Réactions après le lancement réussi d’un premier satellite militaire iranien
Les Gardiens de la Révolution ont annoncé le lancement "avec succès" du satellite "Nour" ; Washington accuse Téhéran de vouloir renforcer ses compétences balistiques

Les Gardiens de la Révolution en Iran ont annoncé le lancement « avec succès » du premier satellite militaire iranien mercredi, alors que Washington accuse Téhéran de vouloir renforcer ses compétences dans le domaine des missiles balistiques par le biais du lancement de satellites.
Le satellite, baptisé Nour, a été « lancé avec succès ce matin, mercredi 22 mai, à partir du lanceur à deux étages Qassed depuis le désert de Markazi (centre) en Iran », a indiqué le site Sepahnews, organe de l’armée idéologique de la République islamique.
Le satellite Nour (Lumière en persan) a « orbité autour de la Terre à 425 km », selon le site des Gardiens.
« Cette action sera une grande réussite et un nouveau développement dans le domaine de l’espace pour l’Iran islamique », ajoute-t-il.
Le ministère des Affaires étrangères israélien a condamné, mercredi, le lancement. « Israël condamne avec force le lancement l’essai de lancement d’un satellite militaire par les Gardiens de la révolution, organisation terroriste reconnue comme telle par les Etats-Unis », a-t-il expliqué. Le ministère a ajouté qu’Israël « appelle la communauté internationale à condamner ce lancement et à imposer des sanctions supplémentaires au régime iranien pour le dissuader de se livrer à des activités provocatrices et dangereuses ».
Ex-conseiller national de M. Trump et partisan de la ligne dure, John Bolton a affirmé sur Twitter y voir « la preuve » d’une pression encore insuffisante exercée sur l’Iran. « Les ayatollahs ne sont pas ralentis par le coronavirus », a-t-il encore commenté.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a également jugé que le lancement était « contraire » à la résolution des Nations unies et démontrait que les Etats-Unis avaient « raison » en dénonçant des programmes des tirs de « missiles » masqués. « L’Iran devra rendre des comptes », a-t-il prévenu.
« Il y a des limites et des lignes à ne pas franchir s’ils ne veulent pas en subir les conséquences », a aussi menacé le vice-ministre américain de la Défense David Norquist.
Ce lancement survient plus de deux mois après l’échec le 9 février de celui d’un satellite d’observation scientifique, baptisé Zafar (Victoire en persan).

La tentative de lancement du Zafar était intervenue quelques jours avant le 41e anniversaire de la Révolution islamique.
Elle avait été notamment condamnée par la France, pour qui cette opération fait appel à des technologies « balistiques » semblables à celles utilisées pour emporter des armes nucléaires. Paris avait alors appelé Téhéran à respecter ses « obligations » internationales.
Téhéran maintient que son programme spatial est « pacifique » et réfute les affirmations selon lesquelles il a une dimension militaire
L’hostilité de longue date entre Téhéran et Washington a été exacerbée depuis que Washington a décidé en mai 2018 de dénoncer unilatéralement l’accord international sur le nucléaire iranien (conclu en 2015) et de rétablir des sanctions économiques punitives contre Téhéran.
Les tensions ont atteint un nouveau pic après l’élimination du général iranien Qassem Soleimani, tué dans une frappe de drone américaine à Bagdad le 3 janvier.

Les Etats-Unis ont mis en garde contre le programme spatial iranien, qualifiant notamment le tir par Téhéran d’une fusée chargée du lancement d’un satellite en janvier 2019 de « provocation » et de violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette résolution appelle l’Iran à « ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ».
Assurant n’avoir aucun projet de se doter de l’arme atomique, Téhéran assure que ses programmes balistique et spatial sont licites et ne violent pas la résolution.