L’OLP se réunit pour remplacer Erekat et baliser l’après-Abbas
La liste des successeurs à Mahmoud Abbas comporte plusieurs noms, mais selon des critiques, il s'agit de jeter de la poudre aux yeux et de faire oublier les élections annulées

L’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) se réunit dimanche pour pourvoir le poste de Saëb Erakat, son secrétaire général et principal négociateur avec Israël décédé en 2020, un vote qui pourrait donner des indications sur la succession du président Mahmoud Abbas.
Reconnue internationalement comme représentant les Palestiniens des Territoires et de la diaspora, l’OLP, dirigée par Mahmoud Abbas, 86 ans, se réunira à Ramallah, en Cisjordanie.
Plusieurs postes clés sont vacants dans son comité exécutif (18 personnes), notamment celui de Saëb Erakat, négociateur en chef des Palestiniens décédé fin 2020 après avoir contracté le coronavirus.
Le poste de porte-parole, occupé jusqu’à décembre 2020 par Hanane Ashrawi, est également vacant. Personnalité phare de l’OLP, Mme Ashrawi avait claqué la porte en appelant à rajeunir le leadership palestinien.

L’institution fondée en 1964 a perdu de son importance depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994 du fait des accords d’Oslo signés avec Israël, censé préfigurer la création d’un Etat palestinien.
De façon générale, les institutions palestiniennes sont de plus en plus décriées.
Abbas, élu en 2005 et dont le mandat devait s’achever en 2009, est au plus bas dans les sondages et des manifestations se sont multipliées en Cisjordanie l’an passé année pour appeler à sa démission.

Succession
Abbas a annulé en avril la présidentielle et les législatives prévues en mai, les premières en 15 ans, arguant que le scrutin n’était pas garanti à Jérusalem-Est.
Pour Khaled Elgindy, chercheur au Middle East Institute basé à Washington, la réunion de l’OLP dimanche pourrait s’avérer « importante » si « elle donne une indication sur le raisonnement d’Abou Mazen (nom de M. Abbas, NDLR) ».
Un de ses proches, Hussein al-Cheikh, est pressenti pour prendre la place d’Erekat comme secrétaire général – deuxième poste le plus important de l’institution – mais également d’endosser son costume de négociateur, alors que les pourparlers avec Israël sont au point mort depuis 2014.

Actuellement ministre des Affaires civiles et un ténor du Fatah, parti de Mahmoud Abbas, Hussein al-Cheikh est considéré comme un successeur potentiel à ce dernier à la tête de l’Autorité palestinienne, même s’il ne jouit pas d’une forte popularité.
Au-delà de l’oreille du raïs, il a également des contacts rapprochés avec des diplomates étrangers et des dirigeants israéliens. « Al-Cheikh est une personne que les Israéliens semblent tenir en haute estime, les Américains certainement aussi. D’autres pensent que c’est le genre de personne avec qui ils peuvent travailler », analyse M. Elgindy.
Avec cette réunion, « on dirait qu’Abou Mazen est en train de préparer le terrain pour le processus de succession. Mais je ne suis pas certain que dans les faits elle se passe selon ses vœux », ajoute le chercheur.
« Poudre aux yeux »
La liste des successeurs potentiels à Mahmoud Abbas comporte plusieurs noms, notamment celui du Premier ministre Mohammed Shtayyeh et de Marwan Barghouthi, une figure très populaire mais emprisonnée en Israël depuis 2002 pour son rôle dans la seconde Intifada (2000-2005) et dans plusieurs attentats terroristes, le dissident en exil Mohammed Dahlane, ou des ténors du Fatah comme Djibril Rajoub ou Majed Faraj.
- Sur cette photo d’archives du 20 octobre 2012, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas montre son doigt taché d’encre après avoir voté lors des élections locales, dans un bureau de vote de la ville de Ramallah, en Cisjordanie. (Crédit : AP Photo/Majdi Mohammed, Dossier)
- Marwan Barghouti. (Crédit : Flash90)
- Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammad Shtayyeh s’exprime lors d’une conférence de presse à l’Association de la presse étrangère dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 9 juin 2020. (Crédit : Abbas Momani/Pool Photo via AP)
Membre de l’OLP et critique d’Abbas, Hassan Khreisheh estime que la rencontre de dimanche a peu de chance de restaurer la confiance, la colère suscitée par le report sine die des élections n’étant pas retombée.
« Il s’agit de jeter de la poudre aux yeux et de faire oublier les élections qui ont été annulées », dit-il à l’AFP.
« Les organisateurs espèrent passer le message qu’il faut remettre de l’ordre dans la grande famille du Fatah et que la démocratie en Palestine fonctionne toujours, mais ce n’est pas vrai ».
- Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, à Ramallah en Cisjordanie, assiste par vidéoconférence à une réunion avec le chef adjoint du Hamas Saleh al-Arouri (invisible) pour discuter du projet israélien d’annexer des parties de la Cisjordanie, le 2 juillet 2020. (Abbas Momani / AFP)
- Le chef des services de renseignements généraux de l’Autorité palestinienne, Majed Faraj, s’exprimant à Hébron, le 11 juin 2018. (Capture d’écran : Youtube)
- Mohammed Dahlan, ancien membre du Fatah en exil, assiste à une réunion du Conseil législatif palestinien à Gaza par vidéoconférence des Emirats arabes unis le 27 juillet 2017. (AFP PHOTO / SAID KHATIB)
En ligne, des militants ont fait circuler une pétition appelant au boycott, disant rejeter des nominations « faites par des partis qui ont perdu leur légitimité ».
Le groupe terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), a indiqué qu’il boycotterait la rencontre. Le groupe terroriste du Hamas, rival du Fatah au pouvoir dans la bande de Gaza, ne fait pas partie de son côté de l’OLP.