L’Israélien Adam Steel, star du design avec ses œuvres de luxe en métal
Prodige de l'architecture intérieure en métal, Steel dessine des luminaires, escaliers et portes uniques pour ses clients et les plus grandes entreprises
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans l'immobilier pour le Times of Israel.
Ces dernières années, l’augmentation des prix des matériaux de construction a fait grimper en flèche ceux de l’immobilier, mais les plus affectés ont sans nul doute été les métaux, fer, acier et cuivre.
Dans ces circonstances, pour quelle raison Adam Steel, architecte d’intérieur connu pour son travail avec les métaux sur les murs, portes et escaliers, pour ne citer qu’eux, est-il tellement demandé ?
Le maître israélien du métal, qui a abandonné son nom, Perez, pour s’en choisir un plus en phase avec sa vocation, a conçu et installé des éléments pour des espaces de luxe un peu partout dans le monde : Israël, Turquie, Canada, Royaume-Uni, Italie, Russie et ailleurs. La plupart de ses oeuvres sont destinées à des domiciles privés, mais il a également travaillé pour de grandes entreprises comme Microsoft et vient de terminer les revêtements et luminaires du hall d’entrée d’un immeuble de 29 étages à Miami qui offre des logements subventionnés aux fonctionnaires.
Ses oeuvres ne sont assurément pas à la portée de toutes les bourses : un escalier conçu et fabriqué par Steel coûte en moyenne 250 000 à 300 000 dollars, et une porte, de 140 000 à 200 000 dollars.
« Les prix des biens immobiliers sont tellement fous aujourd’hui que les acheteurs sont prêts à dépenser encore plus pour avoir des prestations uniques. Ils paient déjà le prix fort », déclarait récemment Steel au Times of Israel.
« Ce que je fais coûte cher, mais chaque pièce est unique, et ceux qui achètent chez moi savent qu’il s’agit d’une dépense unique dans une vie et qu’elle fait partie de l’infrastructure de la maison. Je vois de plus en plus de gens qui veulent moins de choses, mais qui veulent ce qu’il y a de meilleur. La qualité est difficile à trouver, et c’est ce que je fais en sorte de donner à chaque projet. »
Steel, 33 ans, explique avoir eu un parcours scolaire difficile, mais, à l’âge de 17 ans, une première expérience de travail avec les métaux, dans une usine d’aluminium, l’a rendu accro.
« Je n’étais doué ni pour lire ni pour écrire. Mais j’aimais tout ce qui impliquait de devoir me servir de mes mains », ajoute-t-il.
Steel aime jouer avec les métaux. Il en apprécie immédiatement le toucher et la beauté et trouve le cadre idéal pour ses réalisations à venir.
Il y a dix ans, Steel a créé son entreprise de design axée sur la création d’équipements de maisons et d’espaces de travail en métal. Il fait d’ouvrages fonctionnels de véritables œuvres d’art complexes qui mettent en valeur les matériaux mis en oeuvre.
Aujourd’hui, il a deux usines en Israël – à Petah Tikva et à Emanuel – avec une centaine de collaborateurs.
Selon une étude de marché réalisée par Fact.mr, la part des investissements dans le design d’intérieur, y compris l’architecture d’intérieur, a augmenté de près de six pour cent chaque année depuis 2017. Elle devrait continuer à croître d’environ six et demi pour cent par an lors des dix prochaines années, avec un marché d’une valeur de plus de 200 milliards de dollars à l’échelle mondiale d’ici 2032.
Outre le fer et l’acier, Steel travaille également le cuivre, l’aluminium, le zinc et le bronze. Il conçoit des escaliers panoramiques, des portes, des murs, des poignées et, depuis peu, des meubles uniques et sur mesure.
Steel travaille souvent avec des architectes établis comme Oded Lavi, connu pour ses projets résidentiels luxueux, ou Ron Arad, le célèbre designer industriel israélo-britannique à l’origine du ToHA de Tel Aviv, du Design Museum de Holon et du Mémorial de la Soah au Royaume-Uni.
Au-delà de son travail pour une clientèle privée, Steel est particulièrement fier de l’escalier conçu pour un hôpital, à Afula, dont il estime qu’il concourt à créer un environnement rassurant, beau et thérapeutique.
« Il n’y a rien de mieux que de travailler avec le métal à l’état naturel et d’utiliser ces propriétés naturelles, qui changent au fil du temps. J’ai un style plutôt minimaliste qui se marie bien avec la texture des matériaux que j’utilise », dit-il dans une explication qui trahit son amour pour ses matériaux de prédilection.
Les matériaux avec lesquels il travaille sont souvent recyclés et il accorde une attention toute particulière à la maitrise de l’énergie nécessaire à son processus de production. Tout ce que Steel produit est construit pour durer toute une vie, et même davantage.
« Je veux faire quelque chose qui impressionne et que les gens puissent garder cinquante ou soixante ans, voire qu’ils transmettent de génération en génération, parce que c’est complètement intemporel », précise-t-il.
En 2015, une maison qu’il s’était construite à partir de conteneurs maritimes, équipée de ses créations en métal, avait été nommée « Maison de la saison » par le trimestriel « Architecture en Israel », ce qui a valu au jeune artiste une reconnaissance rapide de son style unique et de sa créativité.
La maison, faite de conteneurs normalement utilisés pour transporter les matières premières jusqu’à son usine, comprend un salon, une cuisine, une salle de bains et une chambre à coucher, en haut d’un escalier métallique. Des baies vitrées confèrent volume et espace à une surface plutôt exiguë.
« Un conteneur est une bonne taille pour une maison », explique-t-il. « C’est très bon marché et très résistant, et cela se fond aisément dans l’environnement. Nous ne les utilisons pas assez. Il y a tellement de choses à faire avec, au lieu de les jeter. »
Depuis une vingtaine d’années, les conteneurs sont de plus en plus recyclés sous forme de logements, de bureaux ou de magasins : peu chers et faciles à aménager, ils donnent souvent lieu à des réalisations plutôt chics en Israël et ailleurs dans le monde.
Le dernier projet en date de Steel contribue à démocratiser son travail, sans pour autant faire de compromis sur la qualité.
Il entend se diversifier et passer d’un modèle économique fondé sur le sur-mesure à la production d’une gamme de meubles et d’accessoires, pour des clients au budget plus limité que sa clientèle habituelle.
« Je veux créer les plus belles tables et chaises, meubles de rangement et miroirs au monde. Ce seront des achats spéciaux », explique-t-il.
Malgré l’intérêt international dont son travail fait l’objet et les projets de plus en plus vastes à l’étranger, Steel aime rappeler qu’il reste en Israël.
« Je suis sioniste et israélien, et je resterai en Israël. Ma marque, je l’espère, voyagera plus loin que moi et m’apportera toujours plus de projets uniques et stimulants, que ce soit à l’intérieur d’Israël ou ailleurs », ajoute-t-il.
Le fait de travailler avec le métal fait que les oeuvres de Steel ont un caractère intemporel que les artisans travaillant avec d’autres médiums peuvent jalouser. Selon lui, cela le relie à la longue histoire du peuple juif et aux objets qui l’accompagnent depuis toujours.
« Je fréquente une synagogue, très belle et minimaliste, complètement dédiée à son objet, sans fioritures. Nous avons créé des rouleaux de Torah qui triomphent du temps et sont utilisés, encore aujourd’hui. C’est cela qui m’intéresse : faire des choses qui parlent vraiment aux gens et qui survivent au passage du temps. »