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L’extrémiste qui pourrait ramener le kahanisme à la Knesset

L'’ultranationaliste Baruch Marzel, qui a échappé de peu à la disqualification, est bien parti pour être élu à la Knesset

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Clash entre le militants d'extrême-droite Baruch Marzel et les députées arabes lors de l'audition de la députée Hanin Zoabi le 9 décembre 2014 (Crédit :  Hadas Parush/Flash90)
Clash entre le militants d'extrême-droite Baruch Marzel et les députées arabes lors de l'audition de la députée Hanin Zoabi le 9 décembre 2014 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

On retrouve Baruch Marzel partout où il y a de l’agitation politique, tout particulièrement quand il s’agit de population arabe israélienne.

Extrémiste invétéré, Marzel participe à des marches nationalistes dans des villes arabes en agitant avec provocation des drapeaux israéliens.

Il participe à des manifestations contre des mariages entre Juifs et Arabes et les célébrations du jour de la Nakba. Il organise de grandes fêtes pour célébrer les actions de Baruch Goldstein – qui a massacré 29 Arabes en prière à Hébron en 1994.

Il a aussi protesté contre la visite du pape François au mont Sion appelant le souverain « impure » à « quitter notre pays saint ».

Il a décrit le président américain Barack Obama comme un « antisémite détestant les Juifs ». Il a amené trois ânes à la parade de la gay pride à Jérusalem, dont l’un d’eux portait un signe disant « je suis fier aussi ».

Il pourrait se retrouver bientôt au Parlement israélien ramenant l’ultranationalisme illégal du rabbin extrémiste Meir Kahane à la Knesset.

Marzel, qui est né aux Etats-Unis mais a immigré en Israël avec ses parents lorsqu’il était un bébé, est un grand provocateur qui a été arrêté des dizaines de fois. Son casier judiciare inclut de violentes attaques contre des Arabes et des officiers de police, même s’il se dit « non violent, en général ».

Agitateur ou menace pour la démocratie ?

Il a évité de justesse d’être disqualifié pour ses vues extrémistes – il a été autorisé à participer aux élections par la Cour suprême mercredi. Beaucoup le considèrent plus comme un agitateur que comme une réelle menace pour la démocratie israélienne.

Marzel n’est pas un étranger à la Knesset. Entre 2009 et 2013, il a servi d’assitant parlementaire au député Michael Ben-Ari, dont la liste Otzmah Leyisrael n’a pas réussi à passer le seuil électoral au cours de la dernière élection. Marzel est considéré comme étant plus radical que Ben-Ari.

Pourtant, puisque les principaux partis politiques boycottent les Kahanistes à la Knesset, Marzel ne devrait pas être un député efficace. Même les députés de gauche ne craignent pas  qu’il puisse faire de gros dégâts législatifs.

« Les franges ne déterminent pas nécessairement le contenu de la Knesset », explique Yariv Oppenheimer, le chef du groupe pacifiste La Paix Maintenant.

Lors du mandat de Ben Ari à la Knesset, il a été incapable de faire passer une loi ou de faire la promotion de son programme détestable d’aucune manière significative, a ajouté Oppenheimer. « Ils font plus de bruits que de dégâts ».

Devenir membre de la Knesset donnerait aux positions kahanistes de Marzel beaucoup plus de légitimité, et c’est forcément regrettable, déclare Oppenheimer.

L’esprit de Kahane

Selon de récents sondages, Marzel devrait probablement siéger à la 20e Knesset, en tant que quatrième sur la liste Yahad dirigée par l’ancien ministre de l’intérieur Eli Yishai, actuellement à quatre ou cinq sièges dans les sondages.

Le parti ultranationaliste orthodoxe Otzman Yehudit (Pouvoir juif) de Marzel est entré dans un accord technique avec Yahad juste avant la date limite pour que les partis puissent enregistrer leurs listes officielles, dans ce qui a été vu plus comme une manœuvre de politique pragmatique que d’idéologie partagée. L’accord doit donc aider les deux partis à passer le seuil électoral de 3,25 %. Après les élections, les deux listes devraient très certainement se séparer à nouveau.

Eli Yishai  lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 décembre (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Eli Yishai lors d’une conférence de presse à Jérusalem, le 15 décembre dernier (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Après qu’un groupe mené par le député Meretz Issawi Frej a fait une pétition pour interdire à Marzel de participer aux élections, au nom du danger de « la propagation de l’idéologie raciste en Israël », la Commission centrale des élections a disqualifié le candidat la semaine dernière.

Même le parti centriste Yesh Atid soutenait la disqualification de Marzel, craignant une augmentation de « l’incitation à la haine et de la rhétorique violente » au sein de la Knesset.

Mais mercredi, la Cour Suprême a changé la décision du comité, comme c’était largement attendu. Après deux ans de pause, au cours desquels Otzma de Ben-Ari s’est trouvé en dehors de la Knesset, l’esprit de feu le rabbin raciste Meir Kahane devrait revenir.

« A notre grand désarroi, la Cour Suprême a ouvert la voie au retour de Kahane à la Knesset », a expliqué la Coalition contre le racisme, une organisation générale représentant des ONG pour les droits de l’homme, dans une déclaration faite après le jugement.

Au cœur de la plateforme du parti de Marzel, se trouve la conviction que toute la terre d’Israël appartient au peuple juif et que tout ceux qui ne sont pas d’accord avec cette idée devraient être expulsés.

Au cours d’un entretien aux quartiers généraux de la campagne de Yahad dans le quartier de Givat Shaul de la capitale, Marzel a soutenu avec enthousiasme cette idée.

« Nous avons besoin de déplacer d’ici tous nous ennemis, a-t-il déclaré au Times of Israël en ajoutant que le mot « ennemi » ne fait pas nécessairement référence aux Arabes. Ceux qui soutiennent totalement l’appartenance au peuple juif de la terre peuvent rester, a-t-il expliqué, alors que même les opposants juifs à cette idée doivent s’en aller.

Malgré son agitation anti-arabe, Marzel rejette l’accusation de racisme. « Je ne déteste pas les Arabes, j’aime les Juifs », a-t-il déclaré, en laissant paraître une indication à peine voilée de sa véritable inclination.

Interrogé pour savoir combien des 1,72 millions de citoyens arabes d’Israël devraient quitter Israël, il a hésité à donner un chiffre, préférant déclarer que la plupart ne sont pas loyaux et n’ont donc aucun droit de rester. « Nous les vérifierons un par un. La majorité n’a certainement rien à faire ici. »

Sa vision du confit israélo-palestinien est donc simple à résumer : convaincs-toi que Dieu et les Nations Unies donnent la totalité de la Terre d’Israël aux Juifs, annexe la Cisjordanie et Gaza, et expulse tous ceux qui pensent différemment.

« Tous nos problèmes diplomatiques viennent du fait que nous ne croyons pas que cette terre nous appartient. Le jour où nous l’acceptons et déclarons au monde que cette terre appartient au peuple juif, nous commencerons à appliquer la souveraineté partout et commencerons à construire partout. Voilà, c’est cela mon programme diplomatique. »

Kahaniste à 13 ans, arrêté à 14 ans, condamné à 17 ans

Marzel est né à Boston il y a 55 ans, mais est arrivé dans le quartier Bayit Vegan de Jérusalem lorsqu’il avait six semaines.

Il a abandonné sa citoyenneté américaine il y a quelques années avant une précédente tentative à la Knesset. Même si son père était un éducateur respecté qui ne s’occupait pas vraiment de la politique, Baruch a rejoint la Ligue de Défense Juive de Kahane à l’âge de 13 ans.

Kach, le mouvement politique de Kahane en Israël, est devenu illégal en raison de son incitation à la haine et au racisme, mais Marzel vénère sans complexe l’héritage du rabbin assassiné. « Je pense que Kahane avait raison. Chaque enfant en Israël sait que Kahane avait raison, tout ce qu’il a dit se produit. »

Marzel a été arrêté une première fois par la police à 14 ans. Sa première condamnation a suivi trois ans plus tard. Selon la presse, il a accumulé 40 plaintes de la police avant ses 30 ans.

Après des études à la yeshiva Mercaz HaRav de Jérusalem, une des principales institutions nationales-religieuses, Marzel a servi dans l’armée et a été blessé lors de la première guerre du Liban.

Après son mariage, il s’installe à Hébron, où il a aidé à fonder le quartier de Tel Rumeida et a essayé de promouvoir l’idéologie de Kahane, qui voit un besoin urgent de « transférer » les Arabes hors de la Terre d’Israël.

Marzel n’utilise pas lui-même le mot « transfert », mais il détaille sans hésiter comment il s’assurerait qu’aucun « ennemi » ne resterait en Israël après l’annexion de la Cisjordanie et de Gaza.

« Je vais encourager leur émigration » explique-t-il, ajoutant que seul un petit nombre d’Arabes voudra rester après l’arrivé de son parti au pouvoir.

« Je suis sûr que c’est possible de faire en sorte qu’une grande partie de nos ennemis ne restent pas ici. Il existe des moyens. »

Beaucoup des opinions de Marzel ne sont même pas partagées par les nationalistes les plus extrêmes de la Knesset sortante, et les responsables des partis d’extrême droite ont tenté de se distinguer de Marzel et de son parti Otzma.

« Notre objectif commun est d’éviter à la fois le démantèlement des implantations et un État arabe sur ce côté du Jourdain. Nous sommes pragmatiques et ils restent étroits d’esprit, ne parvenant pas à voir le tableau dans son ensemble », a déclaré Jeremy Saltan, qui a servi comme un assistant du chef de file du parti HaIhud HaLeumi Yaakov Katz au cours de la 18e Knesset, quand Ben Ari (et son assistant parlementaire Marzel) faisaient partie de sa liste.

Aujourd’hui, Saltan travaille pour le président de HaBayit HaYehudi Naftali Bennett, que de nombreux Israéliens considèrent comme un ultra-nationaliste, mais qui au goût de Marzel est trop tendre avec les Arabes.

« Bennett n’a pas d’idéologie », déclare Marzel. Bennett est un bon gars qui sait bien parler, mais il ne partage pas nos idées, ajoute-t-il. « Quelqu’un qui dit que 99 % des Arabes sont loyaux au pays – c’est que quelque chose ne va pas chez lui ».

Pour Marzel, le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman n’a pas non plus d’idéologie et est donc « dangereux » à la cause du Grand Israël.

Et où se situe le Premier ministre et président du Likud, Benjamin Netanyahu ? « Ce n’est pas un homme de droite, répond Marzel. C’est un centriste, peut-être même un homme de gauche. »

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