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Militaires percutés à Levallois : au procès, l’accusé confronté à ses incohérences

Des vidéos évoquant une croisade contre l'Occident et la haine du peuple juif et une photo d'un drapeau de l'État islamique ont été retrouvés dans deux téléphones

Secouristes et forces de l'ordre rassemblés après qu'un véhicule a renversé six soldats à Levallois-Perret, en région parisienne, le 9 août 2017. (Crédit : Thierry Chappé/AFP)
Secouristes et forces de l'ordre rassemblés après qu'un véhicule a renversé six soldats à Levallois-Perret, en région parisienne, le 9 août 2017. (Crédit : Thierry Chappé/AFP)

Jugé à Paris pour « tentative d’assassinat terroriste » après avoir renversé des militaires à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) en 2017, Hamou Benlatreche s’est accroché vendredi à sa version d’un accident provoqué par un malaise, malgré les incohérences soulevées par la cour.

« J’ai perdu connaissance » quelques secondes, « le choc m’a réveillé », puis « j’ai eu peur qu’on me tue », a décrit l’Algérien de 41 ans pour expliquer la collision avec la patrouille de l’opération Sentinelle puis sa fuite, le 9 août 2017.

Au cinquième jour de son procès, il oscille entre reconnaissance du mal causé et incompréhension des faits qu’on lui reproche.

Il demande ainsi « pardon à (…) toutes les forces de l’ordre » et se dit « choqué » par l’audition la veille des militaires blessés, qui ont expliqué les séquelles psychologiques de l’attaque.

« Depuis hier je pense à eux et à ce qui est arrivé. Je ne savais pas que leur vie avait changé à ce niveau-là », souligne Hamou Benlatreche, qui s’exprime en arabe, via un interprète.

L’accusé est renvoyé devant une cour d’assises spéciale pour les blessures occasionnées à six militaires, mais le président a indiqué vendredi que trois autres étaient également considérés comme « potentielles victimes ».

Hamou Benlatreche nie toute volonté de les avoir fauchés ce matin-là, au volant de son VTC. « Je n’ai rien contre la police ni les gendarmes. Pourquoi on m’accuse de ça ? ».

Il ne s’explique pas pourquoi trois militaires disent avoir vu son « regard déterminé » avant le choc. Lors de l’instruction, il avait dénoncé de « faux témoignages ».

De même, il qualifie de « faux experts » les médecins qui ont estimé qu’une perte de connaissance n’était pas compatible avec son changement brusque de trajectoire et qu’il était peu vraisemblable qu’il ait retrouvé la maîtrise du véhicule à peine quelques secondes après.

« Volonté de tuer caractérisée »

« Ça fait beaucoup de personnes qui ne sont pas d’accord avec vous », souligne l’avocat général, alors qu’il a aussi accusé plusieurs témoins d’avoir « menti ».

« C’est peut-être parce que je suis un arabe qu’on raconte ça sur moi », estime-t-il.

« Pourquoi vous prenez la fuite si c’était un accident ? », demande le président de la cour.

« J’ai eu peur qu’on dise que : ‘C’est un terroriste’. (…) J’avais peur qu’on me tue », répète-t-il.

Alors pourquoi ne pas avoir obtempéré lors de son interpellation près de Calais (Pas-de-Calais) ? Pourquoi avoir dirigé son bras vers sa ceinture, conduisant les forces de l’ordre à tirer ?

« Non, j’ai pas mis mes mains sur la ceinture. J’ai juste levé mon bras pour montrer que j’avais une cannette de Red Bull », une boisson énergisante, affirme Hamou Benlatreche.

Grièvement blessé lors de l’arrestation, il a été amputé de deux doigts et se déplace depuis en fauteuil roulant.

Mêmes dénégations concernant ses passages devant le local de Sentinelle, les jours ayant précédé les faits, signe pour l’accusation d’une préméditation.

Il récuse aussi toute proximité avec le jihadisme : « je n’ai aucun rapport avec le terrorisme, les terroristes, je suis quelqu’un de propre ».

Rappelant que son père était policier en Algérie, il se dit marqué par le terrorisme islamiste des GIA dans les années 1990. Il qualifie aussi sa fréquentation quotidienne de la mosquée et l’écoute de sourates du Coran de banales pour un Algérien, estimant que « les Français ne comprennent pas notre culture ».

Interrogé sur deux vidéos retrouvées dans son téléphone, évoquant une croisade contre l’Occident et la haine du peuple juif, il réplique : « J’ai pas regardé ça (…) Je ne sais pas comment c’est arrivé dans mon téléphone ».

Quant aux photos du drapeau du groupe Etat islamique et d’hommes en armes dans un second téléphone, saisi à son domicile, il affirme n’avoir « aucune relation avec ces photos » et dit que ce n’est « pas (son) téléphone ».

« Quand j’ai commencé la lecture du dossier, j’ai eu un peu envie de le croire » mais « aujourd’hui je n’ai plus aucun doute. (…) J’ai la conviction que cette volonté de tuer est caractérisée », a plaidé Vinciane de Sigy, avocate de l’association Fenvac, partie civile au procès.

En utilisant une voiture-bélier et en s’attaquant à des militaires, Hamou Benlatreche a bien suivi les exhortations des groupes jihadistes, une forme de terrorisme « très anxiogène » car « très difficile à prévenir » et « à la portée de monsieur et madame Tout-le-monde », a renchéri Géraldine Berger-Stenger, avocate de l’AFVT, autre association de victimes.

L’audience reprend lundi avec la plaidoirie de l’avocat des militaires. Elle sera suivie par le réquisitoire de l’accusation et la plaidoirie de la défense, avant un verdict en fin de journée.

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