Nazanin Zaghari-Ratcliffe a comparu pour un nouveau procès à Téhéran
L'Irano-Britannique est poursuivie pour "propagande contre le système pour avoir participé à un rassemblement devant l'ambassade d'Iran à Londres en 2009"
L’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, au coeur de vives tensions diplomatiques entre Londres et Téhéran, a comparu dimanche pour un nouveau procès dont elle attend le verdict, quelques jours après avoir fini de purger une peine de cinq ans de prison.
Mme Zaghari-Ratcliffe, 42 ans, est poursuivie pour « propagande contre le système (politique de la République islamique, NDLR) pour avoir participé à un rassemblement devant l’ambassade d’Iran à Londres en 2009 », a déclaré à l’AFP son avocat Hojjat Kermani.
« Le procès s’est déroulé dans une ambiance très calme et très bonne, en présence de ma cliente, devant la 15e chambre du Tribunal révolutionnaire de Téhéran », a-t-il expliqué.
Au cours d’une séance unique, « la plaidoirie a eu lieu et le procès s’est achevé », a indiqué Me Kermani, sans préciser la date à laquelle il escomptait connaître le verdict.
« Compte-tenu des éléments présentés par la défense et de la procédure juridique, et du fait que ma cliente a également purgé sa peine précédente, j’espère qu’elle sera acquittée », a ajouté l’avocat.
Employée de la Fondation Thomson Reuters, branche philanthropique de l’agence de presse du même nom, Mme Zaghari-Ratcliffe a été arrêtée en 2016 à l’aéroport de Téhéran après une visite à sa famille.
Accusée d’avoir comploté pour renverser la République islamique, ce qu’elle nie farouchement, cette binationale a été condamnée en septembre de la même année à cinq ans d’emprisonnement, pour des accusations de sédition qu’elle a toujours farouchement niées.
D’espoirs de libération en déconvenues, cette cheffe de projet a été contrainte de purger sa peine jusqu’au bout.
Assignée à résidence chez ses parents à Téhéran après avoir été autorisée à sortir de prison en raison de la pandémie de coronavirus en mars 2020, elle s’est fait retirer le 7 mars le bracelet électronique qu’elle portait depuis lors.
« Un grand sourire »
Elle est « euphorique » et arbore « un grand sourire » après cette libération, avait déclaré son mari Richard Ratcliffe, à l’occasion d’un rassemblement le jour même en présence de leur fille Gabriella, 6 ans, devant l’ambassade d’Iran à Londres, muni d’une pétition d’Amnesty international signée par 160.000 personnes et demandant la libération de sa femme.
Pour son époux, Mme Zaghari-Ratcliffe est l' »otage » d’un sinistre jeu politique portant sur une vieille dette contractée par le Royaume-Uni dans le cadre d’un contrat d’armement avec l’Iran d’avant la révolution islamique de 1979, et jamais honoré par Londres.
« Nous allons continuer à nous battre jusqu’à ce qu’elle soit à la maison », a promis M. Ratcliffe.
Dans un rapport remis vendredi au chef de la diplomatie britannique Dominic Raab, l’ONG Redress a relevé que Mme Zaghari-Ratcliffe souffrait d’un stress post-traumatique grave après avoir subi des « mauvais traitements » durant sa privation de liberté en Iran et qu’elle devait donc être reconnue par Londres comme « victime de torture ».
Les autorités iraniennes ont toujours nié qu’elle ait été maltraitée.
Selon un communiqué de Downing Street, le Premier ministre britannique Boris Johnson a demandé mercredi lors d’un appel téléphonique avec le président iranien Hassan Rohani la « libération immédiate » de tous les binationaux irano-britanniques détenus en Iran et le retour de Nazanin Zaghari-Ratcliffe au Royaume-Uni.
L’Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, a toujours refusé au Royaume-Uni un accès consulaire à Mme Zaghari-Ratcliffe pendant qu’elle était en prison et a constamment critiqué les appels de Londres à sa libération, qu’il considère comme des ingérences dans ses affaires intérieures.