L’infatigable défenseur du mont du Temple pourrait bientôt entrer à la Knesset
Remis de sa tentative d'assassinat de l'année dernière, Yehuda Glick entrera au Parlement si un nouvel élu du Likud partait. Et il y défendra sa campagne incendiaire pour la prière juive sur le site
Yehuda Glick ne se laisse pas décourager. L’année dernière, il a survécu à une tentative d’assassinat quand un Palestinien a tiré sur lui à quatre reprises à bout portant. Avant de tirer, le terroriste avait qualifié Glick d’ « ennemi d’Al-Aqsa » en raison de son plaidoyer en faveur des droits des Juifs à prier sur le mont du Temple.
Mais Glick ne recule pas.
Même maintenant qu’Israël se trouve au milieu d’une vague de terreur, qui est dans une large mesure inspirée par des préoccupations des Musulmans sur la prétendue intention des Juifs de détruire la mosquée Al-Aqsa, Glick n’a pas l’intention de cesser de militer pour que les Juifs soient autorisés à prier sur le mont du Temple. Et il pourrait bientôt être en mesure de défendre sa cause en tant que membre du Parlement israélien.
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« Tout comme je le fais aujourd’hui en dehors de la Knesset, je vais essayer de le faire à l’intérieur de la Knesset », a déclaré cette semaine le rouquin de 50 ans au Times of Israel. « Si je rentre à la Knesset, je vais essayer de faire de mon mieux pour changer la situation sur le mont du Temple. »
Tout en précisant qu’il s’occuperait également d’autres questions, telles que les questions sociales et le dialogue interreligieux, Glick a confirmé qu’il serait « impliqué dans les droits de l’Homme, notamment les droits pour les Juifs sur le mont du Temple. Je serai impliqué en essayant de promouvoir la protection des droits fondamentaux, entre autres, la liberté de mouvement et la liberté de culte ».
Les Juifs peuvent actuellement se rendre sur le site, mais n’ont pas le droit d’y prier. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé à maintes reprises ces derniers mois qu’il ne souhaite pas changer cet arrangement – le fameux statu quo – qui a été mis en place depuis que l’armée israélienne a conquis la Vieille Ville de Jérusalem lors de la guerre des Six Jours en 1967.
« Israël continuera à appliquer sa politique pratiquée de longue date : les Musulmans prient sur le mont du Temple ; les non-Musulmans visitent le mont du Temple, » a déclaré Netanyahu le 24 octobre.
Mais actuellement, les Juifs ne peuvent même pas y aller sans être harcelés, a fait valoir Glick, le directeur de la Fondation du patrimoine du mont du Temple. « Pour le moment, il n’y a pas de liberté de mouvement pour les Juifs,» dit-il.
Alors qu’il y a encore un an, Glick pouvait guider sur le site des groupes allant jusqu’à 100 personnes, dit-il, aujourd’hui la police limite les groupes à 15 personnes. Le Waqf islamique, qui a le contrôle administratif du complexe, avait l’habitude d’envoyer deux représentants pour accompagner des groupes de 40 visiteurs ; aujourd’hui, il y a sept hommes du Waqf qui surveillent chaque groupe, ajoute Glick.
« Le statu quo sur le mont du Temple est en train de changer chaque jour. Il est pire de jour en jour », at-il déploré. « Je serais très heureux de revenir au statu quo d’il y a 15 ans. Ou même au statu quo d’il y a un an ».
Glick, qui a grandi à Brooklyn et a immigré en Israël avec sa famille quand il avait huit ans, est le prochain de la liste du parti Likud à entrer au Parlement. Lors des primaires du Likud avant les élections générales de mars, il a été placé 33e sur la liste du parti pour la Knesset, ce qui semblait être une place non réaliste. Mais le Likud a étonnamment obtenu 30 sièges. Après cela, Danny Danon a demissionné pour devenir l’ambassadeur d’Israël à l’ONU. Et maintenant, Silvan Shalom, a quitté la scène politique au milieu d’allégations de harcèlement sexuel. Si un autre élu du parti devait partir, Glick serait amené à prêter serment en tant que député.
Les politologues disent qu’il n’est pas improbable que le député trublion Oren Hazan, actuellement interdit de participer à des débats parlementaires en raison de son comportement dans l’hémicycle, soit forcé de quitter la Knesset.
Un récent rapport du contrôleur de l’Etat l’a accusé d’avoir gravement violé les lois sur le financement des campagnes et il pourrait faire face à une peine de prison de trois ans. Par ailleurs, selon la version abrégée de la loi dite norvégienne, que la Knesset a adoptée en juillet, les ministres peuvent également quitter le Parlement, tout en conservant leurs portefeuilles ministériels, libérant ainsi leur siège au suivant figurant sur la liste.
D’une façon ou d’une autre, Yehuda Glick pourra bientôt devenir Monsieur le député Yehuda Glick.
« Je ne pense pas que Netanyahu doive avoir peur »
En préparation de cette possible future fonction, Glick assiste régulièrement aux réunions hebdomadaires du groupe parlementaire du Likud. Idéologiquement, il semble correspondre : « Comme la majorité des élus du parti (contrairement au président du Likud, à savoir Netanyahu), il s’oppose à un Etat palestinien, est pour une solution à un Etat, et « pour trouver des options pour que tous les Arabes qui souhaitent partir puissent le faire ».
Cependant au milieu de l’augmentation incessante des attaques terroristes, un nouveau député qui est un ardent promoteur de la prière juive sur le mont du Temple semble être la dernière chose dont a besoin le Premier ministre.
« Netanyahu est consterné par la possibilité qu’un activiste du mont du Temple fasse partie du groupe parlementaire au pouvoir, » a écrit en octobre Yossi Verter, le commentateur politique de Haaretz.
Naturellement, les partis d’opposition ont aussi quelques bonnes choses à dire à propos de l’éventuel futur député.
« L’entrée de Glick à la Knesset constituerait un pas de plus vers la prise de contrôle total de la droite messianique du Likuud, » a déclaré mercredi le député Hilik Bar (Union sioniste) au Times of Israel. « Même si je ne suis pas sûr que cela changerait radicalement la situation, puisque chaque personne raisonnable sait que Netanyahu est l’otage des extrémistes. »
Netanyahu n’a aucun moyen juridique pour empêcher Glick d’entrer à la Knesset. Dès qu’un député du Likud démissionne ou est exclu de la Knesset et que Glick renonce à sa citoyenneté américaine, il prêtera serment, avec tous les droits et responsabilités relatifs à ces hautes fonctions.
Glick reconnaît volontiers le possible inconfort du Premier ministre. « J’ai entendu que quelqu’un panique à cause de cela, » dit-il avec un sourire.
Puis, devenant plus sérieux, Glick note qu’il a rencontré Netanyahu à plusieurs reprises et qu’il n’a reçu aucune indication que le Premier ministre s’oppose à son activisme.
Le 19 août, Glick a rencontré Netanyahu en tête-à-tête pendant plus d’une demi-heure, pour discuter de la situation sur le mont du Temple ainsi que de ses propres aspirations politiques.
Netanyahu était « chaleureux et compréhensif », avait-il dit à l’époque. Glick a présenté à Netanyahu un nouveau livre publié par sa Fondation du patrimoine du mont du Temple. « Lève-toi et gravis » est un guide de 75 pages couvrant à la fois l’histoire et la topographie du mont du Temple, ainsi que des informations pratiques pour les touristes et les pèlerins.
Glick reconnait que des nouvelles sur son éventuel futur statut de législateur pourrait susciter des objections dans le monde dont Netanyahu pourrait se passer.
« Je peux comprendre ses sentiments, surtout depuis ces dernières années où la police a vraiment tout fait pour donner le sentiment que je suis une personne très dangereuse et provocatrice. »
Mais Glick, qui porte une arme depuis la tentative d’assassinat, a dit qu’il a l’esprit d’équipe et a promis d’essayer de ne pas causer d’ennuis. « Je ne pense pas qu’il a de quoi avoir peur, » dit-il à propos de Netanyahu dans ce contexte. « Je ne vais pas rejoindre la Knesset à titre privé. »
‘Si je veux devenir un législateur, je dois respecter la loi’
Par exemple, Glick a dit qu’il allait honorer l’interdiction du Premier ministre de monter sur le mont du Temple. En fait, il dit qu’il a soutenu la décision du 8 novembre de Netanyahou interdisant aux élus de se rendre sur le complexe dans une tentative pour apaiser la violence qui sévissait à l’époque.
« Je pense qu’il devait le faire. Il n’avait pas d’autre option, et je suis très heureux qu’il l’ait fait », a déclaré Glick. « Si je veux devenir un législateur, je dois respecter la loi. Dieu merci, je peux dire que je la respecte déjà. Je n’ai jamais enfreint la loi ».
Il a, cependant, eu de nombreuses interactions avec des organismes d’application de la loi. Une affaire dans laquelle il a été accusé pour avoir poussé une femme arabe qui s’était alors cassée le bras est actuellement en attente de jugement. Glick lui-même a poursuivi la police sept fois, soit pour l’avoir arrêté à tort soit pour lui avoir refusé l’accès au mont du Temple. Il a remporté trois procès et quatre sont en cours.
« La seule façon pour arrêter la tension est une solution mutuellement acceptée »
Jurant de continuer à militer pour le droit des Juifs à prier sur le mont du Temple, mais promettant de ne pas défier la politique de maintien du statu quo du gouvernement, quelle est la proposition de Glick pour le site contesté ?
« L’objectif », a-t-il déclaré, « est que le mont du Temple devienne une « maison de prière pour toutes les nations »- Quiconque veut prier Dieu, le mont du Temple devrait être l’endroit pour le faire. Et toute personne qui a des intentions violentes ne devrait pas y être. »
Et comment est-ce qu’il va y parvenir exactement ?
« Je veux que la tension s’arrête, » répondit-il. « Et le seul moyen pour que la tension s’arrête est une solution acceptée. Pour arriver à cela, vous avez besoin d’une commission composée de personnes représentant tous les intérêts, où les gens crient l’un sur l’autre, et s’écoutent l’un l’autre, jusqu’à ce qu’ils trouvent un accord et parviennent à une solution. Une solution de respect de l’autre. Une solution avec laquelle un monde normal peut vivre ».
Un modus vivendi peut être atteint, a-t-il insisté, citant l’arrangement trouvé, après des années de conflit sanglant, au Tombeau des Patriarches à Hébron. « Il n’y a aucune raison pour qu’on ne trouve pas une solution de partage et montrer du respect à tous sur le mont du Temple. »
Glick pourrait prétendre promouvoir un message de liberté de religion et de liberté d’expression, mais son entrée à la Knesset enverrait un message problématique, selon Yedidia Stern, vice-président à l’Institut de la Démocratie en Israël.
« Yehuda Glick est connu pour être un militant qui invoque un désaccord entre Juifs et Arabes en Israël – il est un symbole », a déclaré Stern au Times of Israel.
Si un tel symbole entrait au Parlement israélien, « on pourrait craindre que ce serait interprété comme s’il représentait la politique israélienne. Ce serait une interprétation erronée, mais toujours quelque chose qu’on pourrait craindre ».
‘La grande majorité du monde musulman ne voit aucune raison pour laquelle nous ne devrions pas permettre la prière juive sur le mont du Temple’
Des organisations de gauche et des politiciens, même du centre tels que l’ancien chef du Shin Bet Yaakov Peri font valoir que tout changement au fragile statu quo sur le mont du Temple a le potentiel d’enflammer l’ensemble du monde arabe.
Certains craignent que toute tentative de promouvoir les droits des Juifs sur le site pourrait déclencher la Troisième Guerre mondiale.
Mais Glick est imperturbable.
« Les guerres mondiales ne démarrent pas si facilement, » dit-il calmement. Certains Arabes radicalisés tentent de convaincre le monde que 1,5 milliard de Musulmans sont prêts à descendre sur Jérusalem pour défendre Al-Aqsa. « Mais les Musulmans du monde ne sont pas convaincus. »
Personne n’est venu en aide aux Palestiniens au cours de la seconde Intifada – également connue comme l’Intifada d’Al-Aqsa – et personne ne viendra cette fois non plus, a-t-il affirmé.
« Vraiment ils n’en ont cure, » dit-il. « Un milliard et demi de Musulmans ne viennent pas. La grande majorité du monde musulman soutient les droits de l’Homme et ne voit aucune raison au monde pourquoi nous ne devrions pas permettre la prière juive sur le mont du Temple. Ils ne comprennent pas pourquoi les gens devraient être arrêtés pour avoir récité une prière ».
Glick avait l’habitude de réciter minha, la prière de l’après-midi, régulièrement sur le mont du Temple, et personne ne le gênait, a-t-il dit. (La police lui interdit de monter sur le site depuis plus d’un an maintenant, sa seule présence étant considérée comme potentiellement incendiaire).
En 1994, a-t-il rappelé, le ministre de la Police, Moshe Shahal, a dit à un panel de la Knesset que les Juifs prient tous les jours sur le mont », et rien ne s’est passé. Chaque jour, tout le temps, sans aucun problème. »
Glick rêve de ramener ces jours. La meilleure façon d’y parvenir est d’augmenter le nombre de visiteurs juifs, a-t-il dit. « Quand vous avez 15 000 Juifs par an et trois millions de Musulmans par an qui se rendent au mont du Temple, il est difficile de faire un changement. Mais si nous arrivons à un point où 100 000 Juifs viennent chaque année – de cette façon nous pourrons venir et exiger des changements ».
Ne croyant dans les révolutions précipitées, Glick veut avancer progressivement vers son but. « Même si Yehuda Glick était Premier ministre demain matin, je ne vais pas faire un changement majeur en une journée. Mais oui, il y aura un processus de changement ».
Finalement, croit-il, les Juifs pourront prier sur le mont du Temple. « Que ce soit dans deux ans, cinq ans ou 10 ans, je ne sais pas. J’ai de la patience. »
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