Netanyahu affirme n’avoir jamais cru que le Hamas ne voulait plus attaquer Israël
Après des années où il a apaisé le groupe terroriste avec l'argent du Qatar, des permis de travail et des réponses médiocres à ses attaques, le Premier ministre insiste sur le fait qu'il a toujours su que la seule solution était de le détruire
Le Premier ministre a affirmé, lundi, qu’il n’avait jamais cru que le Hamas s’intéressait davantage à l’idée de s’enrichir en gouvernant Gaza qu’à attaquer Israël – même s’il les propos qu’il a pu tenir dans le passé démontrent clairement le contraire.
Pendant une interview de trente minutes accordée à l’auteur britannique Douglas Murray, Netanyahu a été interrogé sur sa « conception » – terme employé par de nombreux observateurs lorsqu’ils évoquent l’évaluation profondément erronée qui avait été faite par les responsables dans les années qui ont précédé l’assaut du 7 octobre – une idée qui était que le Hamas voulait « s’adonner à la corruption et s’enrichir » davantage qu’il ne voulait s’en prendre massivement à Israël.
En réponse à cette question, le Premier ministre israélien a répondu que « certains ont pu » penser que le Hamas avait renoncé à lancer une guerre à grande échelle contre Israël, le groupe terroriste étant plus attiré, selon eux, par le confort qu’il pouvait tirer de sa présence au pouvoir à Gaza, tout en disant que lui-même n’a jamais cru à cette hypothèse.
« Je pense qu’il est impossible pour nous de conclure des accords avec le Hamas », a déclaré Netanyahu – qui avait supervisé l’accord, en 2011, qui avait permis au soldat Gilad Shalit, enlevé par le Hamas, de recouvrer la liberté en échange de la libération de plus de 1000 terroristes. « Je l’appelais l’État islamique il y a déjà des années… Lorsqu’ils étaient arrivés au pouvoir, j’avais dit : ‘C’est le Hamastan’ et ces individus feront tout leur possible pour nous attaquer’. »
« Ce que je disais avait été rejeté au moment où nous avions quitté Gaza », a poursuivi Netanyahu, faisant référence au retrait israélien de l’enclave côtière, en 2005. Cette année-là, sous l’autorité du Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, l’armée et 21 implantations juives avaient évacué la bande de Gaza.
« J’ai démissionné du gouvernement avant que ça ne se produise. J’avais prédit ce qui allait arriver : nous allons avoir un état terroriste issu de cette branche des Frères musulmans qui cherchera à détruire Israël », a-t-il déclaré.
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Au mois d’août 2005, moins d’un mois avant le désengagement de Gaza, Netanyahu, qui était alors ministre des Finances et qui avait initialement voté en faveur du plan, avait démissionné du gouvernement de Sharon, expliquant qu’il n’était « pas prêt à être le partenaire d’une initiative qui ignore la réalité, et qui avance aveuglément en direction de la transformation de la bande de Gaza en une base de terrorisme islamique qui viendra menacer l’État ».
En 2009, quatre ans après le désengagement, Netanyahu était retourné au gouvernement – cette fois-ci comme Premier ministre – à une période où le Hamas avait déjà pris le contrôle de l’enclave côtière qui avait été, jusqu’en 2007, entre les mains de l’Autorité palestinienne.
« Et la question était donc : Que faire dans ce contexte ? », a-t-il indiqué à Murray, évoquant la gouvernance du Hamas à Gaza. « Ma conclusion a été qu’il fallait couper la mauvaise herbe en permanence mais nous n’avons pas obtenu l’accord qui nous aurait permis de le faire dans la mesure où… cela aurait exigé de sacrifier des centaines de nos soldats ».
« Nous n’avons pas pu trouver le consensus national nécessaire pour apporter une solution aussi définitive au problème qui était posé par le Hamas. C’est-à-dire que personne, en Israël, n’aurait été d’accord pour aller fondamentalement détruire le Hamas », a-t-il poursuivi.
Même s’il affirme dorénavant qu’il a toujours pensé que la destruction pure et simple du Hamas était la seule solution pour éliminer la menace planant sur Israël, les politiques mises en œuvre par Netanyahu concernant le Hamas et Gaza, dans les années qui se sont écoulées depuis 2009, ont souvent contredit ces propos.
Au mois de novembre 2018, alors qu’il assumait son quatrième mandat au poste de Premier ministre, Netanyahu avait approuvé un plan qui permettait au Qatar de payer les salaires des fonctionnaires, dans l’enclave côtière, grâce à un transfert de liquidités à hauteur de 90 millions de dollars, une somme qui entrait à Gaza dans des valises et qui était distribuée en plusieurs versements courant sur six mois.
Il avait expliqué, à ce moment-là, qu’il avait pris cette décision pour empêcher une crise humanitaire dans l’enclave côtière, estimant avoir pris « la bonne initiative ».
Au mois de mars 2019, il avait néanmoins reconnu que le transfert de cet argent ne servait pas seulement à soulager une crise humanitaire qui se profilait à l’horizon mais également à maintenir le Hamas au pouvoir, avec pour objectif d’affaiblir l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.
« Tous ceux qui s’opposent à un Etat palestinien doivent soutenir la distribution des fonds à Gaza parce que maintenir la séparation entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Gaza empêchera l’établissement d’un état palestinien », avait-il indiqué, selon des informations ayant fuité d’une réunion de faction du Likud.
Il avait reconnu que l’argent était aussi un moyen de garantir que le Hamas maintiendrait la paix le long de la frontière, disant que « pour chaque initiative, sans exception, il y a un prix à payer. Quand vous prenez des initiatives en tant que dirigeant, il y a toujours un prix à payer ; si vous ne parvenez pas à en supporter le coût, vous ne pouvez pas être un dirigeant. »
Cette même année, le gouvernement de Netanyahu avait coordonné un accord avec le Hamas qui prévoyait de multiplier par deux le nombre de permis de travail octroyés aux Palestiniens originaires de Gaza, augmentant le quota en le faisant passer de 3000 à 5000 et abaissant l’âge – qui était passé de 30 ans à 25 ans- des personnes ayant le droit d’entrer sur le territoire de l’État juif.
En augmentant le nombre de permis de travail, Netanyahu avait espéré répondre aux demandes de redressement économique du groupe terroriste tout en maintenant un calme fragile à la frontière après un bref conflit qui avait opposé les deux parties dans la bande de Gaza.
Après la décision prise en 2019 sur les permis de travail, la délivrance de ces derniers avait connu une hausse spectaculaire et à la veille du massacre commis par le Hamas, le 7 octobre, presque 20 000 Israéliens de Gaza avaient l’autorisation de travailler au sein de l’État juif.
Au moment où il approuvait des initiatives visant à renforcer le gouvernement du Hamas afin de conserver la paix, Netanyahu avait évité de prendre des mesures extrêmes à l’encontre du groupe terroriste, même lorsque ce dernier avait procédé à des tirs de barrage de roquette et que ses membres avaient lancé des ballons incendiaires en direction d’Israël, parfois pendant des jours entiers.
Même s’il a affirmé à Murray que le public n’aurait pas soutenu l’adoption de mesures plus fortes contre le Hamas, Netanyahu, dans le passé, avait été fortement critiqué pour ne pas répondre militairement aux attaques commises par le groupe terroriste.
En 2019, alors que les tensions s’enflammaient le long de la frontière avec Gaza, les opposants au Premier ministre avaient fait part de leur mécontentement face à la réponse tiède apportée par le gouvernement aux cerfs-volants et autres ballons incendiaires lancés depuis Gaza, qui avaient brûlé des champs agricoles et détruit le gagne-pain des Israéliens vivant dans les communautés frontalières.
A l’époque, Benny Gantz, leader du parti Kakhol lavan, avait accusé Netanyahu de « remplir lui-même d’hélium les ballons incendiaires du Hamas » et il avait estimé que la décision prise de négocier une trêve au détriment d’une riposte forte aux attaques incendiaires était la preuve que « c’est le Hamas qui dicte les choses » au Premier ministre.
Netanyahu avait défendu son choix d’une trêve, disant qu’il était dans l’intérêt d’Israël de faire tout son possible pour éviter une opération majeure dans la bande.
A travers toutes les années de gouvernance de Netanyahu, le Premier ministre et son gouvernement avaient rassuré de manière répétée le public israélien sur l’incapacité présumée du Hamas à lancer un assaut portant gravement atteinte à Israël et ils avaient souligné l’absence de volonté du groupe terroriste d’attaquer l’État juif.
En 2021, à la conclusion de l’Opération Gardien des murs, qui avait duré onze jours, Netanyahu avait estimé que les bombardements de l’armée de l’air israélienne « ont fait reculer le Hamas de nombreuses années » et que le groupe terroriste avait été dissuadé de s’en prendre à l’État juif, jurant que Tsahal avait porté « des coups inattendus » au Hamas.
Au mois de septembre 2023 encore, quelques semaines avant l’attaque meurtrière du 7 octobre – date à laquelle les hommes armés du Hamas avaient franchi la frontière et ils avaient massacré 1200 personnes dans les communautés du sud d’Israël, enlevant 250 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza – le gouvernement avait approuvé la réouverture du poste-frontière d’Erez aux ouvriers palestiniens de Gaza, malgré les émeutes quotidiennes qui avaient lieu le long de la clôture frontalière.
A ce moment-là, les experts avaient estimé que ces mouvements de protestation étaient davantage liés aux efforts livrés par le Hamas visant à gérer le territoire et à mettre un terme à la crise économique qui ne cessait de s’accroître qu’au désir d’attirer Israël dans un nouveau conflit.
Si Netanyahu lui-même n’avait pas adhéré à cette idée, le gouvernement avait réfléchi, semble-t-il, a augmenter encore le nombre de permis de travail en direction des Gazaouis, à élargir la zone de pêche au large de la bande et à permettre à Gaza d’importer et d’exporter plus de produits pour garantir que le Hamas maintiendrait la paix.