Liberman : pas de paix tant que l’accord Fatah-Hamas est sur la table
Le ministre des Affaires étrangères accuse le dirigeant palestinien de "terrorisme diplomatique", mais ne déclare pas la fin des négociations
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Il ne peut y avoir de paix avec Israël tant que la faction du Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’en tient à l’accord de réconciliation signé avec le Hamas, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman.
Réitérant son accusation à l’encontre de Mahmoud Abbas, à savoir qu’il est coupable de « terrorisme diplomatique », Liberman a déclaré qu’Israël n’a pas été surpris par le pacte Fatah-Hamas, puisque Abbas avait tenté à plusieurs reprises de faire sauter les pourparlers israélo-palestiniens au cours des derniers mois.
Il a également précisé s’attendre à une pression internationale sur Israël pour continuer de s’engager dans les pourparlers de paix sous l’égide de Washington, mais a affirmé que les Etats-Unis avaient soutenu la décision de Jérusalem d’annuler une réunion prévue entre négociateurs israéliens et palestiniens.
« Il est clair qu’au moment où Abbas a choisi de s’unir avec le Hamas, faire la paix avec Israël demeure impossible, » a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur les ondes de Radio Israël.
Mercredi, le Hamas et l’Organisation de libération de la Palestine ont annoncé un accord de réconciliation qui donnerait naissance à une formation d’un gouvernement d’union formé d’experts et déboucherait sur de nouvelles élections, après des années de rivalité amère.
Israël a fustigé la décision de la direction palestinienne.
Dans la matinée de jeudi, les plus importants ministres formant le cabinet de sécurité se sont réunis pour discuter des prochaines sanctions dont Israël allait décider en guise de réponse à cette réconciliation.
La réunion n’a pas abouti et Liberman a hésité à déclarer la fin des pourparlers de paix.
Il semblait pourtant catégorique la veille en affirmant que cette réconciliation laisserait peu de chances à la poursuite des négociations au-delà de la date butoir du 29 avril prochain.
« Tant qu’Abbas va dans le sens d’une entente avec le Hamas, l’accord de paix avec Israël est impossible », a-t-il affirmé, en revenant sur la position de son parti Yisrael Beytenu.
« Nous n’accepterons pas un gouvernement qui reçoit ouvertement ses ordres du Hamas, une organisation qui parle clairement de violence, de terreur et ne reconnaît pas notre droit d’exister et ne reconnaît pas nos accords précédents. »
Interrogé pour savoir s’il ne serait pas plus facile d’arriver à un accord avec un gouvernement unifié en face, Liberman répond que « ce n’est pas lui [Abbas] qui règne sur la bande de Gaza. C’est plutôt Gaza qui règne sur la Judée et la Samarie, » a-t-il dit, se référant à la Cisjordanie contrôlée par l’Autorité palestinienne.
L’accord d’unité permettra au Hamas non seulement de maintenir son contrôle sur la bande côtière, « mais aussi sur Ramallah, Naplouse et Hébron, » a-t-il prévenu.
« Il est clair pour quiconque analyse la réalité sur le terrain et connaît les faits que, malheureusement, la direction n’est pas vers la paix, mais vers l’escalade et la confrontation avec Israël. »
Si les élections avaient lieu dans les Territoires palestiniens, comme convenu conjointement par le Hamas et le Fatah, le Hamas serait évidemment gagnant, à la fois à Gaza et en Cisjordanie, selon les prévisions de Liberman.
« Il y a une nette tendance à la confrontation », a-t-il dit. « Le Hamas porte sur le terrorisme classique ; Abbas, sur le terrorisme diplomatique ».
Il ne fait « aucun doute » que la communauté internationale critiquera Jérusalem si l’effondrement des pourparlers de paix survenait après la réconciliation palestinienne, et elle fera pression sur Israël pour les poursuivre, prédit Liberman.
Le défi d’Israël sera de résister à ces pressions, a-t-il affirmé. « Israël ne changera pas ses positions, ça je peux le garantir. Tant qu’Abbas préfère un accord avec le Hamas à un accord avec Israël, nous n’avons pas de partenaire. »