Liberman : Les Juifs américains face à une « catastrophe démographique »
Le ministre des Affaires étrangères veut attirer 3,5 millions de Juifs en Israël et créer un réseau global d'écoles juives
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le maintien de l’identité juive, et non le problème palestinien ou le programme nucléaire iranien, devrait être en haut de la liste des priorités d’Israël, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman mardi.
S’adressant à des dirigeants de la communauté juive américaine au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, Liberman a indiqué qu’il prévoit d’investir des centaines de millions de dollars pour l’établissement d’un réseau mondial d’écoles juives et attirer 3,5 millions de Juifs en Israël dans les dix prochaines années à venir.
« Je voudrais déclarer ma croyance ferme, sur le fait que notre plus grande menace en tant que Juifs, en Israël comme en diaspora, indépendamment des origines, c’est le problème démographique auquel les Juifs du monde font face en ce moment, » a dit le ministre.
« Cela devrait être la priorité des Juifs du monde. Plus important que les négociations palestiniennes ou la menace nucléaire iranienne. »
En parlant à la Conférence des présidents des plus grandes organisations juives américaines, qui tient actuellement leur rassemblement annuel (Israel Leadership Mission), le ministre des Affaires étrangères a cité une longue liste de statistiques pour étayer sa théorie selon laquelle « les Juifs d’Amérique font face à une catastrophe démographique. »
La lecture du récent sondage de Pew sur les Juifs américains est « déprimante », selon le ministre des Affaires étrangères. Les résultats du sondage montrent une hausse du nombre de personnes ayant peu ou aucune identité juive dans leur vie, qui se marie en dehors de leur foi et qui n’élèvent pas leurs enfants dans le judaïsme, dit-il.
« Je suis persuadé que le remède à cette hausse de l’assimilation, de mariages inter-religieux et de désengagement est la faute à l’éducation, » a déclaré Liberman aux dirigeants juifs américains.
« De nos jours, malheureusement, les enfants juifs sont tenus à l’écart des classes juives en raison des coûts exorbitants et inabordables de l’éducation juive aux États-Unis. Un enfant juif ne peut pas, ne devrait pas manquer d’une bonne éducation juive pour des raisons financières. Cela devrait être inacceptable pour tous ceux qui tiennent à l’avenir du judaïsme. »
La situation est similaire dans de nombreuses communautés juives à travers le monde, a-t-il affirmé. « Si cette situation persiste, nous perdrons 6 millions de Juifs dans une génération ou deux, » a averti le ministre.
Liberman a souligné que 90 % des diplomates israéliens qu’il rencontre à l’étranger envoient leurs enfants dans des écoles américaines ou internationales, même quand il y a des écoles juives locales, car elles sont considérées en général, comme de meilleure qualité.
« C’est inacceptable, » insiste-t-il. « Nous devons nous assurer que les écoles juives fassent partie des meilleures écoles au monde. »
Liberman a ensuite appelé à la création d’un « réseau mondial d’écoles juives qui serait mieux classé que le réseau d’écoles américaines ou internationales. » Pour atteindre cet objectif, le gouvernement d’Israël devrait dédier 365 millions de dollars par an, et il espère que les communautés juives en diaspora en feront autant.
« Ces fonds se trouveront dans notre budget ; il s’agit avant tout de faire de l’éducation juive, une priorité qui se placerait au-dessus de tout. Cela doit être la plus importante des priorités pour tous les Juifs, » a-t-il déclaré. « De mon point de vue, cette question est de loin plus importante que tout autre problème, y compris les négociations palestiniennes et la menace nucléaire iranienne. »
De plus, Liberman espère convaincre 3,5 millions de Juifs de la diaspora d’immigrer en Israël lors des 10 prochaines années, « pour que la population juive en Israël excède les 10 millions, » a-t-il dit. « Je sais que cela peut sembler irréaliste pour certains, et d’autres diront que c’est juste un slogan. Néanmoins, en ce qui me concerne, moi je dis : ‘Quand on veut, on peut’ »