Moubarak a respecté l’accord de paix, mais sans développer les liens avec Israël
Selon un ambassadeur israélien, le dirigeant égyptien n'a guère fait d'efforts pour la coopération agricole et culturelle ; mais a tenu à œuvrer pour la paix israélo-palestinienne

Immédiatement après l’assassinat du président égyptien Anouar El-Sadate en octobre 1981, le vice-président de l’époque, Hosni Moubarak, a annoncé que l’Égypte continuerait à respecter « tous les traités, chartes et obligations internationales » qu’elle avait conclus.
Moubarak restera président de l’Égypte pendant une trentaine d’années, jusqu’à sa démission forcée en 2011 à la suite des manifestations pro-démocratiques qui ont mis fin à son règne autocratique sur le pays.
Pendant ses années au pouvoir, il a tenu sa promesse de préserver le traité de paix israélo-égyptien historique – qui a rendu la péninsule du Sinaï à l’Égypte et mis fin à des décennies d’hostilités – mais il a limité le développement des relations entre les deux pays.
L’ancien chef de l’État est mort à l’âge de 91 ans mardi matin, a annoncé son fils Alaa sur Twitter. Son successeur, Abdel Fattah el-Sissi, a décrété trois jours de deuil à partir de mercredi.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rapidement fait l’éloge du leader égyptien de longue date, l’appelant « mon ami personnel » et « un leader qui a conduit son peuple vers la paix et la sécurité, vers la paix avec Israël ».
« Lorsqu’il a pris ses fonctions en 1981, il voulait restaurer la position de l’Égypte dans le monde arabe », a indiqué Itzhak Levanon, qui a été ambassadeur d’Israël en Égypte entre 2009 et 2011.
« Il savait qu’il devait utiliser Israël comme monnaie d’échange pour gagner la faveur du monde arabe. Il a donc décidé d’éviter de développer des liens chaleureux avec nous », a-t-il commenté.

« Il a gardé le cadre du traité intact – ce que les Américains voulaient – mais l’a vidé d’une grande partie de son contenu lié aux relations bilatérales », a déclaré l’ancien diplomate, ajoutant qu’il n’a pas repoussé les syndicalistes égyptiens appelant au boycott d’Israël ou à la rhétorique anti-Israël dans les médias locaux.
Pour Itzhak Levanon, si Moubarak a présidé au développement d’une forte coordination sécuritaire entre Israël et Le Caire et de certains liens économiques, il n’a pas fait d’efforts significatifs pour faire avancer la coopération agricole, culturelle et plusieurs autres formes de coopération.
Une partie importante de l’opinion publique égyptienne s’est longtemps opposée aux relations de son gouvernement avec Israël.
Après la signature du traité en mars 1979, la Ligue arabe a suspendu l’adhésion de l’Égypte et déplacé son siège du Caire à Tunis.
L’organisme régional n’a accepté de réintégrer le pays qu’en 1989 et de refaire de la capitale égyptienne son siège en 1990.
Ofir Winter, un expert des relations israélo-égyptiennes, a déclaré que Moubarak a préservé « les éléments de base du traité de paix », mais a également gardé ses distances avec Israël.
Le chercheur au sein du groupe de réflexion de l’Institute for National Security Studies [INSS] a souligné que celui-ci n’a jamais effectué de visite officielle en Israël pendant son mandat de président.
« Il n’est venu que pour les funérailles de Rabin en 1995 et a déclaré qu’il était venu spécifiquement en visite personnelle pour présenter ses condoléances à l’épouse de Rabin », a-t-il indiqué, faisant référence au Premier ministre Yitzhak Rabin assassiné à Tel Aviv par un extrémiste juif.

« Il a toujours dit qu’il devait y avoir un accord de paix entre Israël et les Palestiniens avant qu’il puisse faire une visite d’État », a expliqué Ofir Winter.
D’autres responsables arabes, dont le roi de Jordanie de l’époque, Hussein, ont également assisté à ces funérailles.
L’ancien diplomate Levanon a souligné que, sous Moubarak, l’Égypte a considérablement restreint les opérations de l’ambassade israélienne au Caire.
« Nous n’étions pas autorisés à avoir des contacts directs avec des ministres ou des membres du Parlement [égyptien] », a-t-il fait savoir. « Les portes étaient globalement fermées à l’ambassade quand on voulait communiquer avec de nombreuses personnes ».
Ofir Winter a cependant noté que le chef d’État était désireux de coopérer avec Israël et les Palestiniens sur les questions liées au processus de paix.
« Il était très important pour lui d’encourager les progrès dans le processus de paix », a assuré ce dernier. « Il le souhaitait afin de pouvoir faire valoir que l’Égypte n’a pas conclu un accord séparé avec Israël, mais plutôt un accord qui a ouvert la voie à une paix plus large, les Palestiniens compris ».

Le Caire a applaudi la signature de plusieurs accords dans les années 1990 et des protocoles qui ont constitué les Accords d’Oslo et ont abouti à la création de l’Autorité palestinienne.
Yitzhak Levanon reconnaît que le raïs a pris des mesures pour faire avancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens.
« Moubarak a soutenu la position palestinienne, mais il a estimé qu’il était nécessaire de faire avancer les discussions entre Israéliens et Palestiniens. Il a toujours voulu encourager les parties à trouver une solution », indique-t-il. « Chaque fois que nous lui avons demandé de faire quelque chose en rapport avec le processus de paix, il était toujours prêt à nous aider ».
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