Maccabiades : Malgré le manque d’aide, le handibasket prouve qu’il a toute sa place dans le sport
Ce sont 30 équipes qui jouent dans tout Israël et l'équipe nationale est arrivée 6e aux Championnats d'Europe de l'année dernière

Ido Shkuri s’élance sur le bord du terrain de basket, ses mains activant simultanément les roues de son fauteuil roulant et faisant rebondir le ballon devant lui. Il exécute adroitement une volte-face à 360 degrés pour échapper à un défenseur placé à proximité de la ligne de fond, avant de lancer le ballon vers le cercle, qui rate sa cible.
L’équipe nationale de basket a joué contre l’équipe des Etats-Unis dimanche dans le cadre des Maccabiades, à Jérusalem. Ce sport offre un exutoire athlétique aux compétiteurs handicapés en Israël mais les athlètes luttent contre un manque de financement et de soutien.
Le handibasket regroupe des athlètes atteints de divers handicaps, notamment avec des membres amputés, des paralysies dues à des accidents et autres handicaps de naissance. Il se joue sur un terrain de basket avec un filet traditionnel à 3 mètres.
La seule règle qui change concerne les pénalités de déplacements : les compétiteurs ne peuvent toucher les roues que deux fois après avoir dribblé ou reçu le ballon. Les fauteuils sont différents des chaises roulantes normales, avec un centre de gravité plus bas et des roues qui sont orientées vers l’intérieur – ce qui rend le haut de la roue plus accessible aux joueurs et les aide à ne pas basculer.
La 20ème édition des jeux des Maccabiades, organisée ce mois-ci à Jérusalem, réunit 10 000 athlètes juifs originaires de 80 pays qui s’affrontent dans 40 sports différents. Les catégories handisport font leur seconde apparition dans ces jeux organisés tous les quatre ans.
En plus du handibasket, des épreuves de natation et de tennis paralympiques. Une équipe des Etats-Unis et trois équipes israéliennes se rencontreront tout au long de la semaine dans le cadre du tournoi de handibasket.
En Israël, il y a environ 30 équipes de basket en catégorie handisport basées dans différentes villes du pays, dit Shkuri. Les meilleurs joueurs sont rassemblés au sein de l’équipe nationale, qui s’est placée sixième sur huitième lors des plus récents Championnats européens.
C’est une occasion bienvenue pour les Israéliens handicapés qui veulent concourir dans une équipe sportive, et qui profite aux joueurs physiquement et psychologiquement, dit Yoav Zarfati, qui a commencé à jouer il y a cinq ans après avoir perdu sa jambe gauche dans un accident de moto. Il était un joueur de football passionné avant sa blessure, dit-il, et a entendu parler du handibasket alors qu’il était en rééducation.
« Je suis quelqu’un qui adore véritablement le sport en équipe. Le football, malheureusement, je ne peux plus en faire », explique Zarfati. « Le handibasket est un sport pour tout, pour la condition physique, pour la canalisation de l’agressivité. Vous ne vous sentez plus handicapé », dit-il.
Un grand nombre de joueurs se sont mis au sport durant leur rééducation, dit Shkuri, qui a commencé à jouer lorsqu’il était âgé de 14 ans. Il avait un cancer, et une chirurgie de la hanche l’avait laissé avec une jambe gauche plus courte et plus faible que la droite. Avant l’opération, les sports, football, tennis de table et course à pied, formaient une partie significative de sa vie, explique-t-il.

Peu après la chirurgie, une équipe de handibasket est venue faire un match dans son école. Voyant Shkuri doté d’une paire de béquilles, les joueurs l’ont invité à les rejoindre. Agé maintenant de 19 ans, il joue dans une équipe basée à Ramat Gan, à côté de Tel Aviv, et s’est illustré à deux reprises dans le championnat européen.
Le sport est relativement développé en Israël, dit Shkuri, mais souffre d’un manque de soutien gouvernemental et de reconnaissance en général.
« Le ministre des Sports n’est jamais venu nous voir, le Premier ministre, personne… Nous n’avons pas véritablement de soutien », ajoute-t-il, soulignant que le ministre allemand des Sports encourage vivement son équipe nationale, l’une des plus fortes d’Europe.
« Je ne demande pas à devenir célèbre, je veux être traité comme un autre athlète. Mais même les autres athlètes ne me considèrent pas comme tel », affirme-t-il.
Le financement est un autre problème, indique Gadi Slovik, entraîneur de l’équipe national. Le gouvernement israélien ne donne pas assez d’argent aux catégories handisport en général, continue Slovik, qui a joué au handibasket pendant 23 ans et est entraîneur depuis dix ans. Un meilleur financement permettrait à davantage de jeunes de jouer et à l’équipe senior de s’entraîner plus fréquemment, poursuit Slovik.
« Les joueurs adultes, ils doivent travailler, gagner leur vie », estime Slovik. « Nous espérons vraiment que notre professionnalisme sera bientôt reconnu et que nous n’aurons plus à nous inquiéter de répondre à nos besoins ».
L’équipe n’a pas été en mesure de se payer des chambres d’hôtel à Jérusalem durant les Maccabiades, par exemple, et doit venir de tout le pays pour jouer tous les matins sur le terrain cette semaine.

L’équipe s’est toutefois réjouie de cette expérience, savourant la chance de jouer dans son pays dans le cadre d’une nouvelle compétition – même si le seul autre pays représenté cette semaine dans ce tournoi a été les Etats-Unis. Le financement et le soutien sont des problèmes pour les athlètes handicapés dans le monde entier, et trouver des athlètes juifs handicapés en mesure de faire le voyage et de rater le travail a été une mission difficile, raconte Matt Darlow, l’entraîneur de l’équipe des Etats-Unis.
Les organisateurs des Maccabiades ont trouvé les joueurs américains via l’Association nationale de handibasket, basée aux Etats-Unis, ajoute Darlow, qui joue également dans le tournoi. Les membres de l’équipe sont âgés de 15 à 53 ans, et la majorité d’entre eux n’ont jamais visité Israël auparavant. Deux Israéliens et un joueur du Royaume-Uni ont rejoint les six joueurs américains pour la compétition.
En marge du terrain, les joueurs des deux équipes se sont bien entendus, plusieurs joueurs américains rejoignant l’équipe israélienne pour le déjeuner après le match de dimanche. Les joueurs américains ont été en partie inspirés par leur identité juive pour participer au tournoi, explique Darlow, mais le lien avec les Israéliens s’est plutôt noué autour de leur expériences communes.
« Je pense que nous ressentons un lien avec tous les athlètes handicapés. C’est spécifique à notre lutte », estime Darlow.

Sur le terrain, toutefois, la compétition est féroce et les qualités athlétiques des joueurs sautent aux yeux. Les compétiteurs dessinent des arcs circulaires puissants sur le sol, ne se déplaçant parfois que sur une seule roue, tournant et faisant pivoter les fauteuils dans cet espace ouvert avec des mouvements à la fois concis et gracieux, se percutant les uns les autres pour bloquer l’adversaire et défendre leurs positions.
Ces performances sportives s’accompagnent du bruit des chaises métalliques entrant en collision les unes avec les autres, avec une légère odeur de plastique brûlé qui s’élève jusqu’à un public peu important mais enthousiaste. Les joueurs se placent sur une seule roue pour tirer un ballon et parfois tenter de bloquer un tir de l’équipe rivales, tombent par moment, se redressant à l’aide de leurs bras pour reprendre leur place dans leur fauteuil et continuer à jouer.
« Ils tombent sur le sol mais remontent immédiatement », constate Darlow. « Les Israéliens veulent remporter la médaille d’or tout autant que les Etats-Unis ».
Ce sont les Américains, en maillot banc et rouge, qui remportent la bataille sur un score de 50 à 45. Après le match et une rapide collation, les joueurs retournent sur le terrain pour regarder deux équipes israéliennes s’affronter. L’équipe israélienne embarque ensuite ses chaises de compétition dans un camion. Ses membres vont retourner dans leurs foyers pour reprendre des forces en vue du prochain match du lendemain.
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