Libéré d’une prison en Égypte, un Bédouin craint la démolition de sa nouvelle ‘maison’
Ouda Tarabin, condamné pour espionnage pour Israël et libéré après 15 ans d’efforts diplomatiques, dit que les autorités ont menacé de démanteler sa maison de métal pour violation du code
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Les autorités de planification ont placé un ordre de démolition sur la maison de fortune d’un Bédouin israélien qui a été libéré il y a quatre mois d’une prison égyptienne, après avoir purgé 15 ans pour des accusations d’espionnage au profit d’Israël.
Ouda Tarabin a été rendu à Israël en décembre 2015, suite à des efforts diplomatiques intenses entre Jérusalem et le Caire pour assurer sa libération.
Après sa libération, Tarabin, qui dément avoir espionné pour Israël, a apprécié un rendez-vous très médiatisé avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ce dernier a déclaré être intervenu pour le Bédouin auprès de trois présidents égyptiens – Hosni Moubarak, Mohammed Morsi et le dirigeant actuel, Abdel-Fattah el-Sissi – et a même envoyé son représentant personnel, Yitzhak Molcho, pour assurer la libération de Tarabin à la date où les Égyptiens l’avaient promise.
« L’Etat d’Israël veille sur ses citoyens, sans exception », avait déclaré à l’époque Netanyahu.
Depuis, Tarabin a vécu chez ses parents dans un village bédouin non reconnu dans le nord du désert du Néguev, et a récemment commencé à se construire une maison en tôle sur un terrain voisin.
Mais il a déclaré au site d’informations Walla que les autorités avaient jugé la structure illégale.
« Ils sont venus me voir il y a 15 jours avec un ordre de démolition de la maison que j’ai commencée à construire un mois après être rentré de prison », a expliqué Tarabin à Walla, ajoutant qu’il avait dépensé 60 000 shekels (environ 14 300 euros) pour la structure d’environ 100 m².
« Ils devraient avoir honte », a déclaré Tarabin mardi.
« Je suis furieux. Je n’ai pas de maison où dormir, je dors en ce moment chez mes parents, n’ont-ils pas honte de détruire ma maison ? »

Les autorités lui ont dit que la maison était considérée comme illégale parce qu’il ne l’avait pas construite assez près de la maison de ses parents, a-t-il dit.
Tarabin, qui a repoussé son mariage jusqu’à ce qu’il trouve une autre maison, a déclaré qu’il avait contacté le bureau du Premier ministre pour régler le problème, expliquant qu’il était sur le point de se marier et que la cabane était temporaire puisqu’il achetait une parcelle de terrain dans la ville bédouine voisine de Rahat, officiellement reconnue.
Les membres du clan de Tarabin disent avoir été déplacés par Israël en 1956 à leur emplacement actuel, un morceau de terrain dans le Néguev, flanqué d’un côté par les clôtures de la décharge Dudaim, créé au début des années 1990.
Israël souligne que leur présence ici est illégale, mais les efforts pour déplacer les grandes familles ont jusqu’ici échoué.
Israël rase régulièrement les maisons des Bédouins, d’autres Arabes israéliens et aussi des juifs qui commettent des infractions légales. Le leadership arabe israélien prévoit de lancer une campagne importante contre cette pratique.
Les critiques affirment que les Arabes sont forcés de construire illégalement par des méthodes de planification discriminantes qui favorisent les résidents juifs de l’Etat.