L’héritage artistique de Bezalel embellit les rues de Jérusalem
Les locaux et les touristes affluent tous les vendredis à la Foire des arts et métiers, et pourtant, la rue Bezalel est riche en spectacles visuels toute la semaine
Il se passe tant de choses à Jérusalem ces jours-ci que nous en avons le souffle coupé. Du fabuleux parc Teddy devant les murailles de la Vieille Ville à la Tahana Rishona (gare restaurée de 1892) qui connaît un grand succès, de nouvelles attractions poussent comme des champignons.
L’une de nos favorites est une entreprise innovante qui a ouvert en 2012. Située sur la rue Bezalel, au centre-ville, elle s’appelle Designers in the City et abrite des ateliers et galeries de jeunes artistes dans les domaines de la mode, la photographie, la poterie, le cuir et le design industriel.
Le site choisi par Designers in the City n’a rien de fortuit. La première école d’arts et métiers du pays – Bezalel – fut créée juste au coin de la rue Shmuel Hanagid en 1909. Et le fondateur de l’école, Boris Dov Schatz, a bâti sa maison à quelques mètres seulement.
Une foire artisanale, présentant principalement les œuvres immensément créatives des jeunes de la ville, est apparue sur le trottoir à proximité du bâtiment. Ensuite, le café douteux qui a ouvert avec Designers in the City a été remplacé par le très fréquenté Nocturno.
Les rues Bezalel et Shmuel Hanagid se rejoignent au square Akiva Govrin, du nom de l’ancien ministre du Tourisme (de 1964 à 1966). Encerclant le square, s’érigent les bâtiments qui abritaient jadis Bezalel, construits comme des logements dans les années 1880 par un riche résident arabe. Un mur de pierre crénelée d’origine, à l’image des murailles qui cernent la Vieille Ville, entoure le complexe.
Le complexe est resté désert jusqu’à son achat en 1907 par le Fonds national juif (KKL) pour Schatz, l’une des figures les plus célèbres d’Israël. Lituanien, à la fois professeur d’art et sculpteur de la cour du roi de Bulgarie, Schatz avait longtemps rêvé de créer un centre artistique juif à Jérusalem. Il a suggéré l’idée de Théodore Herzl en 1903 et le projet fut accepté par le Congrès sioniste de 1905.
Schatz est arrivé en Israël en 1906 avec des professeurs d’art et quelques élèves. Il a commencé à réaliser son rêve dans des locaux loués rue Ethiopia. Quelques années plus tard, il installe son école dans le magnifique domaine de la rue Shmuel Hanagid et l’appelle « École Bezalel des arts et métiers ».
Le nom « Bezalel » provient directement de la Bible. «L’Eternel dit à Moïse : « Sache que j’ai choisi Bezalel, fils d’Uri et petit-fils de Hur, de la tribu de Juda. Je l’ai rempli de l’Esprit de Dieu, d’habileté, d’intelligence et de savoir-faire pour toutes sortes de travaux. Je l’ai rendu capable de faire des inventions, de travailler l’or, l’argent et le bronze, de graver les pierres à enchâsser, de travailler le bois et de réaliser toutes sortes de travaux. » [Exode 31, 1-5]. Le Bezalel biblique a également façonné l’autel en cuivre sur lequel le roi Salomon offrait ses sacrifices.
Bezalel a attiré les jeunes Juifs de partout dans le monde et de l’intérieur du pays. La note artistique, les études, les expositions et les festivités organisées à l’académie ont tous grandement contribué au développement spirituel et culturel de la capitale.
Dans les années 1960, la charmante école a changé de nom et est devenue l’Académie Bezalel d’art et de design. Si l’Académie a été transférée en 1990 à l’Université hébraïque sur le mont Scopus, le département d’architecture est toujours logé dans les bâtiments d’origine.
Les locaux et les touristes affluent tous les vendredis à la Foire des arts et métiers, et pourtant, la rue Bezalel est riche en spectacles visuels toute la semaine. Peu importe si vous visitez les Designers in the City (fermé le samedi) ou flânez simplement le long des trottoirs.
Par exemple, si vous remontez la rue Bezalel pendant quelques dizaines de mètres et que vous vous retournez, vous verrez une immense fresque derrière les bâtiments de la rue Shmuel Hanagid.
C’est la plus récente œuvre du projet Jerusalem City Art et j’aimerais beaucoup vous la décrire. Mais les travaux – créées par des artistes de la famille Schatz et les étudiants passés et présents de Bezalel – changent tous les quelques mois et ce que j’ai vu hier peut changer du jour au lendemain.
Boris Schatz a construit une belle maison familiale et un studio plus haut dans la rue, à l’intérieur du complexe Bezalel. Les deux étaient divisés par une cour décorée d’arbres et de fleurs. Deux descendants de Schatz, et sa belle-fille Louise, étaient des artistes de renom dans différents domaines. Entre autres récompenses, sa fille Zahara a remporté le Prix d’Israël en 1955.
Deux fenêtres sur le mur montrent des expositions en constante évolution de leurs travaux, avec des créations intéressantes d’autres artistes.
Plus haut sur la rue, Nocturno a été désigné spécifiquement pour faire partie du complexe Designers in the City. Son délicieux café est mixé spécialement pour ce café-boutique dont le chocolat chaud est importé directement d’Italie et où chaque élément du menu (sauf les quiches) est concocté chaque jour sur place. En accord avec le concept du complexe, Nocturno accueille pléthore de manifestations culturelles qui dévoilent le travail de nouveaux artistes en herbe.
A travers la rue Bezalel, un très long et vieux bâtiment appartient à Knesset Israël Gimel.
C’est le troisième immeuble d’un complexe qui proposait à l’origine des appartements de deux chambres, à louer gratuitement aux familles religieuses pauvres.
Le premier groupe de logements – Knesset Israël Aleph – a été érigé en 1891 ; Gimel a été fondé juste après la Première Guerre mondiale. Financé par des Juifs américains, le projet consistait à construire des immeubles en forme de U. Les familles gagnaient les appartements en participant à une loterie, et pouvaient rester dans leurs nouvelles maisons pendant trois ans.
Depuis Knesset Israël Gimel, en regardant en face la rue Bezalel, vous vous retrouvez face à face avec une énorme fresque peinte sur le mur du centre Gerard Bechar.
La peinture massive, appelée « Tour du monde en 92 jours », est une réplique agrandie d’une œuvre appartenant à la collection du Musée Israël.
Des monuments de toutes les grandes villes du monde sont représentés dans cette œuvre tumultueuse, en trois parties, avec l’Arc de Triomphe, la Tour de Pise et le Dôme du Rocher au milieu d’un pêle-mêle colossal de personnes, animaux, chariots, routes et ponts.
Au bas de la rue Bezalel se dressent deux synagogues très différentes, chacune avec ses propres traditions distinctes.
La synagogue appelée « Jermuklim » appartient aux Juifs originaires du village turc de Cermik. Les Juifs d’Urfa, une ville à côté de Cermik en Turquie, prient dans la seconde.
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, la région d’Urfa abritait une importante population juive. La plupart des Juifs sont partis pour la Terre d’Israël en 1896 : ils ont pris peur lorsque le Sultan a lancé un pogrom contre les Arméniens du pays.
Anormalement grands, forts et puissants, les nouveaux immigrants juifs travaillaient dans la défense et la construction. Leurs physiques robustes inspiraient un sentiment de sécurité aux gens des quartiers.
Selon la légende, le patriarche Abraham vivait à Urfa avant de partir pour Canaan. On raconte que les premiers Juifs auraient atteint Urfa, au 16ème siècle avant notre ère, peu de temps après l’exil en Babylone, et y ont vécu pendant bien plus de 2 000 ans.
Aviva Bar-Am est l’auteure de sept guides d’Israël en anglais.
Shmuel Bar-Am est un guide agréé qui propose des visites privées personnalisées en Israël à des particuliers, des familles et des petits groupes.
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