MMA : Lina Fayyad, la Jordanienne qui rêve de l’UFC
En dehors de son palmarès sportif, l'athlète veut envoyer un message aux femmes jordaniennes et "prouver que les femmes arabes peuvent atteindre leurs objectifs"

À l’entraînement, Lina Fayyad enchaîne coups de poing et de pied dans une cage grillagée. Bravant le poids des traditions, cette Jordanienne rêve de conquérir l’UFC, la plus grande organisation de MMA, les arts martiaux mixtes.
« Lorsqu’une personne se donne un objectif, rien ne peut l’empêcher de l’atteindre », se plaît à dire cette femme de 33 ans dans son camp d’entraînement à Nicosie, capitale de l’île méditerranéenne de Chypre, dont le surnom de combattante est « La barbare féroce » (« The fierce savage »).
Dans de nombreuses sociétés conservatrices du Moyen-Orient, les femmes sont quasiment étrangères à ce sport, considéré comme réservé aux hommes.
« À mes débuts, j’ai entendu beaucoup de critiques et elles continuent mais cela m’importe peu car je cherche à réaliser mon rêve de parvenir à l’UFC (Ultimate Fighting Championship) », déclare-t-elle à l’AFP.
« Il y a eu beaucoup d’obstacles sur mon chemin (…) je me faisais expulser des clubs de sport parce que je suis une fille et que les hommes refusaient de se battre contre moi », ajoute la sportive de 32 ans.
Longs cheveux marron, petite de taille et muscles saillants, la jeune femme est la seule à pratiquer ce sport dans sa Jordanie conservatrice.
« J’entends souvent dire que je suis une lionne dans la cage, et c’est vrai, je n’ai pas peur. »
Encouragée par son père, boxeur, elle entre dans le monde des arts martiaux dès ses 10 ans, et pratique le taekwondo à partir de 12 ans puis le kickboxing et la lutte et enchaîne sur d’autres disciplines.

Envoyer un message
« J’ai remporté trois médailles d’or en kickboxing aux championnats arabes et une médaille d’or aux championnats du monde de muay thaï », raconte-t-elle.
Passée au MMA en 2017, elle a depuis remporté deux des trois combats auxquels elle a participé.
Mais en dehors de son palmarès sportif, Lina Fayyad veut envoyer un message aux femmes jordaniennes.
« Je reçois beaucoup de bons commentaires de femmes et elles sont vraiment motivées quand elles me voient. Je me sens en quelque sorte responsable parce que je veux prouver que les femmes arabes peuvent atteindre leurs objectifs. »
« Si j’avais écouté les critiques et que j’étais devenue femme au foyer, je n’aurais pas été heureuse. Je veux profiter des dons que Dieu m’a donnés pour faire plus. »
Dans les salles où elle s’entraîne et supervise des combats à Nicosie, Lina Fayyad se prépare pour son prochain combat prévu en juin à Limassol, même si sa participation reste incertaine en raison de récentes fractures aux deux pieds.
Même après sa retraite, Lina Fayyad veut continuer à pratiquer un sport, mais peut-être en s’adonnant à un qui soit plus adapté à son âge, comme le jiujitsu. « J’arrêterai quand je serai vieille. »