Manifestation anti-Israël à Londres : Corbyn interrogé par la police ; 77 arrestations ; 9 mises en examen
Un législateur a été interrogé sous caution après que des manifestants ont enfreint les conditions fixées par la police pour éloigner la manifestation de la synagogue ; le frère de Corbyn figure parmi les personnes mises en examen

L’ancien chef du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a été interrogé par la police dimanche, sous caution, au sujet de sa participation à un rassemblement anti-israélien et pro-palestinien la veille, qui a dégénéré en affrontement avec la police.
John McDonnell, ancien haut responsable du parti travailliste, a également été interrogé. Comme Jeremy Corbyn, il est aujourd’hui député indépendant à la Chambre des communes.
Les deux hommes ont accepté de leur plein gré d’être interrogés, a rapporté la BBC.
Neuf manifestants arrêtés samedi pendant un rassemblement anti-Israël à Londres ont été inculpés de trouble à l’ordre public, a annoncé dimanche la police londonienne.
Agés de 20 à 77 ans, ils faisaient partie des plus de 70 personnes interpellées samedi au cours de cette manifestation organisée par le groupe Palestine Solidarity Campaign (PSC). La police a dénoncé un « effort coordonné pour enfreindre » les conditions de la manifestation, y compris le périmètre du rassemblement qui était censé être statique.
Le frère de Jeremy Corbyn, Piers Corbyn, figure parmi les personnes inculpées.

La marche, organisée par Palestine Solidarity Campaign, avait initialement prévu de se rassembler au coin de la synagogue centrale, une congrégation orthodoxe fondée il y a plus de 150 ans.
De là, elle devait se diriger vers Whitehall, le quartier du gouvernement britannique. La police a refusé d’autoriser cet itinéraire et n’a approuvé qu’une manifestation statique à un autre endroit.
Au lieu de rester sur place à Portland Place, près du siège de la BBC, certains manifestants ont franchi une ligne de police et ont marché jusqu’à Trafalgar Square, a indiqué le Met dans un message publié sur le média social X.
The group that forced its way through the police line is now held at the north west corner of Trafalgar Square.
Anyone in that group should now disperse and leave the area. Anyone remaining in breach of the conditions, or inciting further breaches, will be arrested. pic.twitter.com/kzPf7Lu786
— Metropolitan Police (@metpoliceuk) January 18, 2025
Corbyn a réagi à la déclaration de la police en affirmant qu’il ne s’agissait pas du tout d’une description exacte des événements.
Il a affirmé que, comme d’autres intervenants, il s’était mis d’accord avec la police pour se rendre à Trafalgar Square « pour déposer des fleurs à la mémoire des enfants de Gaza qui ont été tués ».
« Cela a été coordonné par la police. Nous n’avons pas forcé le passage », a écrit Corbyn.
Les organisateurs de la manifestation ont nié qu’il y ait eu une violation « organisée » des conditions et ont accusé les policiers d’avoir fait preuve d’une grande sévérité à l’égard de la manifestation.
Vingt-cinq des personnes arrêtées samedi ont été remises en liberté et 48 restent en détention, a encore dit la police.
Les personnes inculpées doivent comparaître devant le tribunal de Westminster à Londres « dans les prochains jours », a indiqué la police.

« Hier [samedi], nous avons assisté à une volonté délibérée, y compris de certains organisateurs du rassemblement, de violer les conditions [imposées pour l’évènement] et de tenter de manifester » au-delà de la zone préalablement autorisée, a expliqué dans un communiqué le commandant de la police Adam Slonecki.
« Il s’agit d’une escalade grave […] et que nous prenons très au sérieux », a-t-il ajouté, précisant que les forces de l’ordre étudient les prise de vue des caméras de surveillance et autres vidéos de l’évènement pour « procéder à d’autres arrestations et inculpations » si des actes délictueux sont constatés.
Parmi les personnes inculpées figure Christopher Nineham, 62 ans, vice-président de Stop the War Coalition (SWC), l’un des groupes organisateurs de la manifestation.
Les organisateurs de la manifestation ont accusé la police d’avoir arrêté Nineham « violemment et sans raison apparente » dans un communiqué publié sur X.

Le groupe Campaign Against Antisemitism (Campagne contre l’antisémitisme) a déclaré que le rassemblement et les échauffourées avec la police étaient un « jour sombre pour Londres ».
« Non seulement nous avons vu la bile antisémite habituelle et le soutien ouvert aux organisations terroristes qui haïssent les juifs auxquels la capitale de notre nation s’est habituée, mais les extrémistes ont violé à plusieurs reprises les modestes restrictions imposées par la police à la manifestation d’aujourd’hui », a déclaré l’organisation sur X.
« Depuis plus d’un an, nous demandons l’interdiction de ces marches ; nous avons réitéré cet appel hier lorsqu’il est apparu clairement que la police ne serait pas en mesure de contrôler la situation », a ajouté l’organisme de surveillance.
Avant la marche, des dizaines de législateurs britanniques, dont des responsables juifs, ont écrit une lettre à la police pour protester contre l’itinéraire du rassemblement et pour dire que les marches pro-palestiniennes qui ont régulièrement lieu le samedi interféraient avec la pratique religieuse juive.
Neuf jours avant la marche, la police a publié un communiqué indiquant qu’elle ferait usage de ses pouvoirs pour « empêcher Palestine Solidarity Campaign de se regrouper à proximité d’une synagogue avant la manifestation prévue ».
La déclaration précise que la décision a été prise avant la lettre des législateurs.
Mais Palestine Solidarity Campaign a déclaré dans son propre communiqué qu’elle rejetait l’ordre de la police et qu’elle avait convenu de l’itinéraire avec la police en novembre.
Le groupe a déclaré que la synagogue elle-même ne se trouvait pas sur l’itinéraire de la marche et a fait valoir que des « milliers » de participants à ses rassemblements étaient juifs, signe que la marche n’était pas antisémite. Il a ajouté que les discussions avec la police se poursuivaient.
Dimanche, un cessez-le-feu annoncé quelques jours plus tôt est entré en vigueur après 15 mois de guerre qui ont commencé lorsque le groupe terroriste palestinien Hamas a envoyé des milliers de terroristes perpétrer une attaque meurtrière contre Israël, au cours de laquelle ils ont tué quelque 1 200 personnes et pris 251 otages.

En janvier de cette année, Corbyn s’est joint à une délégation sud-africaine pour des audiences à la Cour internationale de justice, où le pays a accusé Israël d’avoir commis un génocide contre les Palestiniens lors de la guerre contre le Hamas à Gaza.
Le député de gauche, qui a mené le principal parti d’opposition, le Parti travailliste, aux dernières élections en 2019, mais a quitté son poste de chef après que le parti a enregistré ses pires résultats depuis des décennies, siège en tant que député indépendant depuis 2020.
Le parti l’a suspendu après qu’il a refusé d’accepter pleinement les conclusions de l’enquête d’un organisme de surveillance des droits sur les allégations selon lesquelles l’antisémitisme était devenu endémique dans les rangs du Labour sous sa direction.
La Commission de l’égalité et des droits de l’homme a estimé que le parti avait enfreint la loi sur l’égalité lorsque Corbyn était à la tête du parti.