L’hôpital de Fréjus poursuivi suite à une injure antisémite
"Un sale juif de plus" : En 2019, Bernard Benhamou a reçu ces propos dans un enregistrement vocal envoyé par quelqu'un de l'hôpital où venait d'être hospitalisé son père
Les faits remontent au 11 juin 2019. Ce jour-là, Bernard Benhamou, un Roquebrunois de 48 ans, voit son père presque centenaire être hospitalisé aux urgences de l’hôpital Bonnet de Fréjus-Saint-Raphaël. Le fils laisse alors ses coordonnées en demandant qu’on le tienne informé de l’état de santé de son père.
Le jour même, il reçoit un message vocal de l’hôpital dans lequel il est dit très distinctement « Un sale juif de plus », a rapporté le journal Var-Matin. L’homme a depuis conservé l’enregistrement, laissé par une voix féminine depuis l’un des téléphones du centre hospitalier, et l’a fait authentifier par un huissier de justice.
« Sur le moment, je n’en croyais pas mes oreilles », explique aujourd’hui Bernard Benhamou. « Je n’avais jusqu’alors jamais été victime d’une injure antisémite. C’était très violent pour moi. Sur le coup, je n’ai pas cherché à faire d’histoire pour ne pas envenimer la situation. Ma priorité était mon papa qui était dans un état critique. Il est décédé depuis. Pour moi, c’est comme s’il avait été victime aussi. »
L’homme a ainsi écrit au directeur de l’hôpital, déposé plainte à la gendarmerie et s’est rapproché d’un cabinet d’avocats.
S’excusant, le directeur de l’hôpital avait déclaré ouvrir une enquête « pour faire toute la lumière sur cet événement inadmissible, tout particulièrement dans un établissement public », et expliqué que le téléphone incriminé était potentiellement utilisé par une quinzaine d’employés.
En raison d’une prétendue impossibilité de remonter jusqu’à l’auteure des faits, le Parquet a classé la plainte sans suite. M. Benhamou a alors écrit à l’Agence régionale de santé et à la ministre de la Santé d’alors, Agnès Buzyn. Sans effet, il se tourne aujourd’hui vers le tribunal administratif de Toulon. Il réclame ainsi une indemnisation de 6 080 euros au titre du préjudice financier correspondant aux honoraires des avocats et huissiers et au préjudice moral.
« S’il est impossible de retrouver l’auteur de cette faute personnelle grave, il n’en demeure pas moins que l’hôpital est responsable », a expliqué Me Josselin Bertelle, l’avocat de la victime, à Var-Matin.
« La jurisprudence est très claire à ce sujet. Même si elle n’a pas été proférée en public, cette injure est abjecte et peut être punie d’une amende de cinquième classe. Si nous avons lancé cette action, c’est aussi afin qu’il y ait une répercussion pour la personne qui a proféré ces paroles. Si elle ne peut être sanctionnée, nous voulons au moins qu’elle ressente une forme de culpabilité. »