L’Iran reconstruit ses défenses aériennes détruites par Israël l’an dernier – média
En prévision d'une attaque contre ses sites nucléaires, les systèmes sol-air et les radars sont en cours de relocalisation et de diversification, rapporte le Financial Times

L’Iran répare et prépare ses systèmes de défense aérienne, endommagés l’an dernier par Israël, afin d’être prêt à faire face à une éventuelle frappe américaine ou israélienne contre ses sites nucléaires, a rapporté dimanche le Financial Times, citant des analystes proches des évaluations qui ont pu être faites par les services de renseignement occidentaux et s’appuyant sur des images satellites.
Les données indiquent que l’Iran a déplacé un certain nombre de systèmes de défense aérienne, notamment des lanceurs du système de défense aérienne S-300 de fabrication russe, vers des sites nucléaires stratégiques, parmi lesquels ses installations d’enrichissement d’uranium à Natanz et Fordo.
« Nous assistons à une amélioration remarquable des capacités et de l’état de préparation de la défense aérienne du pays », a déclaré le mois dernier Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées iraniennes, selon l’article qui a été publié dimanche.
« Les ennemis de la nation iranienne doivent comprendre que toute violation de l’espace aérien de notre pays leur causera des dommages considérables. »
Des développements qui interviennent alors qu’Israël serait sur le point de lancer des frappes aériennes contre les sites nucléaires iraniens, malgré les efforts continus livrés par les États-Unis pour négocier un nouvel accord visant à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Les États-Unis ont insisté pour que l’Iran renonce à l’enrichissement d’uranium, un droit que Téhéran est déterminé à préserver. L’administration Trump a menacé de prendre des mesures militaires en cas d’échec des négociations.
Les mandataires régionaux de l’Iran ont commencé à attaquer Israël pour soutenir le groupe terroriste palestinien du Hamas, suite au pogrom que ce dernier a mené le 7 octobre 2023, déclenchant ainsi la guerre actuelle à Gaza.

Comme beaucoup le craignaient, les combats ont fini par entraîner l’Iran et Israël dans un conflit direct. L’Iran a tiré à deux reprises des salves de centaines de missiles et de drones sur Israël, d’abord dans la nuit du 13 au 14 avril 2024, puis à nouveau le 1ᵉʳ octobre. Les attaques ont été largement contrées par les systèmes de défense antiaérienne israélienne, en coopération avec les États-Unis et leurs alliés régionaux.
Après la première attaque, Israël a mené une frappe limitée en Iran. Après la seconde, l’armée de l’air israélienne a bombardé de nombreux sites, visant notamment des systèmes de défense aérienne, y compris les très vantés S-300.
Le degré de réussite de cette opération fait l’objet de divers avis. Les responsables israéliens ont fait état de dégâts importants, l’un d’entre eux affirmant sous couvert d’anonymat à Fox News que l’Iran était désormais « pratiquement sans défense ».
Cependant, selon le Financial Times, des images open source ont montré que de nombreux sites de défense aérienne semblaient vides, ce qui rend difficile l’estimation du nombre exact de lanceurs détruits.
Depuis lors, l’Iran s’efforce de reconstruire ses capacités, et deux sources anonymes proches des services de renseignement ont déclaré que le pays avait déplacé et diversifié ses lanceurs et ses radars.
Dans une démonstration de force, un lanceur S-300 et un camion radar ont participé aux célébrations de la « Journée de l’armée » à Téhéran le mois dernier. Lors d’un exercice militaire en février, un S-300 a été montré en train de tirer un missile à l’aide d’un système radar de conception iranienne. Selon les analystes, cela pourrait s’expliquer par la destruction du système russe d’origine, indique l’article.
Outre les équipements russes, l’Iran dispose également de systèmes sol-air (SAM) produits localement, notamment de missiles à longue et moyenne portée.
« Alors que tout le monde se concentre sur le S-300, l’Iran accorde une grande importance à la création de systèmes de défense antiaérienne modernes et ultra-mobiles, capables de changer rapidement de position et de se dissimuler dans des abris, ce qui les rend moins vulnérables aux frappes à longue portée », a expliqué Yuri Lyamin, spécialiste en défense antiaérienne au Centre d’analyse des stratégies et des technologies de Moscou.

Les experts interrogés par le Financial Times ont souligné la capacité d’Israël à pénétrer l’espace aérien iranien. Cependant, la charge utile limitée de ses avions nécessiterait plusieurs missions, voire plusieurs jours, pour détruire les sites nucléaires enfouis dans des bunkers souterrains. Parallèlement, les avions attaquants devraient échapper à plusieurs reprises aux systèmes de défense iraniens.
Nicole Grajewski, du Carnegie Endowment à Washington, a déclaré au journal que « l’Iran veut clairement réfuter l’idée selon laquelle ses défenses aériennes avancées ont été détruites ».
Selon le spécialiste Lyamin, le résultat d’une attaque israélienne « dépendra de la capacité des attaquants à travailler ensemble, par rapport à celle des forces de défense. La meilleure équipe l’emportera ».
L’Iran, qui revendique ouvertement son intention de détruire Israël, a toujours nié chercher à se doter d’armes nucléaires. Toutefois, la république islamique enrichit de l’uranium à des niveaux qui n’ont pas de finalité pacifique, entrave les inspections internationales de ses installations nucléaires et développe ses capacités en matière de missiles balistiques. De plus, ses responsables avertissent de plus en plus ouvertement que le pays serait prêt à se doter de l’arme atomique.