L’organisation United Hatzalah quitte la Turquie, inquiète pour sa sécurité
Le groupe a évoqué une "menace concrète" émanant de la Syrie voisine et des troubles croissants dans le pays ; la délégation a été rapatriée avec l'avion de Miriam Adelson
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Une délégation de l’organisation United Hatzalah, spécialisée dans les secours d’urgence, a décidé d’abréger sa mission en Turquie et de repartir en Israël en raison d’inquiétudes liées à la sécurité, a fait savoir le groupe dimanche.
La United Hatzalah avait envoyé un groupe de 40 bénévoles – des professionnels de la médecine de manière générale – qui avaient apporté leur aide dans le sud de la Turquie suite au séisme majeur qui a touché le pays. Ils ont été déployés en particulier à Marash, l’une des villes les plus durement touchées par le tremblement de terre de la semaine dernière. La délégation devait initialement rester dix jours mais elle a fait savoir qu’elle raccourcissait sa mission en raison « d’une menace concrète et immédiate ».
Un porte-parole de l’organisation a indiqué que cette décision avait été prise en raison de deux inquiétudes majeures : la proximité avec la frontière syrienne et avec la ville de Gaziantep, où l’État islamique a mené des activités au fil des années, et les troubles croissants au sein de la population turque qui dénonce une réponse gouvernementale médiocre suite au cataclysme.
« Nous savions qu’il y avait un certain niveau de risque concernant le déploiement de notre équipe dans ce secteur de la Turquie, qui est proche de la frontière syrienne, mais nous avions pris les mesures nécessaires afin d’amoindrir la menace face à la nécessité de mener cette mission vitale. Malheureusement, nous venons d’obtenir des renseignements sur une menace concrète et immédiate qui pèse sur notre délégation israélienne et nous considérons que notre priorité est la sécurité de notre personnel », a commenté Dovi Maisel, vice-président des opérations de l’organisation.
Un porte-parole de la United Hatzalah a ajouté que la frustration ressentie par les résidents de Marash et des alentours où, selon les estimations, plus de 10 000 personnes auraient perdu la vie dans le séisme, face à la prise en charge du tremblement de terre par le gouvernement – ce dernier a notamment décidé d’enterrer au plus vite toutes les victimes dans des fosses communes – est croissante et que les inquiétudes sont réelles concernant d’éventuels éclats de violences.
« Il y a eu des menaces proférées à l’encontre de différentes délégations internationales, portant sur des kidnappings et des demandes de rançon, de manière à ce que le gouvernement ne puisse pas aller au bout de son plan. Il n’y a pas que la délégation israélienne qui a fait ses bagages mais un grand nombre d’autres équipes ont décidé de partir à cause de ça, elles aussi – à cause de la manière dont les locaux ont pris le message transmis par le gouvernement », a poursuivi le porte-parole.
Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, continue aussi d’oeuvrer en Turquie, a assuré un porte-parole à l’AFP.
Samedi, ce sont l’armée autrichienne et une équipe civile de secours allemande qui ont suspendu leurs opérations de recherche à Hatay, une ville turque voisine, en raison d’une situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader, ont fait savoir leurs représentants.
Un porte-parole de l’armée autrichienne a évoqué des « affrontements entre groupes », sans donner plus de détail. Il a précisé auprès de l’AFP que 82 soldats issus de l’unité de secours déléguée en cas de catastrophe naturelle se réfugiaient actuellement dans un « camp de base avec d’autres organisations internationales et ils attendent des instructions ».
Une décision similaire d’arrêter les opérations de secours a été prise en l’Allemagne par l’Agence fédérale de secours technique (TSW) et par une ONG spécialisée dans l’aide aux victimes de catastrophes naturelles, l’ISAR Allemagne, selon un porte-parole de l’organisation.
« Ces dernières heures, la situation sécuritaire a apparemment changé dans la province de Hatay », a déclaré le porte-parole de l’ISAR, Stefan Heine. « Il y a de plus en plus d’informations portant sur des heurts entre différentes factions. Il y a eu aussi des tirs ».
Les équipes allemandes « restent sur le camp de base commun pour le moment » en résultat et elles reprendront les recherches quand les autorités turques chargées de la protection civile « penseront que c’est suffisamment sûr », a continué Heine.
Ce séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter a fait plus de
33 000 morts en Turquie et dans la Syrie voisine.
L’équipe de la United Hatzalah qui s’était envolée mardi dernier pour la Turquie a participé à quinze opérations de secours réussies, notamment trois où des enfants ont pu être sortis des décombres.
Une délégation militaire israélienne restera aux abords de Marash, en Turquie, pour s’occuper d’un hôpital de campagne qui a d’ores et déjà pris en charge des centaines de personnes blessées dans le tremblement de terre.
L’équipe de la United Hatzalah est revenue en Israël dans la matinée de dimanche.
« En raison du manque d’avions disponibles, [la philanthrope milliardaire] Miriam Adelson a prêté son jet privé pour rapatrier l’équipe en Israël », a fait savoir l’organisation.
L’AFP a contribué à l’écriture de cet article.