« Même ici » : à Montréal, la communauté juive sous le choc après des attaques antisémites
Ces derniers jours, des écoles juives de Montréal ont été visées par des coups de feu pendant la nuit et deux cocktails Molotov ont touché une synagogue
« Même ici au Canada ! » Ils le redoutaient mais sont tout de même surpris par l’ampleur : sur l’île de Montréal, dans la commune de Hampstead, majoritairement peuplée de Canadiens de confession juive, les habitants sont atterrés de la flambée d’actes antisémites.
« Nous sommes très inquiets. Mes voisins et moi, nous sommes très prudents et très vigilants sur ce qui se passe dans les rues. Cela nous rend très nerveux », confie à l’AFP, avec beaucoup d’émotion, Lorne W., un résident de la commune qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
« C’est effrayant. J’envisage même d’éviter certaines institutions juives car je crains que certaines personnes s’y déchaînent », renchérit Diana Singal, sortie promener son chien. Cette autre habitante d’Hamsptead, dont une partie de la famille a péri dans les camps d’extermination nazis, est effarée : « Je pensais que l’on vivait aujourd’hui dans un monde différent. »
Le Proche-Orient est à plusieurs milliers de kilomètres mais il est dans toutes les têtes depuis les attaques perpétrées le 7 octobre par le Hamas suivie par l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Et encore plus depuis la recrudescence des actes antisémites : la semaine dernière, des écoles juives de Montréal ont été visées par des coups de feu pendant la nuit, à deux reprises pour l’une. Deux cocktails Molotov avaient touché une synagogue quelques jours plus tôt…
« Les attaques antisémites, notamment à Montréal, sont absolument inacceptables. Cela doit cesser », a déclaré mardi le Premier ministre Justin Trudeau. « Aucun parent ne devrait jamais avoir à dire à son enfant que l’on a tiré sur son école. Aucun rabbin ne devrait avoir à expliquer à sa congrégation que sa synagogue a été attaquée », a-t-il poursuivi.
Drapeau israélien en berne
Dans les rues de Hampstead, petite municipalité huppée et anglophone nichée au coeur de l’île de Montréal et qui compte 8 000 habitants, les affiches des quelque 240 otages enlevés par le Hamas sont visibles partout. Devant la mairie, le drapeau israélien est en berne.
Mardi soir, la municipalité a d’ailleurs voté pour instaurer une amende de 1 000 dollars (675 euros) pour toute personne qui arrache des affiches, notamment celles des otages du Hamas. Et 2 000 dollars pour toute récidive.
« C’est surprenant » de voir cette violence au Canada, explique Moishe New, le rabbin de l’une des trois synagogues de Hamsptead. « Nous ne nous y attendions pas » ajoute-t-il.
Ce dernier, chemise blanche et longue barbe grisonnante, raconte que, dans ce contexte, les gens ont besoin de se retrouver entre eux et que la synagogue déborde le samedi.
Selon des chiffres donnés par la police de Montréal, le nombre d’actes antisémites en un mois a largement dépassé ceux comptabilisés sur toute l’année 2022. Une tendance constatée également ailleurs dans le monde, notamment dans plusieurs pays européens.
« Nous n’avons jamais vu un tel niveau d’antisémitisme à Montréal. Jamais ! », dénonce le maire de la commune.
« C’est malheureux, mais rien n’est fait jusqu’ici pour y remédier. Il faut agir avant que la situation ne devienne incontrôlable », insiste M. Levi. Il regrette notamment les simples prises de parole des autorités, et réclame un vrai renforcement de la présence policière et l’interdiction de toutes les manifestations liées au conflit.
Une ligne que partage Yair Szlak, président de l’organisation juive Fédération CJA : « Il y a un conflit au Moyen-Orient. Nous sommes tous blessés par ce conflit. Nous en souffrons tous. Mais cela n’a pas sa place dans les rues de Montréal. »