L’UE et les États-Unis critiquent la construction de la nouvelle yeshiva de Homesh
Un communiqué du département d'État fait part d'un "trouble profond" ; Bruxelles appelle Israël à "faire marche arrière"
Le département d’État américain a vivement critiqué Israël, lundi, pour avoir autorisé la construction d’un nouveau bâtiment au sein de l’avant-poste illégal de Homesh, en Cisjordanie – un bâtiment qui accueillera la nouvelle yeshiva.
Un porte-parole du département d’État a répété que les États-Unis étaient « profondément troublés » par cette initiative, « incompatible avec l’engagement écrit de l’ancien Premier ministre Sharon envers l’administration Bush en 2004 et avec les engagements du gouvernement israélien actuel envers l’administration Biden », en référence probablement aux conférences régionales qui avaient eu lieu en février et en mars et qui avaient été l’occasion, pour l’État juif, d’accepter un moratoire de quatre mois sur les discussions portant sur les nouveaux logements à construire dans les implantations, ainsi qu’un gel de six mois sur les autorisations données aux nouveaux avant-postes.
Le communiqué a ajouté que les officiels américains « se mobilisent régulièrement auprès des responsables israéliens sur cette question et ils continueront à le faire. »
La formulation du communiqué est presque identique à celle qui avait été utilisée par le département d’État, la semaine dernière, quand il s’était exprimé sur la levée, par l’armée israélienne, d’une ordonnance qui interdisait toute présence israélienne à Homesh.
Le communiqué a également repris les propos qui avaient été tenus par la Maison Blanche suite à l’abrogation de la Loi sur le Désengagement, cette année.
Le bâtiment accueillant la yeshiva a été construit sur des terres de l’avant-poste illégal qui appartiennent à l’État – le séminaire religieux artisanal de Homesh avait été installé, jusqu’à présent, sur des parcelles qui étaient la propriété de Palestiniens, comme l’avait reconnu la Cour suprême. Ce déplacement de la yeshiva a eu lieu plus de deux mois après le vote, à la Knesset, d’une législation qui a abrogé des clauses figurant dans la Loi sur le Désengagement, des clauses qui interdisaient toute présence juive dans un secteur du nord de la Cisjordanie où se trouve l’ancienne implantation de Homesh, qui avait été évacuée et démolie lors du retrait Israélien de Gaza.
L’Administration civile, responsable de la planification et de la construction en Cisjordanie, n’a pas donné les permis nécessaires pour la construction de la yeshiva et le bâtiment est illégal au regard du droit israélien. Le gouvernement espère que l’avant-poste pourra être légalisé – comme c’est le cas également des activistes du mouvement pro-implantations – conformément au positionnement qui a été adopté par l’État dans son avis le plus récent déposé auprès de la Haute-cour.
La chaîne Kan a indiqué, lundi soir, que Tsahal avait averti le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avant la construction du bâtiment, que l’initiative « frôle l’illégalité ». Le gouvernement ne devrait pas toutefois détruire la structure.
Le bâtiment installé dans l’avant-poste très controversé a aussi été condamné par l’Union européenne, lundi.
L’UE a indiqué « condamner l’établissement de structures permanentes pour les colons israéliens au sein de l’avant-poste de Homesh, en Cisjordanie occupée ». Bruxelles a appelé le gouvernement « à faire marche arrière », dénonçant une initiative qui « est contradictoire avec les efforts visant à apaiser les tensions sur le terrain ».
La semaine dernière, les conseillers du Premier ministre Benjamin Netanyahu avaient cherché à assurer à l’administration Biden qu’Israël ne voulait pas une expansion majeure des implantations de Cisjordanie alors même que le Premier ministre reste dans l’attente d’une invitation à la Maison Blanche, et qu’il espère que les États-Unis l’aideront à conclure un accord de normalisation des liens avec l’Arabie saoudite.
Jérusalem a aussi répété à Washington qu’Israël ne prévoyait pas d’établir une nouvelle implantation à Homesh, a dit un officiel israélien au Times of Israel, la semaine dernière.
L’abrogation, au mois de mars, des clauses de la Loi sur le Désengagement avait entraîné une convocation de l’ambassadeur israélien aux États-Unis, Michael Herzog — une initiative sans précédent depuis plus d’une décennie.
Ces derniers mois, les États-Unis ont évoqué de manière répétée un courrier envoyé par le Premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon, au président américain George W. Bush, il y a vingt ans, dans lequel il s’engageait à évacuer les quatre implantations du nord de la Cisjordanie afin d’accorder l’espace nécessaire à un État palestinien contigu dans le secteur. En échange, Bush avait reconnu la nécessité, par écrit également, de procéder à des échanges de parcelles dans le cadre d’un futur accord de paix entre Israéliens et Palestiniens, permettant ainsi aux blocs d’implantations proches de la Ligne verte de rester sous le contrôle israélien.
Pour sa part, le gouvernement de Netanyahu estime que l’administration Obama avait été la première à revenir sur les engagements pris par les deux chefs de gouvernement en rejetant l’idée que les États-Unis souhaitaient faire la différence entre les blocs et les implantations installées dans les profondeurs de la Cisjordanie.