Meron, 11 minutes tragiques : de nouvelles images montrent le déroulé du drame
La télévision a diffusé des images de caméras de sécurité montrant comment la passerelle est rapidement passée d'un état presque dégagé à un piège mortel bondé

De nouvelles images de la bousculade tragique de la semaine dernière au mont Meron ont été diffusées. Elles montrent comment la foule s’est rapidement accumulée lors de la fête religieuse, jusqu’à ce qu’une passerelle bondée s’est transformée en un piège mortel qui a tué des dizaines de personnes dans la pire catastrophe civile jamais connue en Israël en temps de paix.
La vidéo des caméras de sécurité diffusée par la Douzième chaîne mercredi a montré le déroulement de la tragédie, qui a fait 45 morts et plus de 150 blessés.
Le drame s’est produit dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que des milliers de personnes célébrant Lag B’Omer, venues pèleriner sur la tombe du Sage du deuxième siècle, Rabbi Shimon Bar Yochai, affluaient dans une allée étroite. Le passage était recouvert d’un plancher métallique et était peut-être mouillé, ce qui a fait glisser certaines personnes pendant la ruée vers la sortie. Certains sont apparemment tombés sur la passerelle et sur une volée d’escaliers à son extrémité, tombant sur ceux qui étaient en dessous et précipitant un effet domino fatal.
Les images ont montré qu’à 00 h 41 vendredi, il n’y avait que quelques dizaines de personnes dans la passerelle et qu’elles pouvaient circuler facilement dans les deux sens. Le passage permettait d’entrer et de sortir de l’enceinte de Toldot Aharon, où des milliers de personnes assistaient à un feu de joie.
À 0 h 44, la cérémonie était terminée et les participants ont commencé à sortir. En quelques secondes, le passage s’est obstrué. Le reportage indique qu’à ce moment-là, aucun service de police ou de secours n’était en vue et qu’aucun effort n’a été déployé pour atténuer la pression dangereusement croissante à mesure que les personnes descendant la passerelle se heurtaient à d’autres personnes prises dans l’intersection située en bas.
Une minute plus tard, on peut voir un secouriste s’extraire de la foule en escaladant une barrière latérale du passage et en s’efforçant désespérément d’écarter les cloisons métalliques pour libérer de l’espace.
C’est à ce moment-là que le désastre s’est déclenché, car certaines personnes situées plus haut dans le passage incliné ont apparemment perdu pied, tombant sur ceux qui se trouvaient en dessous, tandis que la foule, toujours plus nombreuse, se pressait sur eux.
Dans les secondes qui ont suivi, alors que certains réalisaient ce qui se passait, on peut voir un homme faire désespérément signe à ceux qui se trouvaient plus haut dans le passage de changer de direction et de rebrousser chemin, mais ses efforts ont été vains.
Vous pouvez regarder la vidéo, avec les commentaires en hébreu, ci-dessous :
À 12 h 47, la foule, comprimée, était incapable de bouger. C’est à ce moment-là que trois policiers sont arrivés et ont commencé à extraire quelques personnes qui étaient tombées au sol. On peut voir plusieurs personnes frapper les cloisons latérales, dans le but d’ouvrir des passages qui permettraient de s’échapper.
Deux minutes plus tard, l’une des barrières a été partiellement arrachée, créant une ouverture à hauteur de tête. Immédiatement, les gens ont tenté d’évacuer les lieux par les sorties improvisées.
Deux minutes plus tard, on constate qu’un nombre important de policiers et de secouristes ont enlevé d’autres barrières pour soulager la pression.
Mais pour des dizaines de personnes coincées en bas des escaliers, il était déjà trop tard.

Les demandes de création d’une commission d’enquête nationale sur cette tragédie se multiplient, l’accent étant mis sur l’organisation des événements annuels de Lag B’Omer au mont Meron.
Bien que les dirigeants politiques, y compris le Premier ministre Benjamin Netanyahu, aient demandé une enquête approfondie, rien n’a été fait jusqu’à présent pour mettre en place une commission d’enquête.
Le contrôleur d’État Matanyahu Englman a lancé sa propre enquête sur l’incident de Meron, bien qu’il ne s’agisse pas d’une enquête officielle de l’État. Mercredi, Englman s’est rendu à Meron pour examiner le site alors que l’enquête démarrait.
« Je pense qu’il est très important que l’examen soit ciblé et après cela, nous ferons notre travail de manière professionnelle », a-t-il déclaré aux médias.

La police israélienne enquête également sur la catastrophe et le département des enquêtes internes de la police du ministère de la Justice examine la manière dont la police a réagi lors du rassemblement.
Rien n’indiquant qu’une enquête d’État sera mise en place, le département a décidé mercredi qu’il commencerait à recueillir des témoignages dans les prochains jours, selon le site Ynet. Le département va également recueillir les enregistrements de toutes les caméras de sécurité présentes sur les lieux, selon le reportage.
Le site, le deuxième site religieux le plus fréquenté d’Israël après le mur Occidental, semble être devenu une sorte de zone extra-territoriale, où des communautés ultra-orthodoxes indépendantes organisent leurs propres événements et leurs propres conditions d’accès, sans aucune supervision générale, et où la police subit régulièrement des pressions de la part de ministres et de politiciens ultra-orthodoxes pour ne pas s’y opposer.
D’anciens responsables de la police ont déclaré que l’on craignait depuis des années qu’une tragédie ne survienne en raison des foules massives et du manque de surveillance à Lag B’Omer.
De multiples rapports publiés dans les médias israéliens ont indiqué que les députés religieux avaient exercé une pression énorme avant les festivités pour s’assurer qu’aucune limite ne serait imposée au nombre de participants en raison de la pandémie de COVID-19.
Quelque 100 000 pèlerins ultra-orthodoxes ont finalement participé à l’événement. Un cadre élaboré par le ministère de la Santé, en consultation avec d’autres responsables gouvernementaux, la police et d’autres, aurait limité l’événement à 9 000 participants mais n’a pas été mis en œuvre.