Macron dénonce « l’augmentation insupportable » des actes antisémites
L'Association des maires de France a appelé les élus à se mobiliser face à la hausse des actes racistes qui constituent "une grave menace pour la cohésion de la République"
Emmanuel Macron a dénoncé mercredi la hausse des actes antisémites, ainsi que les violences contre des institutions ou des élus qui, selon lui, marque « un tour nouveau » du mouvement des « gilets jaunes », a indiqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
« Le Président est revenu sur les actes antisémites nombreux intervenus ces derniers jours, au-delà de l’augmentation insupportable de l’an dernier. L’irrespect des personnes et des valeurs est désormais devenu chose courante », a commenté le chef de l’Etat cité par M. Griveaux.
« L’antisémitisme est la négation de la République, de la même manière s’attaquer à des élus ou institutions, c’est la négation de la République. Nous serons intraitables vis-à-vis de ceux qui commettent de tels actes », a-t-il ajouté à l’issue du Conseil des ministres, citant toujours le chef de l’Etat.
Emmanuel Macron « a souligné que les événements liés au mouvement du 17 novembre prennent un tour nouveau suite à des violences perpétrées à l’endroit du domicile secondaire du président de l’Assemblée, des actes d’intrusion contre des permanences de parlementaires, des institutions de la République ».
Après deux années consécutives de baisse, les actes antisémites en France en 2018 ont augmenté de 74 %. La hausse avait été de 69 % au au cours des neuf premiers mois.
Le porte-parole a précisé que le chef de l’Etat n’avait pas lié la hausse des actes antisémites au mouvement des « gilets jaunes ».
Mais « force est de constater, là c’est moi qui le dis », a ajouté M. Griveaux, « que vous avez eu des débordements en marge de certains cortèges » des « gilets jaunes » avec « des propos à caractère antisémites, tenus par des tenants de l’extrême gauche ou de l’extrême droite, qui viennent malheureusement perturber la quiétude, le caractère paisible de certains cortèges ».
« Nous serons intraitables vis-à-vis de ceux qui commettent de tels actes, il ne peut y avoir la moindre ambiguïté », a-t-il conclu, toujours citant M. Macron.
De son côté, l’Association des maires de France (AMF) a appelé mercredi les élus à se mobiliser face à l’augmentation des actes racistes et antisémites qui constituent « une grave menace pour la cohésion de la République ».
« Il nous convient d’apporter une réponse forte et déterminée en condamnant, en tout lieu, tout temps et toute circonstance, des actes qui n’ont pas leur place dans la République française », écrit l’AMF dans un communiqué.
L’association condamne « des actes odieux et inacceptables » et demande aux maires de planter « un arbre dans chaque commune de France symbolisant notre attachement aux principes fondamentaux de la Déclaration des droits de l’Homme ».
Les actes antisémites ont connu une forte poussée en 2018 en France, a indiqué lundi le ministère de l’Intérieur – une hausse de 74 %.
Depuis samedi, plusieurs inscriptions antisémites d’une grande violence sont apparues sur les murs de Paris, en même temps que des croix gammées sur le visage de Simone Veil, déportée avec sa mère et sa soeur à l’âge de 15 ans dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Le même jour, un arbre dédié au souvenir d’Ilan Halimi, jeune homme de 23 ans décédé en 2006 après avoir été enlevé et torturé parce que juif, a été découvert scié en banlieue parisienne lundi.
L’artiste qui avait réalisé sur des boîtes à lettres parisiennes les portraits au pochoir de Simone Veil, grande figure européenne rescapée d’Auschwitz, les a débarrassés mardi des croix gammées qui les défiguraient.
« Ça ne pouvait pas rester comme ça. J’ai gardé les matrices, vous pouvez compter sur moi pour les refaire à chaque fois ». Penché sur le portrait au pochoir, Christian Guemy alias « C215 », y va à l’éponge à vaisselle et frotte méticuleusement le tag avec la face-grattoir sous les yeux de Pierre-François Veil, fils cadet de Simone Veil.
L’affront fait à la mémoire de cette personnalité célébrée pour son engagement européen, première présidente du Parlement européen et promotrice des droits des femmes – la loi qui légalise l’avortement en France porte son nom – a stupéfait, après l’hommage qui lui fut rendu et son entrée début juillet au Panthéon, qui accueille les sépultures des personnalités ayant marqué l’Histoire de France.
Jusqu’ici, Christian Guemy avait refusé de toucher les boîtes à lettres graffitées – qui épargnaient le portrait au pochoir – jugeant qu’il en va ainsi de l’art des rues. « Mais ce ne sont pas des tags ici, ce sont des marquages, comme on en faisait du temps des pharaons ou de l’occupation allemande pour signaler les Juifs », s’insurge-t-il.
« Comment peut-on avoir ces idées-là ? » opine, incrédule, Pierre-Antoine Veil. « La société va mal. Il ne faut pas laisser faire » ajoute-t-il en se tournant vers la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. « Comptez-sur nous, chaque fois on réparera », a-t-elle répondu.
Les deux boîtes à lettres abimées se trouvaient devant la mairie du 13e Arrondissement, dans le sud de Paris, surtout connu pour son quartier chinois. Des dizaines de boîtes similaires, dans d’autres quartiers de Paris, sont restées intactes.
Mardi, des anonymes ont déposé des fleurs au pied des portraits outragés de Simone Veil. Et son fils a reçu des mains de l’artiste un pochoir de sa mère.