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Interview

Lori Kaufmann imagine une histoire d’amour à partir d’un artefact archéologique

Inspirée par une ancienne tombe, une histoire d’amour juive se transforme en roman initiatique

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Une photo composite formée de la couverture du livre "Rebel Daughter," écrit par Lori Kaufmann, et une épitaphe du 1er siècle de la fin du l'ère commune pour  Claudia Aster. (Autorisation : Delacorte Press/ Museo Archeologico nazionale, Naples)
Une photo composite formée de la couverture du livre "Rebel Daughter," écrit par Lori Kaufmann, et une épitaphe du 1er siècle de la fin du l'ère commune pour Claudia Aster. (Autorisation : Delacorte Press/ Museo Archeologico nazionale, Naples)

Il y a une dizaine d’années, Kaufmann avait été attirée par la lecture d’une recherche effectuée sur une tombe datant du 1er siècle, découverte au sud de l’Italie. Il s’agissait de la sépulture d’une jeune femme de Jérusalem. Comment cette fille avait-elle fini sa vie dans la Rome antique ?

La fiction Rebel Daughter de Kaufmann (Delacorte Press) raconte l’histoire d’Esther qui a survécu à la destruction de Jérusalem par les Romains en l’an 70.

« Je n’avais jamais été intéressée par l’histoire antique », explique Kaufmann, 61 ans, qui se décrit comme une consultante en stratégie commerciale retraitée. « Mais alors que je plongeais dans l’étude, il me semblait impossible de n’avoir jamais rien su de tout cela. »

Lori Banov Kauffman, autrice de ‘Rebel Daughter’, l’histoire d’une jeune femme vivant à l’époque de la destruction de Jérusalem, dans les temps anciens. (Autorisation : Lori Banov Kaufmann)

La pierre tombale qui intrigua tant Kaufmann se trouvait au sous-sol du Musée archéologique de Naples. Sur l’inscription en Latin, on pouvait lire : « Claudia Aster, la captive de Jérusalem. Tiberius Claudius Proculus, l’affranchi impérial a fait graver cette épitaphe. Au nom de la loi, je vous demande de veiller à ce que personne n’efface mon inscription. »

Les universitaires italiens pensent qu’Aster aurait été la traduction latine ou grecque du nom Esther. Cette inscription est aussi considérée comme la première preuve archéologique de l’emprisonnement et du transport des juifs par les Romains après la conquête de Jérusalem à la fin du Ier siècle.

La couverture de ‘Rebel Daughter,’ le premier roman de Lori Banov Kaufmann sur une femme vivant l’époque de la destruction du Second temple à Jérusalem. (Autorisation : Delacorte Press)

La recherche de Kaufmann dans le monde antique de Jérusalem et de Rome lui a permis de rédiger ce roman.

Ce voyage de 10 ans avec les historiens locaux et les archéologues israéliens, lui a permis de plonger dans la vie de l’époque, depuis les batailles intenses, les intrigues et les politiques, et la vie des personnes ordinaires comme Esther.

Esther est la fille de Hanan, un grand prêtre du Second Temple, qui a pu avoir accès à la lecture et à l’écriture, tout en aidant sa mère dans les tâches domestiques.

Le lecteur pénètre ainsi au cœur de l’enfance d’Esther, l’habillement, l’agriculture, la recherche de plantes médicinales, ainsi que les relations entre Esther, ses parents, ses frères ainés et sa belle-sœur qui est aussi sa confidente, ainsi que son petit frère adoré.

On suit l’adolescente avant qu’elle ne devienne femme, sur le point d’être fiancée. Mais elle s’intéresse à une autre personne qui a vraiment existé ; Joseph, qui bientôt changera son nom en Josephus Flavius, ce juif complexe qui relatera plus tard l’histoire de la fameuse révolte juive contre les Romains.

Des touristes regardent le modèle représentant Jérusalem à l’époque du Second temple au musée d’Israël de Jérusalem. (Crédit :Miriam Alster/Flash90)

Il y a aussi le Romain affranchi Tiberius, cité sur la pierre tombale, qui est un ami du père d’Esther et qui jouera un rôle central dans sa vie.

“Je souhaitais raconter l’histoire d’Esther, Tiberius et Josephus, témoins et survivants de la destruction de Jérusalem. Je pensais que retracer ce moment à travers leurs regards redonnerait vie à la ville, » explique Kaufmann. « Jérusalem était petite à l’époque. Ils devaient tous se connaître les uns les autres. »

Le livre offre une réponse à la question initiale de Kaufmann : comment Esther s’est-elle retrouvée dans le sud de l’Italie ?

Nous n’en dirons pas plus…

Cette recherche de 374 pages entraîne le lecteur dans une Jérusalem ancienne bien vivante. Kaufmann a passé des heures avec des enseignants et des archéologues, à lire des rapports, suivre des conférences, « cette recherche passionnée devenant une œuvre d’amour ». Tout au long du projet, elle a travaillé en étroite collaboration avec Jonathan Price, historien à l’Université de Tel Aviv. « Il me fallait trouver le ton juste. C’était de vraies personnes avec de vraies vies »

Rebel Daughter offre toutes sortes de détails que connaissent toutes les personnes qui ont passé du temps dans la Vieille Ville de Jérusalem et la Citée de David, sur le site archéologique controversé dans la quartier arabe de Silwan, à l’extérieur des portes de la Vieille Ville.

Des visiteurs dans la Cité de David, dans le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, le 3 août 2015. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les lecteurs familiers avec la Vieille Ville peuvent facilement imaginer cette Esther de fiction, cheminant dans le marché, accompagnant son père au temple, marchant dans la forêt pour ramasser les herbes dont sa mère a besoin pour confectionner les crèmes pour le visage.

La livre n’a pas été conçu au départ pour les jeunes adultes. Mais lorsque la majorité d’Esther est apparue évidente, Kaufmann a souhaité développer cet aspect dans cette période difficile confrontée à tant de défis.

« Je pense aux équivalence avec notre monde actuel » dit-elle. « Les personnages luttent pour leur survie et l’amour alors qu’ils sont captifs dans des zones de guerres ».

Kaufmann est une Israélo-américaine qui a grandi à Charleston en Caroline du Sud. Mariée à un Israélien, elle a élevé quatre enfants dans les faubourgs de Raanana. Cette recherche a ébranlé nombre de ses conceptions sur l’ancienne Jérusalem.

“Il ne s’agit pas d’une comédie romantique,” explique Kauffmann qui travaille d’ores et déjà à son prochain livre, basé sur sa propre histoire – des sœurs juives qui grandissent à Charleston. « C’était une période de génocide, d’esclavage et de torture, avec des sacrifices d’animaux. C’était une époque très violente. Je souhaitais être irréprochable historiquement et ne pas décrire des violences gratuites. »

Fan de romans historiques, Kaufmann voulait que son livre sonne juste, malgré le travail de fiction.

« Je réalise maintenant qu’ayant travaillé avec des historiens, il me fallait être précise. Mais ils ne devaient pas être mes uniques lecteurs. « J’ai peut-être un peu dépassé la réalité avec la fiction, mais c’était vraiment excitant. »

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