Massacres par le Hamas : À Paris, des Juifs disent leur désarroi
Selon le président du Consistoire de Paris, "le choc s'accentue au fur et à mesure des images" qui révèlent l'ampleur des massacres commis par le groupe terroriste du Hamas
« On est de plus en plus en colère » : cinq jours après l’attaque du Hamas contre Israël, les Juifs de France restent sous le choc, encore amplifié par l’annonce de massacres dans des kibboutzim.
« Le choc s’accentue au fur et à mesure des images », affirme à l’AFP Joël Mergui, le président du Consistoire de Paris. « On a pris une grande gifle au début, on pensait qu’on se remettrait, et puis on voit la liste s’allonger, on comprend ce qui s’est passé … »
Devant le supermarché Hypercacher de la rue Manin, dans le XIXe arrondissement de Paris, Nessod Azencot, 68 ans, témoigne de cette « sidération, qui augmente d’un jour à l’autre ». « On est là, à attendre, collés devant la télé … », ajoute le retraité, rencontré mercredi, ses sacs de course à la main.
Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de terroristes palestiniens du Hamas ont infiltré Israël pour massacrer plus de 1 300 Israéliens et ressortissants étrangers.
Azencot évoque aussi « le carnage » dans les kibboutzim, celui « des bébés » tués. « On a dépassé un stade. La cruauté qu’ils ont montrée … », ajoute le retraité.
Il s’agit là d’une référence au kibboutz de Kfar Azza.
Depuis mardi, l’indignation revient régulièrement à ce sujet : « On a affaire à des monstres », déplore Carole Esther, 55 ans. « Il faut terrasser ce groupe terroriste, qu’il ne puisse plus se relever ».
Israël a riposté à l’assaut terroriste en annonçant une guerre pour détruire les capacités du Hamas, pilonnant sans relâche la Bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour de l’enclave palestinienne et à sa frontière nord avec le Liban.
« Sauvagerie »
Ces derniers jours, beaucoup de voix juives ont parlé de pogrom, terme historiquement lié aux attaques commises visant les Juifs dans la Russie du XIXe siècle.
Certains ont même dressé une comparaison avec la Shoah pendant la Seconde Guerre mondiale, à l’instar de Netanyahu qui a parlé d’ « une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah ».
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi a également condamné un « immense pogrom, le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah ».
À Paris, Philippe Touitou, 61 ans, approuve : « C’est pareil, c’est du massacre. » En revanche Joëlle Loubaton, 57 ans, tique un peu devant cette comparaison : « Ce n’est pas justifié, par le nombre déjà… » même si « l’Histoire se répète, et la haine des Juifs ».
« Ce n’est pas la première fois que cette référence existe », souligne la sociologue Martine Cohen, qui rappelle « qu’en 1967 (Guerre des Six jours, NDLR) on ne parlait pas de Shoah, on parlait de génocide, mais les Juifs craignaient déjà une disparition d’Israël. En 1973 (Guerre de Kippour) aussi d’ailleurs ».
Si une comparaison avec la Shoah est établie, c’est selon elle surtout « pour la cruauté des actes » recensés lors de l’attaque la plus meurtrière depuis la création d’Israël il y a 75 ans.
Alors que certains redoutent des répercussions en France, la sécurité a été renforcée. Quelque « 500 lieux » (écoles, synagogues …) « sont désormais protégés par 10 000 policiers et gendarmes », a assuré mercredi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Pour autant, certains s’inquiètent.
« Quand il y a eu le Bataclan, il n’y avait aucun conflit qui pouvait être importé. C’était juste une généralisation de la haine barbare islamiste radicale », souligne Mergui.
Les islamistes « ne vont pas agir maintenant, pour le moment ils sont gagnants », estime Esther. « Mais dès l’instant où Israël va occuper Gaza, c’est là que ça va flamber », s’inquiète Azencot.