L’homophobe Maoz aura la charge de certains contenus enseignés dans les écoles
L'accord de coalition conclu avec le chef de Noam prévoit que son bureau aura 15 salariés et un budget initial de 100 millions de shekels, qui augmentera par la suite
Un accord de coalition qui a été signé par le parti du Likud du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu va offrir à un député d’extrême-droite, connu pour son idéologie farouchement LGBT, le contrôle de certains contenus dans les écoles israéliennes, un budget annuel d’au moins 100 millions de shekels et un bureau où il sera entouré de plus d’une dizaine de collaborateurs, selon une copie de l’accord signé qui a été rendue publique, mercredi.
Netanyahu a signé cet accord avec le législateur Avi Maoz, seul représentant au Parlement israélien de la faction marginale Noam. Ce dernier devient ainsi vice-ministre et dirigeant d’une nouvelle agence gouvernementale « de l’identité juive » au sein du bureau du Premier ministre.
Le texte de l’accord révèle que cette nouvelle instance sera responsable des contenus extérieurs au tronc commun qui sont enseignés dans les écoles israéliennes, ce qui a entraîné de vives critiques et notamment celles de la ministre de l’Éducation sortante.
Selon l’accord, l’unité du ministère de l’Éducation en charge des enseignements et des partenariats externes sera placée sous le contrôle de Maoz, ce qui lui permettra de déterminer quels seront les organismes officiels qui seront autorisés à intervenir dans les classes auprès des élèves.
L’accord précise que ce transfert d’autorité aura lieu lors du premier mois qui suivra l’investiture du nouveau gouvernement.
Le bureau chargé de « l’identité juive » commencera à fonctionner avec un budget annuel de cent millions de shekels avant de passer, l’année suivante, à 150 millions de shekels. Il bénéficiera aussi de financements qui lui permettront d’embaucher jusqu’à 15 responsables et trois conseillers juridiques.
L’accord de coalition n’offre qu’une vague description des responsabilités de l’instance, évoquant « le renforcement et l’enrichissement de l’identité nationale juive dans tout le système public ».
Cet accord conclu avec Maoz – qui hérite également, dans ce contexte, de l’organisation Nativ qui gère l’immigration en provenance des pays de l’ex-Union soviétique – a été vivement dénoncé. Le député est connu pour ses positionnements sexistes et anti-arabes, ainsi que pour son rejet profond du pluralisme dans le judaïsme.
La ministre sortante de l’Éducation, Yifat Shasha-Biton, a estimé que cette prise de contrôle de Maoz sur les enseignements dans les écoles était « un déshonneur moral » et elle a averti que les élèves israéliens en subiraient directement les conséquences.
« Un homme dont la religion est la haine va avoir la charge de ce qui est enseigné à nos enfants dans les écoles. Un homme aux points de vue les plus obscurantistes déterminera les contenus à enseigner, et il choisira les instances qui le feront directement », a-t-elle écrit sur Twitter.
Le député Travailliste Gilad Kariv, un rabbin réformé, a accusé Netanyahu de « donner à un homme chauvin, homophobe et raciste… un ancrage » dans les écoles israéliennes. Il a vivement recommandé aux syndicats enseignants de prendre la parole.
« Nous ne laisserons pas cette personnalité haineuse intervenir dans l’éducation de nos enfants », a écrit Kariv sur Twitter.
« La raison pour laquelle ces personnes veulent prendre le contrôle des cerveaux et des esprits des petits garçons et des petites filles en Israël est claire. Et si cela arrive, alors le Likud et Benjamin Netanyahu auront abandonné l’école. C’est une initiative dangereuse qui fera payer probablement le prix fort aux élèves israéliens », a fait savoir l’organisation Israel Gay Youth.
La faction Noam, qui s’est présentée à la Knesset sur une liste conjointe avec le parti d’extrême-droite Hatzionout HaDatit et avec la formation extrémiste Otzma Yehudit, a fait une campagne délibérément anti-gay et qui rejetait les courants non-orthodoxes du judaïsme, avec notamment des affiches qui décrivaient l’homosexualité et le judaïsme réformé comme des anomalies.
Noam a rejeté mercredi avec défiance les critiques de l’accord de coalition.
« Nous le rappelons à ceux qui pourraient l’avoir oublié : Si l’agenda progressiste s’est inséré au sein du ministère de l’Éducation de manière opaque, sans délibération préalable et, très certainement, sans aucune loi et sans s’appuyer sur un quelconque suffrage, nous avons fait part de manière répétée de notre objectif qui est de remettre l’identité juive au centre du ministère de l’Éducation avant le scrutin », a dit Noam.
Il a indiqué que les Israéliens qui l’accusent « de haine et d’obscurantisme doivent apprendre comment fonctionne une démocratie ».
Dans ce portefeuille, Maoz doit aussi hériter de la responsabilité de l’organisation assurant la liaison avec les immigrants éligibles à la nationalité israélienne qui sont originaires des pays de l’ex-Union soviétique. Parmi eux, les personnes ayant un grand-parent juif et qui ne pratiquent pas par ailleurs une autre religion.
Maoz a dénoncé, dans le passé, les « non-Juifs » qui utilisent la Loi du retour pour s’installer en Israël et il s’est engagé à faire adopter une loi qui réservera l’immigration aux Juifs et aux convertis orthodoxes au judaïsme, même s’il a promis, lundi, de respecter les lois sur l’immigration.
L’inclusion de Maoz dans la coalition naissante n’était pas nécessaire pour la majorité de Netanyahu – le chef du Likud et ses alliés ayant remporté 64 sièges sur 120 lors des élections du 1er novembre.
Cet accord de coalition conclu avec Noam a été annoncé quelques jours seulement après que le Likud a accepté de confier au provocateur d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, chef d’Otzma Yehudit, le poste de ministère de la Sécurité nationale, une version élargie du poste de ministre de la Sécurité intérieure. Le parti aura droit également à deux autres postes ministériels, à un poste de vice-ministre et à la présidence de deux commissions.
Hatzionout HaTorah, Yahadout HaTorah et le Shas n’ont pas encore signé d’accord avec le Likud.