Netanyahu à Macron : retirez les armes du Hezbollah des zones civiles
Le Premier ministre a réitéré son aide après les explosions à Beyrouth, et a mis en garde le groupe terroriste contre une confrontation

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a félicité mardi le président français Emmanuel Macron pour son leadership à la suite de l’explosion massive au port de Beyrouth la semaine dernière.
Les deux dirigeants se sont parlé par téléphone. Au cours de la conversation, Netanyahu « a exprimé la volonté d’Israël de fournir une aide humanitaire » à la population libanaise, selon un communiqué du cabinet du Premier ministre.
Netanyahu a également appelé au retrait des missiles et explosifs du Hezbollah des zones habitées. « Afin d’éviter des catastrophes comme celle qui s’est produite au port de Beyrouth, les explosifs et les missiles que le Hezbollah a dissimulés doivent être impérativement retirés de toutes les zones de concentration de la population civile au Liban », a-t-il déclaré.
« Le Premier ministre a précisé que si le Hezbollah pense résoudre la crise au Liban en créant une crise avec Israël, il commet une grave erreur », a déclaré le cabinet du Premier ministre.
Dans un discours prononcé en 2018 devant l’Assemblée générale des Nations unies, Netanyahu avait détaillé la liste des sites à Beyrouth où le Hezbollah cache des armes, notamment sur le front de mer.
Des analyses préliminaires publiées par des responsables libanais indiquent que l’explosion est liée à la présence de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium hautement explosif, laissés sans surveillance au port depuis environ six ans.
Le Hezbollah a un lourd passif avec le nitrate d’ammonium, notamment des incidents en Allemagne et au Royaume-Uni, largement diffusés à l’époque : des membres du Hezbollah auraient été repérés en possession de quantités substantielles de ce matériau.
À Londres en 2015, informés par le Mossad, les services de renseignement britanniques auraient découvert quatre membres du Hezbollah avec trois tonnes de nitrate d’ammonium cachées dans des sacs de farine. Un processus similaire a conduit à la découverte en Allemagne de membres du Hezbollah avec assez de nitrate d’ammonium « pour faire sauter une ville », a révélé vendredi un reportage télévisé israélien.

En 2016, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a menacé de tirer des missiles sur un réservoir de stockage d’ammoniac israélien dans la ville portuaire de Haïfa, au nord du pays. « Le Liban a une ‘bombe nucléaire’ aujourd’hui », a déclaré Nasrallah dans son discours. « L’idée est que nos missiles, combinés à l’ammoniac de Haïfa, créeront l’effet d’une bombe atomique. » (Le réservoir a depuis été débarrassé.)
Jeudi dernier, lors d’une visite éclair à Beyrouth encore sous le choc des explosions, Macron s’est engagé à diriger les efforts internationaux de secours d’urgence et à organiser une conférence de soutien dans les prochains jours, affirmant que « le Liban n’est pas seul ».
Macron, qui a visité le port dévasté et rencontré les dirigeants libanais, a déclaré que sa visite était « l’occasion d’avoir un dialogue franc et stimulant avec les pouvoirs politiques et les institutions libanaises ».

Mais il a également averti que le Liban – qui avait déjà désespérément besoin d’un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars, et traversait des troubles politiques depuis octobre – « continuerait de sombrer » s’il ne met pas en œuvre des réformes urgentes.
Quant aux dirigeants politiques libanais, Macron a déclaré que « leur responsabilité est énorme – celle de la refondation, d’un nouveau pacte politique avec le peuple libanais dans les prochaines semaines, d’un changement profond. ».
L’aide « ne tombera pas entre des mains corrompues », a déclaré Macron, appelant à la réforme du gouvernement discrédité du Liban.
Le gouvernement a démissionné lundi en raison des événements récents, un facteur supplémentaire d’incertitude quant à l’avenir du pays.
L’explosion massive de mercredi dernier au port de Beyrouth a provoqué plus de 200 morts et des milliers de blessés, et près de 350 000 sans-abris.
Plus de la moitié des hôpitaux de Beyrouth, dont trois des plus importants, sont « hors service », a indiqué mercredi Richard Brennan, directeur régional des urgences de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), huit jours après l’explosion qui a dévasté la capitale libanaise.
Après une évaluation de l’état de 55 cliniques et centres de santé à Beyrouth, « nous savons qu’un peu plus de 50% de ces établissements sont hors service », a déclaré M. Brennan lors d’une conférence de presse au Caire, ajoutant que trois des principaux hôpitaux étaient hors service et trois autres ne fonctionnaient pas à pleine capacité.
Bien que l’enquête approfondie sur l’incident soit en cours, les premiers rapports libanais indiquent que l’explosion principale a été déclenchée par un incendie et une déflagration mineurs qui ont provoqué l’explosion de quelque 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, soit plus de 1 000 fois la quantité utilisée en 1995 lors de l’attentat à la bombe d’Oklahoma City.
Lundi, le ministre de la Défense israélien Benny Gantz, a averti que la prochaine guerre d’Israël contre le Hezbollah serait plus difficile, compte tenu du fait que le groupe terroriste entrepose des armes dans des zones civiles.
« Nous avons assisté à la catastrophe survenue au Liban. Imaginez-vous si elle avait été démultipliée par les caches d’armes du Hezbollah, qui se trouvent dans chaque ville et village libanais », a déclaré Gantz à l’influente commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.
Le ministre de la Défense a déclaré que le procédé du Hezbollah de conserver des armes dans des foyers de population civile présentait un risque pour les citoyens libanais et un défi pour l’armée israélienne, qui considère le groupe terroriste comme son principal ennemi dans la région.