Hébron : des extrémistes juifs tentent d’attaquer le principal commandant de Tsahal
Cinq suspects ont été arrêtés pour avoir tenté d'agresser le général de division Avi Bluth et d'autres soldats lors d'un pèlerinage annuel, le qualifiant de "traître"
A Hébron, plusieurs dizaines d’extrémistes qui étaient venus pour un pèlerinage annuel ont tenté de s’en prendre au chef du Commandement central de l’armée israélienne, le général Avi Bluth. Selon l’armée, ce dernier se trouvait vendredi dans cette ville de Cisjordanie – en proie à des tensions – pour assurer la sécurité du rassemblement.
Cinq suspects ont été arrêtés par la police après avoir poursuivi Bluth et les soldats qui l’accompagnaient, qualifiant le haut-gradé militaire de « traître ». Le chef du Commandement central entretient généralement des relations tendues avec les partisans du mouvement pro-implantation, l’armée étant en charge de les contenir en Cisjordanie.
Tsahal a indiqué que le groupe de jeunes suspects avait poursuivi Bluth, essayant de bloquer une sortie dont l’armée avait besoin à des fins opérationnelles.
Bluth et les soldats qui se trouvaient avec lui n’ont pas été blessés.
Après l’arrestation de cinq suspects, les émeutes ont été dispersées, a fait savoir l’armée, qui a condamné avec fermeté ces violences.
Samedi, des dizaines de résidents d’implantations, dont certains étaient masqués, ont aussi lancé des pierres contre des troupes israéliennes et des agents de la police des frontières près de l’implantation d’Itamar, en Cisjordanie, a indiqué l’armée. Tsahal a précisé que les troupes et les officiers de police ont dispersé l’émeute et arrêté cinq suspects. Aucun blessé n’est à déplorer.
« Tsahal condamne fermement et dénonce toute forme de violence contre les forces de sécurité et considère très sérieusement les incidents de ce type », a ajouté l’armée.
אירוע אלימות נוסף נגד כוחות צה"ל: כוח צה"ל זיהה סמוך לשכם רכב פלסטיני שמתיישבים יהודים גנבו, והגיע כדי להחרים אותו. התפרעות אלימה החלה במקום – עשרות מתיישבים יידו אבנים לעבר הלוחמים, מתיישב הכה חייל באגרוף. מג"ב עצרו 5 יהודים@Doron_Kadosh pic.twitter.com/2dBTUEiQLf
— גלצ (@GLZRadio) November 23, 2024
Chaque année, ce sont des dizaines de milliers de fidèles juifs qui se rendent à Hébron pour lire la Torah – racontant la manière dont Abraham avait acquis le site où se trouve le Tombeau du Patriarche pour y enterrer son épouse, Sarah. Au fil des années, des émeutiers juifs ont agressé de manière de plus en plus vive les habitants palestiniens dont les déplacements dans la ville ont été plus restreints encore par les soldats, soucieux, pour leur part, de sécuriser la zone pour les pèlerins.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Israel Katz n’ont pas réagi suite à cette attaque manquée à l’encontre de Bluth. Katz avait annoncé, vendredi, la fin de l’émission d’ordres de détention administrative en direction des partisans du mouvement pro-implantation en Cisjordanie – ce qui signifie qu’Israël n’utilisera plus désormais cette politique controversée d’incarcération des suspects sans mise en examen préalable à leur encontre. Seuls les Palestiniens soupçonnés de terrorisme seront encore concernés.
Le Shin Bet aurait mis en garde contre cette mesure, le chef de l’agence de sécurité, Ronen Bar, ayant déclaré en juin que l’interdiction de cette mesure à l’encontre des Israéliens « entraînera un préjudice immédiat, grave et sérieux pour la sécurité de l’État » dans les cas où il y a des informations claires laissant croire qu’un suspect est réellement susceptible de commettre un attentat terroriste.
La politique de mise en détention administrative permet au ministère de la Défense de mettre des suspects en prison sans acte d’inculpation, tandis que les ordonnances de restriction administrative leur interdisent de se rendre dans certaines zones ou de communiquer avec certaines personnes. Cet outil est généralement utilisé lorsque les autorités disposent de renseignements reliant un suspect à un crime, mais qu’elles ne disposent pas de suffisamment de preuves pour que les accusations puissent être retenues par un tribunal.
Les violences des partisans du mouvement pro-implantation se sont intensifiées depuis le pogrom commis par le Hamas dans le sud du pays, le 7 octobre 2023. Les autorités israéliennes arrêtent rarement les auteurs juifs de ces attaques. Les groupes de défense des droits de l’Homme déplorent des condamnations encore plus rares, regrettant que la grande majorité des accusations dans ce type d’attaques soient abandonnées.
Lorsqu’il avait pris ses fonctions, au mois de juin, à la tête du Commandement central, qui supervise la Cisjordanie, Bluth s’était engagé à « ne pas céder » face aux violences des extrémistes juifs. Son prédécesseur, le général de division Yehuda Fox, avait déclaré à l’époque que si « la grande majorité » des résidents d’implantations israéliens en Cisjordanie étaient « des citoyens moraux et respectueux de la loi », certains adoptaient « les méthodes de l’ennemi » et il avait déploré l’absence de dénonciations de ces violences de la part des dirigeants du mouvement pro-implantations.
Le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a condamné samedi les extrémistes juifs qui ont attaqué Bluth et d’autres officiers, les accusant de s’être joints aux ennemis d’Israël pour porter atteinte à la sécurité de l’État.
« Toute atteinte aux soldats qui donnent leur vie pour les citoyens d’Israël doit être sévèrement réprimée et les responsables doivent être traduits en justice », a-t-il déclaré.
« Blesser les commandants et les soldats de Tsahal, qui consacrent leur vie à la sécurité d’Israël et de ses citoyens, blesse l’ensemble de l’État d’Israël », a écrit pour sa part Katz sur X. « J’attends des forces de l’ordre qu’elles traduisent immédiatement en justice les personnes impliquées dans cet incident et j’appelle les dirigeants de l’implantation à condamner fermement ce type de phénomène », a-t-il ajouté.