Marée noire : L’accusation de terrorisme minimise le désastre selon Greenpeace
Le Liban va porter plainte contre Israël pour la pollution au goudron qui a atteint certaines de ses plages, après avoir touché le rivage méditerranéen d'Israël
Greenpeace a fustigé la ministre de la Protection environnementale Gila Gamliel qui a déclaré que le déversement de pétrole qui a pollué la plus grande partie des plages du pays était un attentat terroriste anti-israélien.
Le groupe a estimé que cette affirmation « est scandaleuse et factuellement sans fondement à ce stade ».
Il a ajouté qu’avec ce propos, la ministre « minimise le phénomène large et bien connu de la pollution marine par le déversement d’hydrocarbures des navires. La conduite de la ministre sur le sujet s’apparente à de l’électoralisme et à une tentative de gagner des points politiques suite à une catastrophe écologique ».
Le ministère de la Protection environnementale israélien a attribué la responsabilité du déversement de pétrole qui a entraîné un désastre environnemental à un navire libyen qui transportait du pétrole iranien.
L’establishment sécuritaire israélien enquête sur le lien présumé entre le déversement d’hydrocarbures au large d’Israël et l’Iran, mais n’a trouvé aucune preuve que cette importante pollution résulterait d’un acte de « terrorisme environnemental », a indiqué la Douzième chaîne jeudi soir.
La chaîne a déclaré que le ministère de la Protection environnementale avait rendu un rapport sur le sujet aux instances de sécurité, qui réexaminent actuellement ses conclusions. Des sources de la Défense auraient toutefois expliqué qu’aucune indication ne laissait entendre que le déversement aurait été délibéré.
Le rapport a ajouté que les services de renseignement israéliens avaient été recrutés pour se pencher sur cette hypothèse d’un sabotage iranien.
Un navire libyen, l’Emerald, transportait clandestinement du pétrole brut depuis l’Iran vers la Syrie au moment de l’écoulement de pétrole, a affirmé le ministère de la Protection environnementale dans un communiqué, jeudi, citant des images satellites capturées par le groupe de surveillance TankerTrackers. Le bateau est depuis retourné en Iran où il a jeté l’ancre.
Dans un entretien accordé jeudi soir à la Douzième chaîne, la ministre de la Protection environnementale a insisté encore une fois, et sans apporter de preuve, que la pollution était un attentat terroriste commis contre Israël par l’Iran.
« Il y a des gens qui ne réfléchissent pas aux risques de manière appropriée », a-t-elle déclaré jeudi soir alors qu’elle était interrogée sur son affirmation, pointant du doigt le leader de l’opposition, Yair Lapid, et disant que « seul Netanyahu sait gérer la menace iranienne correctement ».
Gamliel avait initialement indiqué, mercredi, qu’elle ne pensait pas que le déversement était délibéré. Avant d’attribuer la responsabilité de la marée noire à l’Iran lors d’une conférence de presse dans la soirée.
« Nous avons découvert que cet incident n’a pas été un acte de criminalité environnementale pur, mais bien un attentat terroriste », a-t-elle dit. « Et aujourd’hui, nous avons découvert que l’Iran ne pratique pas le terrorisme seulement via des armes nucléaires ou par le biais de tentatives visant à s’ancrer à nos frontières, mais que l’Iran commet du terrorisme en s’en prenant à l’environnement ».
L’accusation de la ministre a cependant été contestée par de hauts responsables de la sécurité et la Treizième chaîne a rapporté que l’establishment de la défense israélienne « ne partageait pas cette évaluation ». La chaîne a déclaré qu’il était « frappant » que ni l’agence de renseignement du Mossad ni d’autres organismes de défense n’aient été impliqués dans la formulation de la conclusion de Gamliel.
S’exprimant au micro de la Radio militaire, jeudi matin, Gamliel a repoussé les suggestions d’une pollution accidentelle, déclarant : « Dire que ce n’est pas du terrorisme est tout simplement inapproprié. »
Elle a ajouté qu’il y avait eu un « échec » de la part des services de sécurité à contrôler le pétrole brut transitant clandestinement pour déjouer les sanctions internationales imposées à la Syrie en raison de ses violations des droits de l’Homme.
Alors qu’il lui était demandé directement si la marée noire était délibérée ou s’il s’agissait d’un accident, elle a dit que « s’ils avaient lancé un missile sur un navire iranien, quelqu’un se demanderait-il si cela a été un acte délibéré ou une erreur ? De mon point de vue, cela a été un acte délibéré de terrorisme ».
S’exprimant jeudi après-midi, le directeur général du ministère, David Yahalomi, a insisté aussi sur le fait que, même sans volonté délibérée, il s’agissait d’une certaine forme de terrorisme.
« Peu importe que ce soit délibéré ou non », a déclaré Yahalomi à la chaîne publique Kan. « Un État ennemi qui transfère 45 millions de barils de pétrole illégalement et indûment à travers les eaux économiques d’Israël – est quoiqu’on en dise nuisible. »
Il a ajouté que le préjudice potentiel dans de telles circonstances « est une bombe à retardement », et qu’il est donc « tout à fait correct de parler de terrorisme environnemental ».
Il a estimé qu’environ 1 000 tonnes de goudron avaient frappé la côte méditerranéenne d’Israël, ajoutant que l’impact aurait pu être mille fois pire, entraînant des dégâts irréversibles, si un pétrolier entier avait déversé l’ensemble de sa cargaison au large du rivage de l’État juif.
Par ailleurs, de son côté, le parlement libanais a décidé de soumettre une plainte contre Israël concernant cette marée noire qui est également venue s’échouer sur certaines plages de son territoire.
Selon l’Agence Al Markazia, la commission de l’Environnement, au sein du parlement libanais, a recommandé le dépôt « en urgence » d’une plainte contre Jérusalem à l’ONU.
Elle a indiqué que les députés accusaient l’État juif « d’agression environnementale » contre le Liban.