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Netanyahu accusé d’incitation politique par Yisrael Beytenu

Yisrael Beytenu affirme que Netanyahu a illégalement incité le maire de Tibériade à se présenter à la Knesset en tant qu'indépendant laïc de droite pour siphonner des voix au parti

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Ron Cobi, le maire de Tibériade devant le bâtiment de la municipalité de Tibériade dans le nord d'Israël, le 1er avril 2019. (David Cohen/Flash90)
Ron Cobi, le maire de Tibériade devant le bâtiment de la municipalité de Tibériade dans le nord d'Israël, le 1er avril 2019. (David Cohen/Flash90)

Mercredi, le parti Yisrael Beytenu d’Avidgor Liberman a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir mis en place un projet illégal visant à encourager le maire de Tibériade à se présenter en tant que candidat laïc de droite aux prochaines élections de septembre à la Knesset afin de siphonner ses voix.

Le parti du Likud a nié ces accusations et a déclaré que Ron Cobi « agissait de lui-même ».

Le maire de la ville du nord, qui a œuvré afin que soient disponibles les transports publics le jour du Shabbat, s’est attiré les foudres des ultra-orthodoxes pour ses positions – il avait déclaré vouloir limiter la population haredi de la ville. Il a annoncé plus tôt cette semaine qu’il se présentait à la Knesset lors des élections de septembre prochain.

Même s’il a peu de chances d’obtenir un siège, le programme de son parti « Droite laïque » se concentre sur la religion et les questions étatiques, avec une tendance nationaliste. Ses positions se rapprochent de certaines idées d’Yisrael Beytenu, ce qui a entraîné des préoccupations parmi les élus du parti de Liberman.

Cobi, qui a été élu maire en octobre, a dévoilé sa candidature au parlement quelques jours après sa défaite nette dans un vote du budget mardi soir pour la troisième fois, ce qui va ouvrir la voie au ministère de l’Intérieur pour lui retirer son mandat.

Neuf des 15 membres du conseil ont voté contre le budget proposé par Cobi tard mardi, quittant eux-mêmes leur mandat à partir du 30 juin, quand le ministère de l’Intérieur commencera à intervenir et décider s’il évince Cobi ou non.

Le député Oded Forer d’Yisrael Beytenu, durant une rencontre du parti à la Knesset, le 31 décembre 2018. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

« Il semblerait que le Premier ministre Benjamin Netanyahu soit hystérique au point qu’il soit prêt à violer la loi et faire concourir un candidat de paille comme Cobi », a déclaré le député Oded Forer d’Yisrael Beytenu dans un communiqué ce mercredi.

Il a demandé que Netanyahu s’exprime clairement pour dévoiler s’il avait ou non rencontré Cobi et discuté avec lui de la possibilité de présenter sa candidature afin de nuire à Yisrael Beytenu. Il a suggéré que le Premier ministre avait promis au maire de Tibériade en difficulté de l’aider à recevoir ses donations politiques ou une future nomination politique dans un donnant-donnant. « Lui avez-vous demandé de ‘voler’ le slogan d’Yisrael Beytenu ‘droite laïque’ de précédentes élections pour en faire le nom de la liste de son parti ? », a demandé Forer.

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Ron Cobi savent qu’il n’a aucune chance d’être élu à la Knesset. La véritable question est de savoir si le Premier ministre lui a promis, en échange de sa candidature, une place après l’élection ?, a continué Forer. Ou peut-être lui a-t-il promis qu’il fera pression sur le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri pour l’empêcher d’exercer son autorité et d’éviter à Cobi de se faire virer de son mandat de maire ? »

Un homme juif ultra-orthodoxe à proximité d’une affiche avec les photos du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du chef du parti Shas Aryeh Deri, pendant la campagne électorale du Shas, à Sefed, le 10 mars 2019. (David Cohen/Flash90)

Mardi, Liberman a été cité par un média russe affirmant que Cobi était un « clown qui n’avait pas réussi à former une coalition pour sa ville, qui n’avait pas réussi à faire passer un budget, et qui se présente maintenant à la Knesset. C’est un parti de clowns dont le seul objectif est de prendre des voix à Yisrael Beytenu ».

Un porte-parole de Netanyahu a nié les accusations, déclarant que « le Likud et le Premier ministre ne sont pas derrière les décisions de Ron Cobi, qui agit de lui-même ».

Yisrael Beytenu et le Likud sont à couteaux tirés sur des questions religieuses depuis le mois dernier, quand des élus ont voté pour dissoudre la Knesset, dirigeant le pays vers de nouvelles élections nationales, un événement sans précédent, après que Liberman a refusé d’entrer dans la coalition de Netanyahu suite à des désaccords concernant la conscription haredi dans l’armée.

Le président Yisrael Beytenu Avidgor Liberman participe à un événement Samedi Culture à Tel Aviv, le 2 mars 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)

« Liberman a copié tout ce qu’il fait maintenant sur ce que nous avons fait lors des six derniers mois, a affirmé Cobi ce mois-ci. La guerre contre la coercition haredi a commencé à Tibériade. »

Surnommé le « Donald Trump du nord » par les médias israéliens pour son style combatif, Cobi a pris le pouvoir à la mairie en automne dernier suite à une campagne focalisée sur la présence croissante de la communauté haredi et son influence dans la ville. Cobi a réalisé une série de vidéos grossières et menaçantes sur Facebook. Il est rapidement devenu la bête noire de la communauté haredi en lançant des lignes de bus gratuites les samedis dans la ville et en élargissant les divertissements et les commerces autorisés à l’ouverture pendant le jour juif de repos, tout en promettant de réduire les projets immobiliers pour les résidents ultra-orthodoxes. En mars, Bezalel Smotrich de l’Union des partis de droite a accusé Cobi « d’antisémitisme ».

Depuis le lancement de sa campagne politique, Cobi a aussi pris pour cible, à plusieurs reprises, le ministre de l’Intérieur Deri, qui détient la clef de son avenir politique dans cette ville du nord et qui est un allié clef de coalition de Netanyahu.

« Quiconque a voté contre le budget [du conseil municipal] est une marionnette qu’il [Deri] contrôle, a-t-il dit à la Radio militaire mercredi. Il doit être écarté du cercle du pouvoir. »

« Quand on voit ces pourritures à la Knesset et ces rabbins révoltants qui s’impliquent dans la ville, on comprend pourquoi ils doivent être vaincus ailleurs », a-t-il dit à la Douzième chaine lundi. « Il n’y a rien à faire, ce pays a été conquis par le ministère de l’Intérieur, qui contrôle les vies des citoyens de l’ensemble du pays, en périphérie et au centre. »

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