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Malgré ses positions pro-Hamas, la Turquie commerce toujours vivement avec Israël

Alors que le pouvoir turc condamne largement Israël et appelle au boycott du pays, 450 navires commerciaux auraient quitté la Turquie pour Israël depuis le 7 octobre

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontrant le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 19 septembre 2023. (Crédit : Avi Ohayon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontrant le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 19 septembre 2023. (Crédit : Avi Ohayon/GPO)

Malgré le soutien de la Turquie au Hamas et les menaces et les insultes régulières des dirigeants turcs à l’égard des Israéliens – le président Recep Tayyip Erdogan a encore comparé ce mercredi Benjamin Netanyahu à Adolf Hitler – les relations commerciales se poursuivent largement entre les deux pays, selon le journaliste turc indépendant Metin Cihan.

Des données compilées par le journaliste et publiées au quotidien sur son compte X indiquent en effet que la Turquie n’a jamais interrompu ses échanges, notamment commerciaux, avec Israël, a rapporté Le Monde.

Metin Cihan se base notamment sur les données des activités navales, en accès libre sur les sites maritimes et de libre-échange, pour recenser les navires qui transitent des ports turcs vers Israël. Ainsi, il y a eu selon lui 450 navires à partir de la Turquie pour Israël depuis le 7 octobre.

« Les autorités turques ont beau qualifier publiquement Israël ‘d’État terroriste’ et accuser les Occidentaux de ‘double standard’, ils n’ont absolument rien changé à leurs affaires », a expliqué le journaliste. « Les flux de marchandises, comme l’acier et le pétrole, qui alimentent pourtant la machine de guerre de Tel Aviv, se poursuivent comme si de rien n’était, mettant en évidence l’hypocrisie et le double discours des dirigeants. »

À LIRE : Mort de l’élu turc qui avait dit qu’Israël « subira la colère d’Allah » avant de s’effondrer

Limak Holding, géant industriel proche du pouvoir, envoie ainsi des bateaux quotidiens. Le Sabanci Group, l’un des plus grands conglomérats industriels et financiers de Turquie, envoie lui aussi des expéditions régulières. Un navire appartenant à Ibrahim Güler, responsable de l’AKP, opère régulièrement lui aussi entre les deux pays. L’entreprise Pamukkale Kablo, propriété de Mustafa Semerci, dirigeant-fondateur du Parti de la grande union (BBP), continue elle à fournir des câbles à Israël. Le BBP, formation ultranationaliste d’extrême droite membre de la coalition gouvernementale, a pourtant appelé au boycott d’Israël, notamment en s’attaquant à l’entreprise Starbucks, coupable selon les militants pro-palestiniens de soutenir Israël. Le chantier naval de Sefine, propriété de Kolin Holding, proche du gouvernement, effectuerait lui la maintenance du pétrolier chargé d’acheminer le carburant aux avions de chasse israéliens, selon le journaliste. Citée également par Metin Cihan : la société de transport Manta Shipping, qui appartient à Mert Cetinkaya, « un associé de Burak Erdogan, le fils du président », et qui poursuit, elle aussi, ses activités avec Israël. Oras Shipping, compagnie maritime commerçant avec Israël, compte elle pour associé Erkam Yildirim, fils de l’ancien Premier ministre Binali Yildirim de l’AKP.

L’ancien Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, pendant un discours à Ankara, le 27 avril 2016. (Crédit : AFP/Adem Altan)

Suite à ces révélations, l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’AKP et ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu et les députés de l’opposition ont critiqué le gouvernement et les Turcs qui poursuivent leurs activités avec Israël, leur demandant des comptes.

Si, selon le ministre du Commerce Omer Bolat, les échanges maritimes entre la Turquie et Israël ont baissé de plus de 50 % au mois de novembre, cela serait dû aux « effets induits par un conflit de ce type » selon Metin Cihan et en aucun cas à une « volonté politique de limiter les relations avec Israël ou à un éventuel boycott comme le sous-entend le ministre ». Il estime par ailleurs la baisse plus proche de 40 % que de 50 %.

Selon le journal progouvernemental Sabah, le président Erdogan et sa famille prévoient de déposer plainte contre le journaliste, qui n’a pas encore été inquiété – un tribunal d’Istanbul lui a néanmoins ordonné de supprimer les tweets mentionnant la famille Yildirim, ce qu’il a refusé de faire.

A LIRE : Une présentatrice turque licenciée pour un gobelet Starbucks, symbole pro-israélien

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