L’ONU appelle à visiter la France pour défier les terroristes
"Ce n'est pas le moment de fuir. Nous ne pouvons pas punir les victimes et récompenser les agresseurs en ne voyageant pas dans les endroits touchés," a déclaré le chef de l'OMT
Le secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) Taleb Rifai a appelé les vacanciers à exprimer leur solidarité envers la France en visitant le pays pour défier les « terroristes », à la suite de l’attentat qui a fait au moins 84 morts jeudi soir à Nice.
« C’est le moment de visiter la France », a déclaré Taleb Rifai, secrétaire général de l’institution spécialisée des Nations unies destinée à promouvoir et développer le tourisme, à des journalistes au Sri Lanka, après avoir participé à une conférence sur le tourisme.
Il a qualifié l’attentat de jeudi de « maladie mondiale », et souligné qu’aucun endroit sur terre n’était à l’abri d’une attaque.
« Ce n’est pas le moment de fuir. Nous ne pouvons pas punir les victimes et récompenser les agresseurs en ne voyageant pas dans les endroits touchés car c’est exactement ce que ces terroristes veulent que nous fassions », a-t-il ajouté.
Malgré les attentats commis récemment en Turquie, au Bangladesh, en France, en Belgique et en Egypte, Taleb Rifai a indiqué que le tourisme devrait connaître une hausse globale de plus de 4,5 % cette année.
La Côte d’Azur attaquée, nouveau coup dur pour le tourisme en France
En s’attaquant à une ville de la Côte d’Azur mondialement connue et prisée de riches voyageurs, l’attentat de Nice frappe une nouvelle fois durement le tourisme français, qui peinait déjà à se remettre des attaques jihadistes de 2015 à Paris.
Le lieu est symbolique: la Promenade des Anglais, où un camion a foncé dans une foule réunie pour admirer un feu d’artifice, faisant au moins 84 morts, est une destination phare pour tous les touristes, français et étrangers, en vacances au bord de la Méditerranée.
La ville de Nice est, après Paris, celle qui reçoit le plus de visiteurs en France.
La date, le jour des célébrations du 14-Juillet, la fête nationale, en pleine saison estivale, est aussi emblématique.
Pour Georges Panayotis, président du cabinet de conseil spécialisé MKG, l’effet de répétition des attentats risque de mettre à mal l’une des principales sources de revenus en France.
« On n’est plus dans un terrorisme classique où après un attentat il suffisait de quelques mois pour que l’activité économique reparte », note-t-il.
Là, la succession d’événements forts, qui frappent aussi bien en janvier, en novembre qu’en juillet, qui font un nombre considérable de victimes avec parfois peu de moyens, « va dissuader les touristes pour un certain temps », prédit M. Panayotis.
« On a déjà des annulations en masse depuis hier soir », indique à l’AFP Denis Cippoloni, président des hôteliers à Nice, et membre de l’Umih, le principal syndicat hôtelier.
Plusieurs évènements culturels importants comme le concert de la chanteuse Rihanna à Nice vendredi soir et le festival de jazz qui devait commencer samedi, ont aussi été déprogrammés.
Plus qu’une vague d’annulations, ce sont plutôt les réservations qui ne se feront pas qui risquent de mettre à mal le tourisme sur la Côte d’Azur, mais aussi ailleurs en France, craint Didier Arino, directeur de Protourisme, un des cabinets d’expertise qui font référence dans le secteur.
Craintes sur la fréquentation à venir
Ce dernier prédit une baisse de fréquentation susceptible de faire « chuter d’environ 25% » la rentabilité des hôtels.
L’impact de l’attaque sur Nice sera d’autant plus important que la « French Riviera », surnom de la Côte d’Azur à l’étranger, attire de nombreux touristes à fort pouvoir d’achat qui se prélassent habituellement dans les palaces et villas luxueuses de la région. Ou viennent en visite à bord de yachts somptueux.
Les clients en provenance des Etats-Unis, d’Asie ou du Moyen-Orient sont « tous très sensibles aux problèmes géopolitiques », souligne M. Arino.
Du côté des touristes, les réactions étaient partagées vendredi. « Nous sommes attirés par la France, mais la situation est trop dangereuse en ce moment pour qu’on y aille », déclare un Australien de 39 ans, Marco Rantanen, croisé dans les rues de Rome.
« Il ne faut pas que la peur nous envahisse. On doit pouvoir continuer à voyager sans avoir peur », témoignent également Melissa et Emilia, deux adolescentes belges de passage dans la capitale italienne, déterminées à aller en France.
Le secteur, qui représente 7 % du PIB du pays et deux millions d’emplois directs et indirects, était déjà mal en point.
Mercredi, à l’occasion du premier « comité d’urgence économique » dédié au secteur, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault avait appelé à une « mobilisation générale » pour que la France « demeure » la première destination touristique mondiale.
La province arrivait jusque-là à tirer son épingle du jeu : si les arrivées de touristes par vols réguliers depuis janvier affichaient une baisse de 11 % sur Paris, elles augmentaient de 1 % sur la région.
La tendance s’était même embellie depuis le début du mois, avec une hausse de 11 % des arrivées par avions sur les 10 premiers jours de juillet en province.
Le ministère des Affaires étrangères avait fait état en début de semaine d’un regain de réservations de dernière minute depuis certains pays européens, grâce notamment à l’organisation réussie de l’Euro de football.