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AIEA : L’Iran accélère la production d’uranium hautement enrichi ; Netanyahu : « stoppez l’Iran ! »

Des essais de détonateurs pour bombes nucléaires ont été effectués en 2003 ; selon l'AIEA, Téhéran dispose d'une quantité d'uranium suffisante pour 9 bombes ; le Premier ministre exhorte la communauté internationale à "agir maintenant"

Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei (à droite) visitant une exposition sur les projets nucléaires de l’Iran, à Téhéran, en Iran, le 11 juin 2023. (Crédit : Bureau du Guide suprême iranien/AP)
Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei (à droite) visitant une exposition sur les projets nucléaires de l’Iran, à Téhéran, en Iran, le 11 juin 2023. (Crédit : Bureau du Guide suprême iranien/AP)

Selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a été jugé « politique » par l’Iran, ce dernier aurait encore accéléré son rythme de production d’uranium hautement enrichi, au moment où le pays affirme avoir reçu des « éléments » d’une proposition américaine pour un nouvel accord.

L’AIEA a noté une nette hausse de l’uranium enrichi à 60 %, seuil proche des 90 % nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, d’après un bilan d’étape consulté par l’AFP.

Le total s’élevait à 408,6 kg le 17 mai, soit une augmentation de 133,8 kg sur les trois mois précédant cette date (à comparer à une augmentation de 92 kg qui avait été réalisée sur la période précédente).

Quant à la quantité totale d’uranium enrichi, elle dépasse désormais de 45 fois la limite autorisée par l’accord conclu en 2015, connu sous l’acronyme JCPOA, avec les grandes puissances. Elle s’élève à 9 247,6 kg.

« Cette hausse considérable dans le seul État non-détenteur d’armes nucléaires à produire une telle matière suscite une forte inquiétude », a écrit l’instance onusienne.

En réaction, le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé des conclusions « politiques », qui « ne présentent pas une évaluation complète et précise des facteurs ayant un impact sur la situation actuelle ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi participant à une réunion avec son homologue russe Sergei Lavrov, à Moscou, le 18 avril 2025. (Crédit : Tatyana Makeyeva/POOL/AFP)

Dans un communiqué, il a accusé l’AIEA de « s’appuyer sur des sources d’information peu fiables et trompeuses, des informations fournies par le régime israélien ».

Téhéran, qui cherche ouvertement à détruire Israël, affirme vouloir maîtriser la technologie nucléaire à des fins pacifiques et nie depuis longtemps les accusations lancées par les puissances occidentales qui affirment que le régime des ayatollahs chercherait à développer des armes nucléaires. Toutefois, la république islamique enrichit des quantités croissantes d’uranium à des niveaux qui ne peuvent être utilisés que pour la fabrication d’armes nucléaires.

Si beaucoup de ses conclusions concernent des activités remontant à plusieurs décennies et qu’elles ont déjà été formulées auparavant, le rapport de l’AIEA est plus catégorique. Il résume les développements intervenus ces dernières années et il met plus clairement en évidence l’existence d’activités coordonnées et secrètes, dont certaines sont liées à la fabrication d’armes nucléaires.

L’agence a également précisé que la coopération de l’Iran avec l’AIEA restait « insatisfaisante » à « plusieurs égards ». L’AIEA cherche toujours à comprendre les traces d’uranium qui avaient été découvertes il y a plusieurs années sur deux des quatre sites qu’elle a inspectés. L’agence a découvert que trois d’entre eux avaient servi à mener des expériences secrètes.

L’AIEA a conclu que « ces trois sites, ainsi que d’autres sites potentiellement liés, faisaient partie d’un programme nucléaire structuré non-déclaré qui était mené par l’Iran jusqu’au début des années 2000 » et que « certaines activités ont utilisé des matières nucléaires non déclarées », indique le rapport.

Les matières nucléaires et/ou les équipements fortement contaminés issus de ce programme ont été stockés sur le quatrième site, Turquzabad, entre 2009 et 2018, précise le rapport.

Le site de Turquzabad avait été révélé au grand public en 2018, lorsque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l’avait dévoilé devant l’ONU. Il avait annoncé que Turquzabad servait d’entrepôt nucléaire clandestin dissimulé dans une usine de nettoyage de tapis.

L’Iran avait nié ces allégations. Mais en 2019, les inspecteurs de l’AIEA avaient détecté la présence de particules d’uranium artificiel sur le site.

Benjamin Netanyahu brandissant une photo de ce qu’il a présenté comme un entrepôt nucléaire secret iranien, devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 27 septembre 2018. (Crédit : John Moore/Getty Images/AFP)

Téhéran et Washington ont tenu le 23 mai à Rome le cinquième cycle de pourparlers sous l’égide de l’Oman.

Aucune nouvelle date n’a pour le moment été fixée.

En cas d’accord avec Washington, l’Iran a affirmé mercredi que le pays pourrait autoriser des inspecteurs américains de l’AIEA à travailler sur son sol.

Il s’agirait d’une première depuis la révolution islamique de 1979, selon Ali Vaez, chercheur spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group, un cercle de réflexion américain.

L’AIEA a par ailleurs déploré samedi la coopération « moins que satisfaisante » de l’Iran dans un second rapport préparé par l’instance onusienne à la demande des Occidentaux, lors de leur résolution critique de novembre.

« L’Iran a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l’agence, et a nettoyé » des lieux, « ce qui a entravé les activités de vérification » dans trois sites non déclarés : Lavisan-Shian, Varamin et Turquzabad, a déploré l’AIEA.

À Lavisan-Shian, près de Téhéran, un disque en uranium métallique a été « utilisé dans la production de sources neutroniques à explosion » à au moins deux reprises en 2003, un processus destiné à déclencher l’explosion d’une arme nucléaire, selon le rapport, qui ajoute qu’il s’agissait d’essais « à petite échelle ».

Selon des diplomates, ce rapport devrait conduire à la saisine du Conseil de sécurité de l’ONU, même si cela devrait probablement se faire lors d’une prochaine réunion du conseil d’administration de l’AIEA.

À plus court terme, cela risque d’inciter l’Iran à accélérer ou à étendre son programme déjà très avancé, comme il l’avait déjà fait après les précédentes réprimandes du Conseil. Cela pourrait également compliquer davantage les négociations avec les États-Unis visant à freiner ce programme.

De quoi fabriquer neuf bombes

Samedi, l’AIEA a envoyé un rapport distinct aux États membres indiquant que les stocks d’uranium enrichi à 60 % de pureté, soit près de 90 % de la pureté requise pour la fabrication d’armes nucléaires, ont augmenté de moitié environ pour atteindre 408,6 kg. Selon les critères de l’AIEA, cette quantité est suffisante, si elle est encore enrichie, pour fabriquer neuf armes nucléaires.

Selon le groupe de veille, environ 42 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 % suffisent en théorie pour fabriquer une bombe atomique, si cet uranium est enrichi à 90 %.

Le rapport de l’AIEA a lancé un avertissement sévère, affirmant que l’Iran est désormais « le seul État non doté d’armes nucléaires à produire de telles matières », ce que l’agence a qualifié de « très préoccupant ».

Téhéran n’a pas encore réagi au dernier rapport de l’AIEA.

Netanyahu : « Agissez maintenant ! »

Dans une rare déclaration faite samedi, jour du Shabbat, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que ce rapport montrait que le programme nucléaire iranien n’était pas pacifique et que Téhéran restait déterminé à mener à bien ses projets d’armement nucléaire.

La centrale nucléaire de Bushehr, à l’extérieur de la ville de Bushehr, dans le sud de l’Iran. (Crédit : Mehr News Agency, Majid Asgaripour/AP)

« La communauté internationale doit agir maintenant pour arrêter l’Iran », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué, ajoutant que le niveau d’enrichissement d’uranium atteint par l’Iran « n’existe que dans les pays qui poursuivent activement la fabrication d’armes nucléaires et n’a aucune justification civile ».

Téhéran a toujours affirmé que son programme nucléaire était uniquement destiné à des fins pacifiques, mais le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a déjà averti que l’Iran disposait de suffisamment d’uranium enrichi à des niveaux proches de ceux requis pour la fabrication d’armes nucléaires pour fabriquer « plusieurs » bombes atomiques si elle le souhaitait.

Les responsables iraniens laissent de plus en plus entendre que Téhéran pourrait se doter de l’arme atomique.

Les agences de renseignement américaines estiment que l’Iran n’a pas encore sérieusement entamé un programme d’armement, mais que le pays a « entrepris des activités qui le placent en meilleure position pour produire un dispositif nucléaire, s’il choisit de le faire ».

Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, s’adressant aux journalistes participant à un séminaire d’une semaine à l’agence, à Vienne, en Autriche, le 28 mai 2025. (Crédit : Jon Gambrell/AP)

Un appel à la coopération de l’Iran

Samedi, Grossi a déclaré qu’il « réitérait son appel urgent à l’Iran pour qu’il coopère pleinement et efficacement » avec l’enquête menée depuis plusieurs années par l’AIEA sur les traces d’uranium découvertes sur plusieurs sites en Iran.

Dans son rapport publié samedi, l’AIEA a déclaré que « l’absence de réponses et d’éclaircissements de la part de l’Iran » l’avait amenée à conclure que les sites secrets, ainsi que d’autres sites potentiellement liés, faisaient partie d’un programme nucléaire structuré non déclaré mené par l’Iran jusqu’au début des années 2000 et que « certaines activités avaient utilisé des matières nucléaires non déclarées ».

L’agence a notamment souligné l’absence de progrès de la part de Téhéran dans l’explication de la présence de matières nucléaires sur des sites non déclarés.

« L’Iran, en particulier, a à plusieurs reprises omis de répondre ou fourni des réponses techniquement peu crédibles aux questions de l’agence et a procédé à des opérations de nettoyage des sites mentionnés dans le présent rapport, ce qui a entravé les activités de vérification de l’agence. »

Le président américain Donald Trump a déclaré avoir demandé à Netanyahu de suspendre toute frappe potentielle contre les sites nucléaires iraniens afin de donner plus de temps à l’administration américaine pour négocier un nouvel accord avec Téhéran.

Ce rapport a été divulgué alors que Washington et Téhéran mènent des discussions depuis plusieurs semaines pour tenter de trouver un nouvel accord et stopper l’escalade.

Samedi, l’Iran a affirmé avoir reçu des « éléments » d’une proposition américaine à l’issue de cinq cycles de négociations menés sous l’égide d’Oman et a déclaré, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, sur le réseau social X, qu’il y répondrait de manière appropriée.

Le président américain Donald Trump s’exprimant lors d’une conférence de presse avec Elon Musk, dans le Bureau ovale, à la Maison Blanche, le 30 mai 2025, à Washington. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Vendredi, Trump estimait qu’Iran et États-Unis étaient « assez proches d’un accord », un optimisme toutefois tempéré par Araghchi, qui n’était « pas sûr » de « l’imminence » d’un accord.

« Ils ne veulent pas être détruits. Ils préfèrent conclure un accord », a déclaré Trump à propos de l’Iran.

« Ce serait formidable que nous puissions conclure un accord sans que des bombes ne tombent partout au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

Durant son premier mandat (2017-2021), Trump avait retiré unilatéralement son pays d’un accord international sur le nucléaire conclu en 2015 et il avait rétabli de lourdes sanctions américaines.

En représailles, l’Iran s’était affranchi de certaines de ces obligations, accélérant notamment l’enrichissement d’uranium bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord.

Trump cherche désormais à négocier un nouveau texte, tout en menaçant d’avoir recours à l’option militaire en cas d’échec de la diplomatie.

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