Mort à l’âge de 97 ans de Yaakov Nimrodi, premier envoyé militaire d’Israël en Iran
Né à Bagdad, il avait quitté l'Irak pour la Palestine mandataire, servi dans la Haganah et le Palmach et pris part à des opérations secrètes de Tsahal
Yaakov Nimrodi, ex-officier du renseignement de Tsahal devenu le tout premier attaché militaire d’Israël en Iran, est décédé lundi à l’âge de 97 ans.
Il s’est éteint à l’hôpital Sheba après une longue maladie.
Il était né à Bagdad en 1926 et s’était installé en Palestine mandataire avec sa famille peu de temps après.
Dans les années 1940, Nimrodi s’était engagé dans la Haganah, la milice pré-étatique d’Israël, avec Yitzhak Navon, futur cinquième président d’Israël entre 1978 et 1983.
Il a ensuite rejoint les rangs du Palmach, force d’élite de la Haganah en 1947, avant de s’engager dans l’armée israélienne et l’agence d’espionnage du Mossad une fois l’État créé.
Au sein de l’armée, Nimrodi a dirigé plusieurs opérations très sensibles, dont certaines restent classifiées.
Il a pris part au tout premier assassinat ciblé d’Israël en 1956, contre Mustafa Hafez, colonel égyptien qui recrutait des réfugiés palestiniens pour mener des attaques transfrontalières contre l’État juif, au moyen de bombes cachées dans des enveloppes.
En 1955-1959, Nimrodi a mis en place et dirigé le bureau du Mossad à Téhéran, d’où il a aidé les Juifs d’Irak à fuir en Israël et établi un précieux réseau d’espionnage.
De 1960 à 1969, il a signé des accords de défense avec l’Iran en qualité de premier attaché militaire de Tsahal à Téhéran.
Israël entretenait des relations diplomatiques de qualité avec l’Iran avant la révolution islamique de 1979 qui a transformé le pays en ennemi acharné d’Israël, voué à la destruction de l’État juif.
Pendant son mandat, il a pris part à l’opération Diamond, qui a permis la défection d’un pilote de chasse irakien de MiG-21, l’avion soviétique le plus perfectionné de l’époque, et l’a fait atterrir en Israël en 1966.
L’avion avait fourni des informations précieuses aux scientifiques américains et israéliens.
Après sa carrière réussie dans l’armée, Nimrodi est devenu homme d’affaires, notamment en Iran, où il a construit des dizaines d’usines de dessalement.
Il a racheté le journal Maariv en 1992 et nommé son fils Ofer rédacteur en chef. À l’époque, le journal était le grand rival du quotidien Yedioth Ahronoth.
Il a été reconnu coupable d’entrave à la justice et condamné à une peine avec sursis pour des écoutes illégales du journal rival. Son fils Ofer a lui aussi été condamné et emprisonné en 1998.
Nimrodi laisse dans la peine son épouse Rivka, ses enfants Ofer, Samdar et Yael, ainsi que 15 petits-enfants et 12 arrière-petits-enfants.
Une autre de ses filles, Ruth, a trouvé la mort lors d’un voyage dans le Sinaï lorsque son véhicule a roulé sur une mine terrestre en 1996.
Par voie de communiqué, Ofer Nimrodi a dit de son père qu’il avait été un « sioniste, un héros israélien, un visionnaire et un homme d’action, généreux, bon père de famille, forcément pas comme les autres ».