Lloyd Austin à Yoav Gallant : ne « sapez » pas la stabilité de la Cisjordanie
Le secrétaire à la Défense "réaffirme son engagement envers le droit d'Israël à l'autodéfense" ; son homologue israélien promet de faire "tout ce qu'il faut" pour arrêter l'Iran
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a averti son homologue israélien, Yoav Gallant, de ne pas adopter de politiques susceptibles de « compromettre la sécurité et la stabilité en Cisjordanie », lors d’un premier appel entre les deux hommes mercredi soir, selon le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Pat Ryder.
Le compte rendu publié par Ryder indique qu’Austin « a souligné l’importance d’éviter les politiques qui pourraient nuire à la sécurité et à la stabilité en Cisjordanie, tout en réaffirmant son engagement envers le droit d’Israël à l’autodéfense ».
La Cisjordanie a connu une recrudescence de la violence au cours de l’année écoulée dans le cadre de la lutte antiterroriste israélienne, après une série d’attaques terroristes qui ont fait 31 morts en 2022. Les raids ont fait plus de 170 morts parmi les Palestiniens en 2022, et quatre autres depuis le début de l’année. Beaucoup d’entre eux ont été tués lors d’attaques ou d’affrontements avec les forces de sécurité, mais certains étaient des civils non impliqués.
Le ministère israélien de la Défense a déclaré qu’au cours de l’appel, Gallant a promis d’empêcher l’Iran d’obtenir une bombe nucléaire.
Selon un communiqué, « Gallant a souligné au cours de la conversation l’engagement d’Israël à faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher l’Iran d’obtenir des armes nucléaires… et a insisté sur la nécessité de mobiliser la communauté internationale pour une coopération sur cette question. »
Le compte rendu du Pentagone indique que Austin a d’abord félicité Gallant pour son entrée en fonction, avant de discuter de l’Iran et d’autres questions.
« Les deux dirigeants ont convenu de la nécessité de travailler ensemble pour relever le large éventail de défis régionaux, y compris les menaces posées par les activités déstabilisatrices de l’Iran », indique le communiqué américain.
Ils ont également discuté des accords d’Abraham – les accords de normalisation qu’Israël a signés avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan en 2020 – et de leur contribution à la « stabilité sécuritaire au Moyen-Orient ».
Gallant et Austin « ont conclu qu’ils s’efforceraient d’approfondir et d’élargir les liens avec d’autres pays de la région », ajoute le communiqué du ministère de la Défense, faisant apparemment référence à l’Arabie saoudite.
Le communiqué américain indique que les deux hommes « ont discuté des possibilités d’accroître la coopération militaire et de faire progresser l’intégration d’Israël dans la région, sur la base des accords d’Abraham ».
Selon Ryder, les deux hommes ont également discuté de l’invasion russe en Ukraine.
L’appel « s’est déroulé dans une atmosphère amicale » et les deux hommes ont convenu de se rencontrer prochainement, a ajouté le bureau de Gallant.
L’appel entre Gallant et Austin est intervenu alors que l’armée de l’air israélienne devait organiser cette semaine un exercice aérien conjoint avec l’armée américaine.
Israël a fait pression pour que les États-Unis préparent des plans d’urgence militaires afin d’empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire.
Jérusalem s’oppose aux tentatives du président américain Joe Biden de relancer l’accord nucléaire entre Téhéran et les puissances mondiales, qui échangeait des allègements de sanctions contre des restrictions du programme nucléaire de la République islamique.
Mais cette question a perdu de son importance ces derniers temps, les pourparlers nucléaires s’étant largement essoufflés et les États-Unis ayant choisi de se concentrer sur les manifestations en cours en Iran contre le régime.
Biden a déclaré qu’il était prêt à recourir à la force militaire si nécessaire, mais qu’il préférait épuiser d’abord la voie diplomatique.
Bien que l’Iran ait longtemps affirmé que son programme était pacifique, les experts en non-prolifération préviennent que Téhéran possède suffisamment d’uranium enrichi à 60 % pour le retraiter et en faire le combustible d’au moins une bombe nucléaire.
Par ailleurs, mercredi, Gallant s’est entretenu avec son homologue chypriote, Charalambos Petrides, a indiqué le ministère de la Défense de la nation insulaire méditerranéenne.
Selon le ministère de la Défense chypriote, Petrides a appelé Gallant pour lui souhaiter de réussir dans ses fonctions et pour discuter du « développement des liens militaires solides et à long terme » entre les deux pays.
Le bureau de Gallant n’a pas fait de commentaire immédiat sur cet appel.