Manifestation contre les bus du Shabbat devant l’habitation du maire de Tel Aviv
500 Israéliens religieux, dont des rabbins et un adjoint au maire, ont demandé à Ron Huldai de "cesser de violer le status-quo"
Environ 500 Israéliens religieux se sont rassemblés, samedi soir, à proximité du domicile du maire de Tel Aviv, Ron Huldai, pour protester contre les nouveaux services de bus qui fonctionnent dorénavant à Shabbat, dans le centre d’Israël.
Samedi marquait la quatrième semaine de mise en service par la municipalité de transports publics à Shabbat et ce, pour la première fois – en coopération avec plusieurs autres municipalités majeures de la région de Gush Dan.
Plusieurs rabbins éminents ont participé à cette manifestation tout comme l’adjoint au maire de Tel Aviv, Naftali Lubert, qui a déclaré que « les autorités locales ne doivent pas intervenir dans les lois des autorités de l’Etat ».
Le rabbin David Jiami de la yeshiva Har Hamor s’est exprimé lors de ce mouvement de protestation, interrogeant : « Pourquoi sommes-nous venus sur la terre d’Israël ? Pour piétiner avec mépris tout ce qui est sacré pour nous, tout ce pour quoi nous avons sacrifié nos existences depuis
3 000 ans ? Pour être comme les non-Juifs ? »
Yonatan Polak, l’un des organisateurs de la manifestation, aurait dit, selon la Douzième chaîne : « Nous nous trouvons ici pour la deuxième semaine d’affilée pour protester et exprimer le positionnement clair que la population d’Israël veut le respect du Shabbat au sein de l’Etat d’Israël, au sein de l’Etat juif ».
« Un maire ne peut pas prendre la décision de violer le status-quo de manière aussi flagrante et de changer ce qui caractérise notre Etat », a-t-il ajouté.
Samedi, plus tôt dans la journée, plusieurs douzaines de manifestants ultra-orthodoxes se sont réunis dans la ville religieuse de Bnei Brak, tentant de bloquer la rue Jabotinsky, une importante artère connectant Ramat Gan et Petah Tikva. Certains d’entre eux ont affronté la police.
Les forces de l’ordre ont expliqué que 16 manifestants avaient été arrêtés pour trouble à l’ordre public et pour avoir agressé des policiers durant le mouvement de protestation qui s’est étendu sur deux jours, vendredi et samedi.
Des manifestations similaires avaient eu lieu le week-end dernier.
La Douzième chaîne a fait savoir que des affiches distribuées à travers Bnei Brak, ces derniers jours, avaient appelé les résidents à « sortir pour transmettre le cri du Shabbat qui est aujourd’hui ouvertement profané. Notre saint Shabbat ne sera pas abandonné ! »
Une enquête diffusée lundi a révélé que le public israélien soutenait largement l’apparition de transports publics le samedi.
Parmi les Juifs israéliens, 71 % se prononcent en faveur de la mise en place de transports le week-end dont 94 % d’Israéliens laïcs, a fait savoir le groupe libéral Hiddush, qui avait commandité l’enquête d’opinion.
Parmi les autres groupes favorables à cette mesure, les Juifs traditionnels se qualifiant comme « pas aussi proches de la religion » à 82 % et les Juifs traditionnels qui se disent « proches de la religion » à 59 %. 57 % des ultra-orthodoxes s’opposent pour leur part aux transports publics pendant le week-end ainsi que 73 % des Juifs « religieux », a noté le sondage.
L’enquête avait été réalisée auprès de 600 Juifs israéliens, issus de l’ensemble du spectre politique, à la fin du mois de novembre.
Le programme de transports publics, lancé le 22 novembre et intitulé « on bouge le week-end », s’est avéré jusqu’à présent jouir d’une très forte popularité avec des bus qui ont été pris d’assaut lors de la première semaine. La ville, depuis, n’a cessé d’augmenter le nombre et la taille des véhicules pour s’adapter à la demande.
Environ 10 000 personnes ont utilisé ce service chaque semaine depuis sa mise en place.
En Israël, les bus et les trains ne fonctionnent généralement pas dans les villes à majorité juive depuis le vendredi soir jusqu’au samedi au crépuscule. Cette pratique est née d’un accord conclu entre la communauté ultra-orthodoxe et le premier Premier ministre israélien, David Ben-Gurion, avant la formation de l’Etat.
Les transports publics, à Shabbat, sont fortement décriés par l’establishment ultra-orthodoxe. Cela fait longtemps, pour leur part, que les Israéliens laïcs déplorent une mobilité restreinte pendant le week-end.
Ce programme de Tel Aviv englobe plusieurs communautés avoisinantes, comme Ramat Hasharon, Givatayim et Kiryat Ono. Les lignes mises en place, qui couvrent environ 300 kilomètres au total et comptent 500 arrêts de bus, n’entrent pas dans les quartiers orthodoxes.
D’autres villes israéliennes ont récemment annoncé leur intention de mettre en place des transports publics à Shabbat, notamment les banlieues de Tel Aviv de Ramat Gan et de Ganei Tikva.
Au début de l’année, une ligne de bus gratuite a été lancée à Tibériade, dans le nord du pays.
Cette semaine, la ville côtière de Bat Yam a décidé de ne pas se joindre aux municipalités environnantes et de ne pas fournir de transports publics à ses habitants pendant Shabbat.