Liban : Libération d’une militante condamnée pour « collaboration » avec Israël
Kinda al-Khatib, arrêtée en juin, avait été condamnée en décembre à trois ans de prison par un tribunal militaire pour "collaboration avec l'ennemi"
Une militante libanaise a été libérée sous caution mardi au Liban dans l’attente d’un nouveau procès, après s’être pourvue en cassation à la suite de sa condamnation par un tribunal militaire pour « collaboration » avec Israël, ont indiqué à l’AFP une source judiciaire et son avocate.
Kinda al-Khatib, arrêtée en juin, a été condamnée en décembre à trois ans de prison par un tribunal militaire pour « collaboration avec l’ennemi », « entrée sur les territoires palestiniens occupés » et « collaboration avec les espions de l’ennemi israélien ».
Pays voisins, le Liban et Israël sont techniquement en état de guerre et Beyrouth interdit notamment à ses ressortissants de se rendre en Israël.
La jeune femme d’une vingtaine d’années était active sur les réseaux sociaux depuis le mouvement de contestation d’octobre 2019, multipliant les critiques enflammées à l’encontre du puissant mouvement terroriste chiite du Hezbollah et d’une classe politique libanaise conspuée par la rue.
Son avocate Jocelyne al-Rahi a indiqué à l’AFP qu’elle avait présenté un recours auprès de la Cour de cassation militaire qui a « accepté le pourvoi en cassation ».
Un second procès doit être organisé, à une date non précisée à ce stade.
« La Cour de cassation militaire a décidé de libérer mardi la militante Kinda al-Khatib en échange d’une caution de trois millions de livres libanaises » – soit environ 200 dollars au taux du marché noir –, a indiqué à l’AFP la source judiciaire, précisant que la jeune femme avait quitté la prison à Beyrouth avec son frère pour rentrer à Tripoli (nord du Liban).
« Kinda continuera de comparaître aux audiences du procès, mais en liberté, jusqu’au verdict », a assuré l’avocate.
Les proches de la jeune femme ont dénoncé une « arrestation politique », tandis que des internautes et certains médias locaux ont dénoncé son jugement. Amnesty international avait réclamé un jugement civil, fustigeant sa comparution devant un tribunal militaire.
Depuis le soulèvement populaire au Liban à l’automne 2019 contre une classe dirigeante accusée de corruption, d’incompétence et de népotisme, plusieurs militants ont été interpellés tandis que les intimidations se sont multipliées, selon plusieurs ONG de défense des droits humains.