Libération de prisonniers à Gaza : Englman fait le point dans un rapport
Le contrôleur de l'État déplore l'absence de définition exacte du rôle des négociateurs, dont le bureau du Premier ministre n'a jamais défini les responsabilités
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
La description de la mission assumée par le négociateur en chef intervenant dans les pourparlers sur la libération des Israéliens qui se trouvent actuellement dans les geôles du groupe terroriste du Hamas, à Gaza, n’a jamais été officiellement faite, a déploré le contrôleur de l’État dans un rapport qui a été émis mardi.
Matanyahu Englman, le contrôleur de l’État, a noté que les négociateurs ont fait leur travail, au fil des années, sans que le bureau du Premier ministre n’établisse clairement leurs responsabilités, leur autorité ou tout cadre détaillé de leur rôle.
Le dernier négociateur en chef, Yaron Blum, avait annoncé au mois d’octobre qu’il présentait sa démission après cinq années passées au poste. Il avait succédé à Lior Lotan, qui avait tenu cette fonction entre 2014 et 2017.
Selon le rapport d’Englman, le gouvernement n’a jamais mis en œuvre les recommandations qui avaient été faites en 212 par la Commission Shamgar, qui établissaient les principes de la libération des prisonniers. Il n’y avait eu qu’une seule rencontre du cabinet de sécurité consacrée au débat sur ces recommandations, une rencontre qui avait eu lieu au mois de juin 2014.
« Le contrôleur de l’État a établi qu’il n’y avait pas eu de discussion supplémentaire sur les recommandations faites par la commission Shamgar, que ce soit au niveau du gouvernement, du cabinet de sécurité ou d’un panel ministériel quel qu’il soit, et qu’aucune décision n’aura finalement été prise concernant ces recommandations », fait remarquer le rapport.
Il établit également que les informations sur le travail mené par le négociateur n’ont pas été transmises de manière appropriée au bureau du Premier ministre et que le négociateur lui-même n’a pu disposer que d’informations « minimales » sur le travail effectué par son prédécesseur.
De plus, aucun cadre officiel n’a su définir les liens entretenus entre les négociateurs et les familles des captifs.
Une femme appartenant à la famille de l’un des prisonniers a déclaré à Englman que la réunion à laquelle elle avait pris part avec l’un des négociateurs avait été « vide de tout contenu » et que son interlocuteur ne lui avait présenté « aucune information significative » concernant les initiatives prises pour faire libérer le détenu, selon le rapport.
Englman a aussi noté que le dernier négociateur avait reçu un salaire mensuel d’environ 50 000 shekels pendant une période de quatre ans et demi, avec des horaires similaires à ceux des fonctionnaires, et même s’il entrait théoriquement dans la catégorie des « conseillers extérieurs ».
Selon les directives de la Commission des services civils, les conseillers extérieurs n’ont pas le droit d’être employés par des agences d’État pendant de longues périodes et avec les mêmes horaires mensuels que les fonctionnaires.
Englman a recommandé que le rôle de négociateur soit officiellement établi et que son autorité et ses responsabilités soient définies.
Le Hamas maintient en détention deux citoyens israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, depuis 2014 et 2015 respectivement, ainsi que les dépouilles de deux soldats de Tsahal, Oron Shaul et Hadar Goldin, qui avaient été tués pendant le conflit de 50 jours qui avait opposé l’État juif et le groupe terroriste à la tête de Gaza en 2014.
Israël et le Hamas sont entrés dans des négociations indirectes pour tenter de mettre en place un accord d’échange de prisonniers. Un accord similaire avait permis d’obtenir la libération d’un soldat israélien, Gilad Shalit, qui était retenu captif par le Hamas. A cette occasion, 1 027 détenus sécuritaires palestiniens avaient été libérés des prisons israéliennes, dont un grand nombre avait été condamné pour terrorisme.
Israël œuvre à obtenir la libération des deux otages vivants et des dépouilles des deux soldats, de manière à pouvoir les rendre aux familles. Les services de renseignement égyptiens, qui entretiennent des liens étroits à la fois avec Israël et avec le Hamas, servent souvent d’intermédiaire déterminant dans ces pourparlers.
Des initiatives qui n’ont, jusqu’à présent, entraîné aucun résultat. En 2021, les responsables israéliens de la Défense ont eu des pourparlers qui auraient été les plus importants et les plus sérieux à avoir été menés jusque-là au vu des lourdes pressions qui étaient alors exercées sur le Hamas dans le contexte plus général de la pandémie de coronavirus, qui ne cessait de se propager dans la bande de Gaza, placée sous blocus.
Il est peu probable que le Hamas fasse des concessions sur la nécessité, à ses yeux, de procéder à la libération massive de prisonniers sécuritaires palestiniens, une initiative hautement controversée qu’aucun gouvernement israélien ne devrait par ailleurs approuver.
L’échange Shalit, qui avait eu lieu en 2011, avait suscité une forte polémique, de nombreux membres de l’establishment sécuritaire israélien déplorant une initiative qui, selon eux, était largement favorable au Hamas. Un grand nombre des 1 027 détenus avaient repris par la suite des activités terroristes – comme Yahya Sinwar, qui est aujourd’hui à la tête de la branche armée du Hamas à Gaza.