Miller : annuler la détention administrative pour les Israéliens est un « revers »
Les États-Unis ont exprimé leur désapprobation ; Dès l'annulation des extrémistes radicaux israéliens s'en sont pris à des troupes en Cisjordanie
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les Etats-Unis ont condamné, lundi, la décision prise par le ministre de la Défense Israel Katz de ne plus recourir à la détention administrative contre les extrémistes israéliens en Cisjordanie, affirmant que cette pratique était l’un des rares outils utilisés par Jérusalem pour réprimer les violences commises par les partisans du mouvement pro-implantations.
La détention administrative permet d’incarcérer des suspects sans mise en examen formelle.
Interrogé sur cette décision lors d’un point-presse, Miller a déclaré qu’il s’agissait d’un « revers pour l’un des outils rares qui étaient, dans les faits, utilisés par le gouvernement israélien pour freiner ce type d’activité illégale ».
Des propos qui semblent être un coup porté aux efforts livrés par la police israélienne, qui n’a procédé qu’à une poignée d’arrestations liées au phénomène des violences commises par les extrémistes juifs au cours des douze derniers mois – et alors même que des attaques commises par des partisans du mouvement pro-implantations, attaques qui ont pris pour cible des Palestiniens, ont été régulières en Cisjordanie. La pratique de la détention administrative est employée par le Shin Bet, mais elle nécessite d’obtenir l’autorisation du ministre de la Défense.
Miller a déclaré que l’administration Biden était « extrêmement préoccupée » par les violences croissantes des extrémistes juifs en Cisjordanie, notamment par les agressions qui visent des civils palestiniens, par les déplacements forcés des communautés palestiniennes et par la destruction délibérée d’habitations et d’exploitations agricoles.
« Nous avons demandé à plusieurs reprises au gouvernement israélien de prendre des mesures supplémentaires pour décourager la violence des résidents extrémistes d’implantations, l’exhortant également à demander des comptes à ceux qui se rendent coupables de tels actes. Comme vous avez pu le constater avec les mesures que nous avons prises au cours des douze derniers mois, nous sommes également déterminés à poursuivre nos propres initiatives », a-t-il déclaré, faisant référence aux sanctions que les États-Unis ont imposées à une vingtaine de personnes et autres entités depuis le début de l’année. Miller a reconnu que ces sanctions pouvaient être annulées par la prochaine administration.
Katz avait annoncé sa décision vendredi – elle a immédiatement entraîné des accusations de discrimination dans la mesure où la pratique de la détention administrative sera encore applicable à l’encontre de milliers de Palestiniens et de quelques Arabes israéliens. Seuls sept extrémistes juifs étaient placés en détention administrative lorsque Katz a fait son annonce.
La détention administrative permet à un individu d’être détenu sans mise en examen ou autre forme de procès pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois. Cette incarcération peut être renouvelée indéfiniment, et elle autorise les procureurs militaires à empêcher les suspects d’avoir accès aux éléments de preuve qui ont été retenus à leur encontre. Elle est utilisée lorsque les forces de sécurité estiment qu’un individu représente un danger évident mais que les preuves sont insuffisantes pour l’inculper officiellement.
La chaîne d’information N12 a rapporté vendredi que le Shin Bet avait averti la hiérarchie politique politique que la décision qui a été prise par Katz risquait de nuire aux efforts déployés pour lutter contre les partisans violents du mouvement pro-implantation.
La chaîne a fait savoir qu’il serait plus difficile pour Israël d’exhorter les pays européens à ne pas se conformer aux tribunaux internationaux dans la mesure où cette décision établissait, dans les faits, qu’un traitement différent serait réservé pour les habitants juifs et arabes des secteurs placés sous l’autorité d’Israël en Cisjordanie.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a fait part de l’inquiétude de l’administration Biden au sujet de cette décision lors d’un appel téléphonique avec Katz samedi, a confié un responsable américain au Times of Israel.
La décision prise par Katz de mettre fin à la pratique de la détention sans autre forme de procès en faveur des seuls Juifs, tout en maintenant cette pratique à l’encontre des Palestiniens et de quelques Arabes israéliens, soulève d’importantes inquiétudes en matière de discrimination, a déclaré le responsable américain.
« Dans une réalité où les implantations juives de Judée-Samarie font l’objet de graves menaces terroristes palestiniennes et où des sanctions internationales injustifiées sont prises contre les partisans du mouvement pro-implantation, il n’est pas approprié que l’État d’Israël prenne des mesures aussi sévères contre les habitants des implantations », avait commenté Katz dans un communiqué annonçant sa décision, faisant référence à la Cisjordanie en utilisant son nom biblique.
Dans les heures qui ont suivi cette annonce, plusieurs attaques ont été perpétrées par des extrémistes juifs. Samedi, des dizaines de résidents d’implantations ont lancé des pierres en direction des soldats et d’agents israéliens de la police des frontières aux abords de l’implantation d’Itamar, en Cisjordanie et des dizaines d’extrémistes juifs qui se rendaient à Hébron à l’occasion d’un pèlerinage annuel ont tenté d’attaquer le chef du Commandement central de Tsahal, le général Avi Bluth, dans la journée de vendredi. Une attaque netanyahu a condamnée deux jours après.