Malgré les pressions de Netanyahu, Otzma Yehudit se présente seul à la Knesset
Itamar Ben Gvir a accusé Bennett d'avoir fait "exploser" la fusion et clamé que la Droite unie cherche à rejoindre une coalition de Kakhol lavan
Le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit a enregistré jeudi son inscription aux prochaines élections, auxquelles il se présentera seul, après avoir annoncé l’échec d’un accord de fusion avec la Droite unie malgré les pressions de dernière minute exercées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Il y a des responsables qui, pour de simples raisons d’ego, ont fait exploser cette possibilité et j’en attribue la responsabilité à Naftali Bennett [candidat pour la droite unie] », a dit le leader d’Otzma Yehudit, Itamar Ben-Gvir.
« Ce dernier a apparemment passé un accord avec [le numéro deux de Kakhol lavan] Yair Lapid et j’espère vraiment qu’il n’établira pas un gouvernement d’unité avec lui », a-t-il expliqué aux journalistes aux abords du siège de la commission centrale électorale à Jérusalem.
Lapid et d’autres leaders de Kakhol lavan ont appelé Bennett et la présidente de la Droite unie, Ayelet Shaked, à éviter toute alliance avec Otzma Yehudit, et ils ont indiqué qu’ils seraient prêts à siéger dans un gouvernement avec eux deux.
Les initiatives visant à trouver un accord ont continué jusqu’à l’heure-limite de dépôt des listes, qui était fixée à 22 heures, Ben Gvir précisant que Netanyahu lui avait demandé d’attendre le dernier moment pour voir si un pacte était possible.
Le Premier ministre redoute qu’en l’absence d’une fusion, les votes soient perdus à la droite de l’échiquier si Otzma Yehudit devait échouer à franchir le seuil électoral.
« Il y a une seule personne qui montre de la maturité dans tout cela et c’est le Premier ministre Netanyahu. Son envoyé du Likud, David Bitan, est ici et il nous réclame encore cinq minutes », a dit Ben-Gvir aux journalistes.
A l’issue de ces cinq minutes, Otzma Yehudit est allé soumettre sa liste en solitaire.
La Droite unie a fait savoir, la semaine dernière, qu’elle avait offert à Otzma Yehudit la huitième et la treizième place sur la liste. Mais Ben-Gvir a clamé que l’offre avait été retirée par Shaked et Bennett.
« Nous voulions réaliser une grosse fusion, une fusion d’unité », a dit Ben-Gvir. « La dernière fois, nous avons empêché un gouvernement de gauche et nous avons placé [les candidats de la Droite unie] Rafi Peretz et Bezalel Smotrich à des postes ministériels, mais ils ne nous ont témoigné en retour que de l’ingratitude ».
Otzma Yehudit s’était présenté lors du dernier scrutin du mois d’avril sous l’étiquette de l’Union des partis de droite (qui s’est associée, la semaine dernière, avec Shaked et Bennett et leur mouvement HaYamin HaHadash, formant la Droite unie) dans le cadre d’une alliance négociée par Netanyahu. La formation a remporté cinq sièges, mais Otzma Yehudit a fait scission du groupement au mois de juin, invoquant l’incapacité de l’Union des partis de droite à respecter les termes définis dans leur pacte électoral.
Smotrich a présenté un récit différent de la rupture des négociations, attribuant la responsabilité de cet échec à Otzma Yehudit.
« Ils ne se sont pas inquiétés d’accepter notre offre qui, c’est certain, leur aurait apporté un député au parlement. Ils ont préféré tenter une aventure irresponsable qui les laissera en marge et qui gaspillera des votes de droite, qui se retrouveront jetés à la poubelle. Et tout ça pour l’ego ? Si c’est le cas, alors ils ne méritent pas d’entrer à la Knesset. Point final », a-t-il dit.
Lorsque la Droite unie a soumis sa liste électorale après Otzma Yehudit, sa dirigeante, Ayelet Shaked, a déclaré que son parti avait tenté âprement de conclure un accord.
« Nous avons fait des efforts énormes, ces derniers jours, pour tenter de sauver autant de votes de droite que possible lors des prochaines élections », a-t-elle insisté.
Mais les responsables du Likud se sont placés auprès d’Otzma Yehudit, accusant également la Droite unie d’agir avec irresponsabilité.
« Le Likud a assumé sa part lors du dernier scrutin et a offert un siège sur sa liste à HaBayit HaYehudi. Ils peuvent, cette fois-ci, contribuer à l’unification de la droite toute entière », a dit le parlementaire Bitan, allié de Netanyahu qui a tenté de négocier l’accord d’unité.
Lors des élections précédentes, Netanyahu avait accepté de donner une place sur la liste du Likud à un membre de l’Union des partis de droite dans le cadre de l’accord de fusion avec Otzma Yehudit. Il avait été alors accusé de chercher activement à faire entrer les membres d’un parti raciste au parlement.
« La fragmentation de la droite nous coûtera de nombreux votes et résultera en un gouvernement de gauche dirigé par Lapid et [le leader de Kakhol lavan Benny] Gantz », a déclaré le Likud dans un communiqué. « Les électeurs doivent voter pour le Likud, parce que voter pour le Likud amènera un gouvernement de droite dirigé par Netanyahu et empêchera la formation d’un gouvernement de gauche avec Lapid comme Premier ministre ».
Jeudi dans la matinée, Otzma Yehudit a annoncé avoir mis un terme à sa courte alliance avec une autre formation d’extrême-droite, Noam, en raison d’un désaccord concernant l’inclusion d’un candidat non-religieux sur la liste d’union du parti.
Un sondage de la Douzième chaîne diffusé mardi a indiqué qu’Otzma Yehudit et Noam recevraient 1,2 % et 0,3 % respectivement des suffrages – ce qui n’est pas suffisant pour atteindre le seuil électoral permettant l’entrée au Parlement, qui est fixé à 3,25 %.
Otzma Yehudit, dont les leaders sont les disciples auto-proclamés de feu le rabbin extrémiste Meir Kahane et Noam, qui fait campagne sur la lutte contre l’acceptation des LGBT, avaient annoncé dimanche avoir convenu de se présenter sur une liste commune.
A la tête de la liste d’Otzma Yehudit, Ben-Gvir, qui est suivi par l’ancien porte-parole de Kahane et leader communautaire de Hébron actuel, Baruch Marzel. Viennent ensuite l’activiste Adva Biton, dont la fille Adèle a été tuée lors d’un attentat terroriste commis en Cisjordanie, en 2013, le directeur-général de la formation Yitzhak Wasserlauf et Benzi Gopstein, à la tête du groupe anti-métissage Lehava.
L’alliance de la Droite unie, pour sa part, est dirigée par la cheffe de HaYamin HaHadash, Shaked, qui est suivie par Peretz et Smotrich de l’Union des partis de droite. L’ex-président de HaYamin HaHadash, Bennett, est à la quatrième place, devançant Moti Yogev et Ofir Sofer, de l’Union des partis de droite. Les troisième et le quatrième femmes sur la liste sont Idit Silman (Union des partis de droite) à la huitième place, Roni Sassover (HaYamin HaHadash) à la neuvième place et l’activiste originaire de Hébron Orit Strock à la dixième. Le député de l’Union des partis de droite, Eli Ben Dahan, est à la treizième place et il risquerait, selon les derniers sondages, d’échouer à entrer à la Knesset.