Lyon affiche son soutien à la reconnaissance d’un Etat palestinien
Une bâche a été déployée devant la mairie avec les messages "Cessez-le-feu immédiat à Gaza", "Libération des otages", "Respect du droit international" et "Reconnaissance de l'État de Palestine"

Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a appelé mardi Emmanuel Macron à « reconnaître officiellement l’Etat de Palestine », un message affiché en parallèle à l’entrée de l’Hôtel de Ville.
Une bâche violette a été déployée sur une grille de la mairie avec les messages « Cessez-le-feu immédiat à Gaza », « Libération des otages », « Respect du droit international » et « Reconnaissance de l’État de Palestine ».
En même temps, Grégory Doucet a écrit au président pour lui faire part de sa « profonde inquiétude » concernant le report d’une conférence internationale à l’ONU sur une solution « à deux Etats », qu’Emmanuel Macron devait coprésider mercredi avec l’Arabie Saoudite.
« Ce rendez-vous était attendu comme un tournant historique », écrit le maire de Lyon, pour qui reconnaître la souveraineté palestinienne serait une « étape incontournable vers une solution politique au conflit ».
M. Macron avait annoncé que la France pourrait rejoindre « en juin » près de 150 pays ayant déjà reconnu un Etat palestinien, dont des Européens comme l’Espagne, l’Irlande ou la Norvège. Depuis, il a envoyé des signaux contradictoires sur sa volonté de franchir ce pas.
Vendredi, alors qu’Israël entamait des frappes sur l’Iran, il a annoncé que la conférence de New York devait être reportée « pour des raisons logistiques et sécuritaires », tout en promettant qu’elle aurait « lieu au plus vite ».
Dans sa lettre, M. Doucet lui apporte « le soutien résolu de la Ville de Lyon » pour avancer sans tarder. « Il est temps pour la France d’écrire une page juste, forte et à la hauteur de ses valeurs », écrit le maire.
« La situation à Gaza atteint chaque jour de nouveaux sommets de dévastation humaine », regrette-il en mentionnant les « 14 500 enfants tués à Gaza depuis le début de la guerre ».
Israël est en guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre 2023 , date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 55 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 20 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
ONG, syndicats et gauche appellent à la reconnaissance d’un Etat palestinien, « impératif moral »
Des syndicats, associations, ONG, responsables socialistes, écologistes et communistes ont appelé d’une même voix mardi à la reconnaissance d’un Etat palestinien, « impératif moral » qui « ne doit plus être différé », lors d’une conférence de presse commune.
Présents tous trois dans un café parisien aux côtés de représentants de la société civile, les patrons du Parti socialiste, des Ecologistes et du Parti communiste ont interpellé de concert le gouvernement pour qu’il accélère sur son ambition de reconnaître un Etat palestinien.
« Assez de mots, des actes », a lancé le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

« L’histoire nous regarde, elle nous jugera durement », a prolongé son homologue des Ecologistes Marine Tondelier, appelant la France à « sans attendre exercer une pression maximale et agir » pour aboutir à cette reconnaissance, « un impératif moral, un impératif politique, un impératif stratégique qui ne peut plus être davantage différé ».
« En refusant cette reconnaissance, la France reste prisonnière de plus d’un paradoxe diplomatique. Elle affirme défendre la solution à deux États tout en refusant d’en reconnaître un », a martelé la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge, à l’origine de cette initiative.
Cette prise de position s’inscrit dans le prolongement d’une tribune commune publiée mi-mai dans Le Monde et cosignée par ces mêmes représentants, mais aussi par La France insoumise (LFI), dont les représentants étaient pourtant absents mardi, « excusés ».
Elle devait se tenir à la veille de l’ouverture à New York d’une conférence à l’ONU sur l’Etat palestinien coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, finalement reportée pour des « raisons logistiques et sécuritaires », sur fond d’escalade militaire entre Israël et l’Iran.
« L’annulation de cette conférence ne doit pas être un prétexte pour reculer une fois de plus cette reconnaissance », a insisté le patron du Parti communiste Fabien Roussel.
Etaient présents à leurs côtés plusieurs dirigeants d’associations et ONG (SOS Racisme, Ligue des Droits de l’homme…) ainsi que de nombreux représentants syndicaux (CFDT, CGT, Solidaires…) et des parlementaires.
« Nous sommes dans une situation où il était impératif qu’au-delà de toutes les prévenances, de toutes les différences qui peuvent exister entre les uns et les autres (…) nous soyons tous déterminés à réclamer cet État palestinien », a détaillé Olivier Faure.