des milieux néo-nazis et qui citerait parfois Hitler dans des dîners selon un blog de journalistes de France 3), a fait valoir la « liberté d’expression » de son client. « Ryssen ne déteste pas les Juifs. Il porte en revanche un regard sévère sur une idéologie qui s’appelle le judaïsme », a-t-il plaidé.
Me Alice Ouaknine a affirmé que le prévenu est un « antisémite professionnel » qui a fait « un business de cette haine du Juif depuis plus de 15 ans à travers ses livres et ses vidéos ». Elle a ajouté qu’il utilisait le champ lexical « du nuisible pour décrire les Juifs, ce qui entraîne une réaction de rejet et de haine chez le lecteur ».
La procureure générale a soutenu cette position et a requis 15 mois de prison ferme dont 6 mois de sursis probatoire.
Hervé Lalin, incarcéré depuis le 18 septembre 2020 en application d’autres peines pour des faits similaires, est arrivé menotté à l’audience. Il a déjà été reconnu coupable à plusieurs reprises pour ses propos antisémites ou négationnistes. Le juge a remarqué que 17 mentions figuraient à son casier judiciaire.
Il a été condamné début février à un total de 3 200 euros d’amende pour contestation de crime contre l’humanité, diffamation et provocation à la haine dans des tweets sur la Shoah ou les Juifs.
Il était poursuivi pour avoir, en octobre 2017, publié sur son compte Twitter un montage juxtaposant l’affiche du film « La vérité si je mens 3 », qui présente des personnages souriants ou hilares, et une photo du tristement célèbre portail d’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, orné de l’inscription « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre »).
Il avait aussi, toujours en octobre 2017, tweeté des messages accusant les Juifs d’être responsables de la mort de « millions de chrétiens » pendant la révolution russe, et d’être à l’origine « du trafic d’ecstasy ».
Ryssen avait déjà été condamné en son absence dans ces deux dossiers et il était à nouveau jugé après avoir fait opposition à ces condamnations.
Il avait également été condamné en janvier pour négationnisme, injures et diffamation à caractère antisémite et provocation à la haine contre les Juifs.
L’AFP a contribué à cet article.