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L’Iran ferme un institut français après des caricatures de « Charlie Hebdo »

L'Iran avait averti mercredi Paris qu'il réagirait après la publication de caricatures "insultantes" de l'ayatollah Ali Khamenei dans le magazine satirique français

Le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, s'exprimant lors d'une réunion avec un groupe de forces paramilitaires Basij à Téhéran, en Iran, le 26 novembre 2022. (Crédit: Bureau du Guide suprême iranien via AP/Dossier)
Le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, s'exprimant lors d'une réunion avec un groupe de forces paramilitaires Basij à Téhéran, en Iran, le 26 novembre 2022. (Crédit: Bureau du Guide suprême iranien via AP/Dossier)

L’Iran a annoncé jeudi la fermeture de l’un des plus anciens et des plus importants centres d’études français comme première riposte à la publication ce mercredi par Charlie Hebdo, journal satirique français, de caricatures jugées insultantes pour le guide suprême iranien Ali Khamenei.

Les autorités iraniennes avaient averti mercredi Paris qu’elles prendraient des mesures après la publication mercredi par Charlie Hebdo de ces dessins mettant en scène la plus haute personnalité religieuse et politique de la République islamique d’Iran.

« (…) Le ministère met fin aux activités de l’Institut Français de Recherche en Iran (IFRI) comme une première étape », a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon son site, l’IFRI est affilié au ministère français des Affaires étrangères. Il est né en 1983 après la fusion de la Délégation Archéologique Française en Iran (DAFI), créée en 1897, et de l’Institut français d’iranologie de Téhéran (IFIT), fondé en 1947 par Henry Corbin.

Les caricatures publiées dans le journal satirique ont été retenues dans le cadre d’un concours lancé en décembre, au moment où des manifestations se poursuivaient en Iran pour protester contre la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays.

Les responsables iraniens, qui dénoncent généralement des « émeutes », affirment que des centaines de personnes ont été tuées lors des protestations, y compris des membres des forces de sécurité, et des milliers d’autres arrêtées.

Charlie Hebdo avait soutenu en décembre que ce « concours international » pour ce numéro spécial « 7 janvier », en référence à l’attentat qui a touché sa rédaction le 7 janvier 2015, visait à soutenir les « Iraniens qui se battent pour leur liberté ».

« Le concours #MullahsGetOut était une manière de rappeler que les raisons pour lesquelles avaient été assassinés les dessinateurs et rédacteurs de Charlie, il y a huit ans, sont malheureusement toujours d’actualité », a écrit Riss, directeur de publication du journal.

https://twitter.com/Charlie_Hebdo_/status/1610320090309836802

« Acte haineux »

Le numéro contient ainsi plusieurs dessins d’ordre sexuel montrant l’ayatollah Khamenei et d’autres religieux iraniens, de même que des caricatures dénonçant le recours en Iran à la peine capitale comme tactique pour intimider les manifestants. Deux Iraniens ont été exécutés pour leur implication dans les manifestations.

Mercredi, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a dénoncé « un acte insultant et indécent » et promis qu’il ne resterait « pas sans réponse efficace et ferme ».

L’ambassadeur de France en Iran Nicolas Roche a été convoqué le même jour par le ministère des Affaires étrangères à Téhéran.

« La République islamique d’Iran n’accepte en aucune façon l’insulte de ses valeurs (…) islamiques, religieuses et nationales (…) et la France n’a pas le droit d’insulter ce qui est sacré (…) pour les pays musulmans sous le prétexte de la liberté d’expression », a dit le porte-parole du ministère Nasser Kanani.

L’Iran « considère le gouvernement français responsable pour cet acte haineux, insultant et injustifié », a-t-il ajouté dans un communiqué, précisant attendre des « explications » de Paris.

Le siège de l’IFRI, situé dans le centre de Téhéran, avait été fermé durant de longues années. Il avait rouvert sous la présidence de Hassan Rohani (2013-2021) comme un signe du réchauffement des relations entre la France et l’Iran. Il comprend notamment une riche bibliothèque, utilisée par les étudiants de la langue française et des universitaires iraniens.

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